Avenir institutionnel en Nouvelle-Calédonie : Les Loyalistes accusent Manuel Valls d’avoir « tué les négociations » avec « son projet d’indépendance-association »

©Anthony Tejero / Les Nouvelles Calédoniennes

Avenir institutionnel en Nouvelle-Calédonie : Les Loyalistes accusent Manuel Valls d’avoir « tué les négociations » avec « son projet d’indépendance-association »

Après trois jours de négociations à Bourail à l’issue desquelles aucun accord politique n’a été trouvé sur l’avenir institutionnel du pays, les partisans de la France « assument pleinement » avoir fait bloc contre le projet de souveraineté partagée proposé par Manuel Valls. Alors qu’ils défendent un fédéralisme interne donnant davantage de pouvoir aux provinces, l’intergroupe Loyalistes-Le Rassemblement estime que le ministre des Outre-mer, à travers sa méthode, a « mis fin à l’impartialité de l’État et au respect de la démocratie ». Explications de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

Refus catégorique de « l’indépendance association » 

« On a évité le chaos que voulait proposer le ministre d’État à la Nouvelle-Calédonie. Avec son projet d’indépendance association, Manuel Valls a complètement tué les chances de réussite de négociations ». Au nom de l’intergroupe Loyalistes-Le Rassemblement, Nicolas Metzdorf étrille le projet de souveraineté avec la France défendu par le ministre lors du conclave de Bourail, qui s’est soldé par un échec puisqu’aucun accord politique n’en est ressorti.

Une proposition qui, à en croire le député, n’avait « jamais été abordée ni en bilatérale, ni en plénière au cours de ces derniers mois de discussions ». Sans surprise, les partisans de la France ont donc fait bloc contre ce document qui a permis « au représentant de l’État de devenir le meilleur allié des indépendantistes ».

Or Nicolas Metzdorf n’en démord pas et le martèle : « Nous avons été clairs depuis le début. Jamais nous n’accepterons, ni l’indépendance, ni l’indépendance-association, ni la trajectoire vers l’indépendance. Ce n’est pas le choix des Calédoniens qui se sont exprimés trois fois lors des référendums ».

Défense d’un fédéralisme interne

C’est pourquoi cet intergroupe « assume pleinement » son opposition qui a bloqué tout accord, en défendant sa proposition de « fédéralisme interne au sein de la République française », qui n’a pas eu les faveurs du ministre, mais qui ne doit pas être « caricaturé », insiste Virginie Ruffenach. 

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« Nous voulons que la Calédonie reste française de Belep à Yaté, mais en tenant compte de nos différentes aspirations politiques et sociétales en fonction des territoires en donnant beaucoup plus de pouvoir aux provinces », explique la porte-parole du Rassemblement, qui balaie d’un revers de main toute « accusation de séparatisme », ce qu’a notamment laissé entendre Manuel Valls. « La Nouvelle-Calédonie mérite de la souplesse institutionnelle au lieu qu’on se batte sur un modèle unique, qui de toute façon, ne sera pas l’indépendance ».

Lutte contre le corps électoral gelé aux provinciales

Puisqu’aucun accord n’a été trouvé à l’issue de cette séquence de négociations, les élections provinciales devront se tenir d’ici la fin de l’année. Et ce, vraisemblablement, dans les conditions actuellement en vigueur, c’est-à-dire avec un corps électoral encore gelé. Une question qui a notamment été l’élément déclencheur des émeutes, et un point de crispation pour les Loyalistes et le Rassemblement qui comptent bien utiliser « tous les moyens juridiques et parlementaires » pour faire évoluer ce texte avant le scrutin.

« Le corps électoral doit être élargi car il contrevient à l’ensemble des traités internationaux signés par la France et qu’il a par ailleurs été pointé par le Conseil d'État », juge bon de rappeler Gil Brial. « On considère que Manuel Valls nous punit ainsi de ne pas avoir avalé son projet. Cette pression est inacceptable ».

Appel à l’unité des partisans de la France

Les membres des Loyalistes et du Rassemblement appellent l’ensemble de leurs sympathisants à rester unis tant pour les prochaines échéances électorales que dans la perspective, plus ou moins lointaine, de nouvelles négociations « avec un autre ministre ».

« Si nous avons réussi à éviter le chaos avec cette solution mortifère d’indépendance association, qui serait une catastrophe pour la Nouvelle-Calédonie, c’est parce que nous avons su faire bloc », analyse Sonia Backès, qui veut se montrer « rassurante » : « Il n’y a aucun processus d’accès à l’indépendance sans modification constitutionnelle. Il y avait un chemin, certes étroit, mais possible, avec des pistes d’avancée qui s’ébauchaient, mais en tentant ce coup de poker, Manuel Valls a tué les chances d’accord. On va donc devoir vivre avec ce non-accord mais ce ne sera pas le chaos. La vie continue avec nos institutions, qui sont imparfaites, mais qui fonctionnent depuis 30 ans et il n’y a pas de toboggan vers l’indépendance. »

La présidente de la province Sud estime d’ailleurs qu’avec son projet de souveraineté partagée, Manuel Valls « a mis fin à l’impartialité de l’État et fin au respect de la démocratie sous prétexte des violences du 13 mai ». Or pour ces partisans de la France, les émeutes « sont une réalité, mais elles ne peuvent pas donner raison » à ceux qui y ont participé.

Anthony Tejero pour Les Nouvelles Calédoniennes