Avenir institutionnel en Nouvelle-Calédonie : Calédonie ensemble inquiet d’une « impasse économique et sociale qui fragilisera encore davantage le vivre ensemble »

©Calédonie Ensemble (illustration Facebook)

Avenir institutionnel en Nouvelle-Calédonie : Calédonie ensemble inquiet d’une « impasse économique et sociale qui fragilisera encore davantage le vivre ensemble »

A l’issue du « conclave » calédonien de Deva, qui a eu pour issue un échec dans l’aboutissement d’un accord politique sur l’avenir institutionnel de l’archipel, le parti non indépendantiste Calédonie ensemble dresse le constat amer d’une « impasse politique, qui se doublera immanquablement, dès demain, d’une impasse économique et sociale, et qui fragilisera encore davantage le vivre ensemble ».

Saluant « l’investissement exceptionnel du ministre des Outre-mer », Calédonie ensemble, parti non indépendantiste plutôt modéré, regrette qu’ « aucun consensus n’a pu émerger, en dépit de plusieurs dizaines d’heures d’échanges qui faisaient suite à plusieurs mois de réunions en trilatérales ou en bilatérales ».

« Cet échec est un échec collectif » estime encore le parti de Philippe Gomès, « là où nos anciens ont trouvé un chemin en 88 et en 98, nous, nous n’avons réussi qu’à construire une impasse politique, qui se doublera immanquablement, dès demain, d’une impasse économique et sociale, et qui fragilisera encore davantage le vivre ensemble ».

Manuel Valls a présenté, lors d’un « conclave » au Sheraton de Deva, dans la commune de Bourail, l’option d’une souveraineté partagée avec la France, moyennant un transfert et une délégation immédiate des compétences régaliennes à la Nouvelle-Calédonie (défense, sécurité, monnaie, justice), l’instauration d’une double nationalité (française de droit et calédonienne), et l’établissement d’un statut international « à l’issue d’un délai à déterminer et à négocier ». Le tout « ancré » dans la Constitution française.

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Un projet auquel l’intergroupe Les Loyalistes-Le Rassemblement s’est opposé, préférant le fédéralisme au sein de la République française, mettant en place progressivement des statuts différents selon les territoires calédoniens, avec des conditions d’un partenariat ou d’un statut d’État-associé pour les provinces Nord et des Îles Loyauté et celles d’un système fédéral pour la région sud, qui aurait alors été redécoupée.

Une option à son tour refusée par le ministre et les autres formations politiques calédoniennes, indépendantistes ou non indépendantistes, au nom de l’indivisibilité de la Nouvelle-Calédonie consacrée par l’Accord de Nouméa, bien que Les Loyalistes s’en défendent. Pour le ministre d’État, ce système qui « reposerait sur un fédéralisme et une souveraineté interne asymétriques » serait de nature à « mettre en cause l’unité et l’indivisibilité de la Nouvelle-Calédonie, protégées par l’Accord de Nouméa et notre Constitution ».

« Certes, nous avons progressé sur certains sujets (la Loi fondamentale, l’association à l’exercice de certaines compétences régaliennes, l’ouverture de la citoyenneté calédonienne, le renforcement de certaines compétences provinciales, etc…). Mais, le couperet est tombé : le ministre des Outre-mer a indiqué, qu’en l’absence d’accord, les prochaines élections provinciales seront convoquées pour se tenir, au plus tard, en novembre 2025 » a ajouté Calédonie ensemble dans un communiqué.

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Des élections provinciales -renouvellement des trois assemblées de province, et indirectement du Congrès et du gouvernement collégial- « qui se tiendront avec des institutions à bout de souffle, sans que le corps électoral ne soit ouvert, sans que les modalités d’exercice du droit à l’autodétermination ne soient définies, dans un contexte d’instabilité politique et, par là-même, de renforcement de la crise économique et sociale que traverse notre pays », regrette encore le parti.

« La Nouvelle-Calédonie en sortira abîmée, le soutien de l’État dégradé, les ingérences étrangères renforcées et la réputation régionale et internationale de la France altérée » estime encore Calédonie ensemble qui rappelle que « les Accords de Matignon ont eu un mérite fondamental : inscrire la lutte du peuple autochtone dans un cadre démocratique après les années des évènements ».

Le parti de centre-droit se dit aussi inquiet de cet échec des discussions qui pourrait conduire « à la radicalisation ». « L’échec des avant dernières discussions sur le document tripartite de Darmanin s’est soldé par les évènements du 13 mai », rappelle-t-il. « Chez nous, renoncer au consensus, c’est renoncer à la paix » prévient Calédonie ensemble qui assure prendre « des initiatives dans les prochaines semaines pour tenter, une ultime fois, de convaincre les forces politiques du pays, qu’un accord est possible ».