Un ouvrage publié aux éditions Springer revient sur le processus de co-construction de la politique de l’eau en Nouvelle-Calédonie. Intitulé Water Policy in New Caledonia. Participative Co-building of Water Governance in a Decolonization Process, il a été corédigé par des scientifiques et des acteurs institutionnels. L’ouvrage présente une démarche participative menée entre 2018 et 2019, ayant impliqué environ un Calédonien sur 600 a indiqué le Cirad dans un communiqué.
Lancé au début de l’année 2018, peu avant le premier référendum d’autodétermination, ce processus a été soutenu par deux membres du gouvernement calédonien : le chargé de l’agriculture et le chargé des affaires coutumières, issus de formations politiques opposées. De nombreux acteurs économiques et sociaux, notamment des représentants du secteur minier, du monde agricole et des associations environnementales, ont pris part à la concertation.
Malgré la diversité des intérêts en présence, les participants sont parvenus à définir ensemble les grandes orientations de la politique de l’eau, établissant une base commune entre considérations environnementales, sanitaires et économiques.
L’intégration des savoirs coutumiers
L’ouvrage met également en lumière la place des savoirs locaux et coutumiers dans la gestion des ressources hydriques. Selon Caroline Lejars, directrice adjointe de l’UMR G-EAU et coéditrice du livre, la perception de l’eau dans les communautés kanak dépasse sa dimension matérielle : « L’eau, c’est le lien entre le Ciel et la Terre, entre la Montagne et la Mer, entre les hommes et les clans. »
Cette approche symbolique et sociale a été intégrée dans la conception de la politique publique, avec pour objectif d’articuler les pratiques coutumières et les exigences contemporaines de gestion durable de l’eau.
Une stratégie commune et opérationnelle
Les travaux de concertation ont conduit à l’élaboration d’un schéma d’orientation et d’un plan d’action comprenant près de 700 mesures. Ceux-ci visent à répondre simultanément à trois enjeux : l’eau pour la nature, l’eau pour la santé et l’eau pour l’économie.
Six objectifs stratégiques ont été retenus : Protéger les bassins versants et les ressources stratégiques ; Garantir 150 litres d’eau potable par jour et par habitant ; Promouvoir une citoyenneté active autour de l’eau ; Réduire les rejets d’eaux non traitées ; Intégrer la gestion de l’eau dans les projets d’aménagement et de développement ; Améliorer le contrôle de l’eau douce pour renforcer la production agricole locale.
Un cas d’étude à portée internationale
Structuré en quatre parties, l’ouvrage décrit le contexte hydrologique et institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, explore les représentations coutumières de l’eau, analyse le déroulement du processus participatif, et propose enfin des pistes pour l’avenir.
Les auteurs soulignent que cette expérience calédonienne pourrait servir de référence pour d’autres territoires cherchant à intégrer les savoirs locaux et autochtones dans leurs politiques publiques de gestion de l’eau.























