En Nouvelle-Calédonie, la présidente d’honneur de WWF France à la rencontre des « jardiniers de l'environnement »

©WWF Nouvelle-Calédonie / Nicolas Petit / Hubert Géraux

En Nouvelle-Calédonie, la présidente d’honneur de WWF France à la rencontre des « jardiniers de l'environnement »

À mesure que l'on s'éloigne de Poya, la petite route qui serpente dévoile les beautés cachées de la chaîne centrale de Nouvelle-Calédonie. Au bout de ce chemin, Isabelle Autissier retrouve les habitants de Gohapin, tribu pionnière de la protection de l'environnement sur l'archipel.

L'ONG environnementale WWF accompagne depuis 2003 ce territoire dont le chef Jacob Win-Nemou, disparu en 2007, avait impulsé une dynamique de préservation contre les feux qui gangrenaient la région. Sous son influence, la tribu a créé un « parc tribal » de pépiniéristes, une dizaine de structures tenues par des femmes qui font se reproduire kaoris blancs, cerisiers bleus ou pittosporums, des plantes menacées.

Présidente d'honneur de WWF France, Isabelle Autissier tenait à retrouver les acteurs rencontrés lors d'un premier voyage il y a quatorze ans. Lors de la coutume d'accueil, elle retrouve les visages d'alors et les gestes d'amitié. « Je suis très émue d'être avec vous aujourd'hui et de votre détermination pour protéger et restaurer cette magnifique forêt qui nous fait tous vivre », déclare-t-elle à son arrivée, évoquant « la paix de l'âme » que procure le lieu.

Pour Denis Meandu-Poveu, guide botaniste et pilier du partenariat, le combat contre le feu reste pourtant loin d'être gagné. Il rappelle que s'il a toujours été utilisé par les Kanak, la colonisation en a changé l'usage pour en faire un outil de destruction. Chaque année, les incendies détruisent entre 10 et 20 000 d'hectares de végétation en Nouvelle-Calédonie, où seuls 2% de la surface originelle de forêt sèche et 10% de celle de la forêt humide subsiste.

Alerter les autorités 

En Nouvelle-Calédonie jusqu'au 17 novembre, Isabelle Autissier doit aussi rencontrer les autorités locales. Elle insistera sur l'importance de mieux prendre en compte le risque en zone naturelle, où l'on laisse souvent les feux évoluer librement faute de moyens, avec des conséquences particulièrement lourdes sur la biodiversité.

Pour en donner une idée, Denis Meandu-Poveu conduit la navigatrice en forêt. Au bord d'un petit cours d'eau, il pointe une fleur jaune et blanche sur le tronc d'un arbuste. Unique au monde, c'est l'Oxera doubetiae, une espèce micro-endémique qu'il a découverte ici et baptisée en hommage à sa fille Doube. La scène, à la fois simple et solennelle, résume l'émerveillement d'Isabelle Autissier, qui tenait tout particulièrement à découvrir cette fleur unique et fragile.

Plus au sud, le combat pour la nature prend un autre visage. Après la forêt de Gohapin, Isabelle Autissier se rend à Bourail pour rencontrer un autre partenaire de longue date du WWF. Sur la plage de la Roche Percée, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, Emmanuel Hernu, cofondateur de l'association Bwärä, veille depuis près de vingt ans sur l'un des plus grands sites de ponte de tortues du Pacifique Sud.

« C'est un lieu unique mais fragile à la moindre érosion, au moindre dérèglement », insiste-t-il. Pour lui, la protection du site commence bien en amont. « Tout part de la montagne. Quand la forêt brûle, la terre descend dans la rivière, elle s'accumule à l'embouchure et finit par recouvrir les herbiers où les tortues se nourrissent ».

Avec l'appui de WWF, son équipe restaure les berges de la rivière Néra pour éviter que les sédiments emportés par les crues ne viennent asphyxier la baie. « Ce n'est pas un travail spectaculaire, mais c'est ce qui maintient la vie. Quand on agit en amont, on protège aussi la mer et ceux qui viendront après nous », dit le militant. Pour Isabelle Autissier, ces initiatives de terrain redonnent de la force. « Quand tu es défenseur de l'environnement, tu prends beaucoup de coups », confie-t-elle.

« Ce que j'ai vu ici, c'est une mosaïque de projets, dans des contextes différents mais avec la même logique : des gens qui travaillent avec la nature, pas contre elle », ajoute la navigatrice : « Ce sont des jardiniers de l'environnement, des femmes et des hommes qui prennent soin de la terre et de la mer, qui sèment dans la durée et transmettent ».

 Avec AFP