Covid-19 : Immersion avec les urgentistes de Polynésie

En Polynésie française, les services de santé sont depuis de longues semaines dans une situation extrême avec un variant Delta qui ne cesse de gagner du terrain. En première ligne, le service d’urgence du Centre hospitalier (CHPF) porte assistance aux malades aux quatre coins de la Polynésie grâce aux évacuations sanitaires. Nicolas Perez, journaliste de notre partenaire TNTV, a embarqué avec une de ces équipes d’urgentistes pour témoigner de leur quotidien...

Il est 11 heures lorsque le service de régulation du CHPF reçoit un appel du centre médical de l’atoll de Rangiroa, dans l’archipel des Tuamotu. La raison : une personne âgée souffrant de la Covid et présentant des difficultés respiratoires additionnées à des problèmes pulmonaires et d’obésité. Une multitude de facteurs qui poussent le médecin régulateur de permanence à déclencher une évacuation sanitaire (Evasan).

Un peu plus bas au service des urgences, Vetea Reichart, médecin urgentiste, et ses collègues, partent avec leur équipement spécialisé pour rejoindre l’avion qui les attend : « Depuis le début du mois on compte à peu près une quarantaine d’evasan pour ces patients ou juste pour les evasans covid. Donc on en fait quasiment plus d’une quotidienne ».

Après une heure de vol, la piste d’atterrissage est en vue. L’équipe d’urgentistes s’équipe de combinaisons de protection avant de faire un rapide bilan avec les équipes sur place. En parallèle Vetea tâche de rassurer la famille qui ne pourra accompagner leur maman pour des raisons sanitaires évidentes. « On ne peut pas faire de l’urgence sans faire du social et sans être empathique. On est obligés ».

Pas une minute à perdre. Et après s’être assuré que la patiente est confortablement installée l’ensemble du convoi reprend les airs direction l’aéroport de Tahiti-Faa’a. Un vol sans encombre grâce aux équipes de pilotes chevronnés qui devront se faire décontaminer sur place par des équipes spécialisées. Une fois embarquée dans l’ambulance par l’équipe de Vetea, la patiente sera conduite en urgence, sirène hurlante, vers l’hôpital dans la filière Covid du CHPF.

Arrivé, Vetea se confronte au flux quotidien et doit impérativement trouver une place pour sa patiente. Chose faite, Vetea et ses collègues sont déjà appelés pour une nouvelle urgence vitale sur la côte Ouest de Tahiti. Une intervention en collaboration avec les sapeurs-pompiers de la commune de Punaauia qui malheureusement connaîtra une fin tragique.

Testée positive au Covid, la personne âgée et non vaccinée aura succombé d’un arrêt cardiaque. Une nouvelle difficile à annoncer à ses proches qui ne pourront la serrer une dernière fois. « Je suis vraiment très triste pour la famille. Qu’ils l’apprennent et qu’ils le vivent comme ça. Après, le covid ce n’est pas une fatalité. On peut toujours se battre et on a toujours des armes pour ça. On ne peut pas revenir en arrière mais on peut toujours aller vers l’avant ».

De retour au CHPF, Vetea peut enfin s’occuper de sa patiente évasanée depuis Rangiroa. Après une série d’examens, il peut la rassurer ainsi que sa famille sur son état de santé. Vaccinée, cette personne aura échappé à une forme grave du variant. « La patiente que nous avons évasanée tout à l’heure est vaccinée. On a même pu voir l’efficacité de ce vaccin. Le poumon de cette dame au scanner, il est propre. Effectivement elle a été évasanée parce qu’elle était un peu plus fragilisée par rapport à sa maladie du poumon de base. La vaccination a bien fonctionné chez elle et on voit tout de suite la différence entre un poumon vacciné et celui qui ne l’est pas ».

Alors que le soleil décline dans le ciel, l’afflux de patients ne cesse de croître et il est temps pour notre binôme de repartir vers une autre urgence, mais ça c’est une autre histoire.

Un reportage de Nicolas Perez pour TNTV.