Le Prix Goncourt de la nouvelle 2025 a été attribué à l’autrice martiniquaise Gaël Octavia pour son premier recueil de nouvelle intitulé « L’étrangeté de Mathilde T. et autres nouvelles » publié chez Gallimard dans la collection « Continents noirs ». Seize nouvelles qui concernent des héroïnes noires du quotidien. Gaël Octavia succède à Véronique Ovaldé récompensée en 2024 pour « A nos vies imparfaites ».
Artiste pluridisciplinaire, à la fois dramaturge, réalisatrice, artiste-peintre, romancière et poète, Gaël Octavia est incontestablement la figure montante de la littérature française. Née en Martinique en 1977, Gaël Octavia commence ses études au lycée Schœlcher et les poursuit à Paris où elle obtient un diplôme d’ingénieure. Mais, très vite, elle se passionne pour l’expression artistique et l’écriture en particulier. Dans cette discipline, elle se lance d’abord dans l’écriture théâtrale où ses qualités ne tardent pas à être reconnues puisque son premier texte « Le voyage » fera l’objet d’une mise en lecture en 2003 par le comédien guadeloupéen Greg Germain à Avignon.
Ses textes suivants obtiendront plusieurs récompenses, dont le Prix Beaumarchais/ETC Caraïbes en 2013 pour sa pièce « Cette guerre que nous n’avons pas faite » ou le prix Wepler en 2017 pour son premier roman « la fin de Mame Baby ». Touche-à-tout autodidacte comme elle se définit elle-même, Gaël Octavia explore divers champs de création (nouvelles, poésie, pièces de théâtre réalisation de courts-métrages, peinture, dessin, vidéo...)
La Martinique et les Antilles présentes dans ses œuvres
Dans ses œuvres, la Martinique et les Antilles ne sont jamais très loin et son identité et sa sensibilité antillaises transpirent dans ses thèmes où la dimension sociale est très prégnante. Le sort des migrants, l’exclusion sociale, la condition féminine, les questions identitaires font partie de ces sujets favoris.
Des thèmes qui reviennent dans son premier recueil de nouvelles « L’étrangeté de Mathilde T. et autres nouvelles » aujourd’hui récompensé par le Prix Goncourt de la nouvelle 2025. Des nouvelles qui évoquent des héroïnes noires du quotidien. Seize nouvelles où « l’étrangeté est partout : dans le caractère bien trempé des personnages, dans les rencontres, dans le rire ou même dans la mort ».
Une autrice simple et généreuse
Des histoires qui ont en partage la puissance de leur imaginaire. Des histoires étranges comme celle d’Adèle, la grand-mère empoisonneuse ou celle d’Emilie promenant son bien-aimé en fauteuil roulant. La relation est rarement paisible entre l’orphelin du Bumidom et le kalinago érudit, entre la petite parisienne et l’enfant africain surgi d’un placard, entre l’aide-ménagère et sa patronne bobo. Des petites histoires qui font les grandes se chevauchant avec une maestria et dans un langage que maîtrise parfaitement Gaël Octavia, forte de son expérience de l’école théâtrale.
C’est ce jeu d’écriture, cette danse avec les mots qui ont certainement dû séduire le jury du Goncourt de la nouvelle qui a préféré Gaël Octavia à Bernard Minier ou Bernard Quiriny. L’autrice martiniquaise succède à Véronique Ovaldé récompensée en 2024 pour « A nos vies imparfaites ». Une sacrée consécration pour une autrice aussi simple que généreuse.
E.B.