Aire marine protégée en Polynésie : Face aux critiques des maires, Moetai Brotherson défend le zonage côtier à 15 milles nautiques

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Aire marine protégée en Polynésie : Face aux critiques des maires, Moetai Brotherson défend le zonage côtier à 15 milles nautiques

Depuis l’UNOC-3 à Nice, le président de la Polynésie a répondu aux maires qui refusent le zonage côtier de leur archipel à 15 milles nautiques. Moetai Brotherson a parlé d’une « décision pesée », d’une « concertation avec les pêcheurs » et surtout d’un « terrain d’entente ». Il a précisé que les « corridors » entre les îles étaient bel et bien pris en compte. Un sujet de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

L’annonce du président polynésien sur le changement de statut de la ZEE, qui passe d’aire marine gérée à aire marine protégée, dont 20% passerait en zones de protection renforcée, a beaucoup plu à l’international. Notamment à Emmanuel Macron qui a salué une décision historique de la Polynésie.

Mais nul n’est prophète en son pays et les maires des Marquises et des Australes ont, eux, trouvé ces chiffres insuffisants. Il est proposé une protection côtière jusqu’à 15 milles nautiques alors que les maires de ces archipels demandaient 30 milles. Edgar Tetahiotupa, le conseiller culturel de la Codim, a même annoncé se mettre en grève de la faim en signe de protestation.

Le président du Pays défend une « décision pesée » : « On a dû se concerter également avec les professionnels du secteur, ceux qui en vivent, et parmi ces pêcheurs, il y a des enfants des Australes, il y a des enfants des Marquises qui sont sur ces long-liners qui parcourent nos eaux », a dit Moetai Brotherson depuis Nice. « Pour l’instant, c’est le terrain d’entente sur lequel on est arrivé. Il faut bien réaliser ce que ça représente. »

Des « polygones » de protection autour des îles

Joseph Kaihai, le maire de Ua Pou, regrettait ces zonages expliquant que les thoniers pourront pêcher entre les îles et prenant l’exemple de la Société : « C’est comme si les thoniers venaient pêcher entre Tahiti et Moorea, ce n’est pas acceptable. » Ce qui n’est pas tout à fait exact selon Moetai Brotherson qui parle d’une protection choisie en forme « de polygones » autour des îles. 

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« Ces polygones sont l’extension à 15 000 de la géographie des îles et prennent donc en compte les corridors des îles. Il y a juste une partie entre les îles du nord et les îles du sud qui, pour l’instant, ne sont pas couvertes, mais sinon, entre toutes les îles du nord et toutes les îles du sud, il y a bien la prise en compte de l’intégralité des corridors entre les îles », a abondé le président polynésien.

Quoi qu’il en soit, les discussions vont se poursuivre avec les maires. Le président du pays explique qu’ils se sont donnés une année pour « arriver à étendre encore les zones de protection, que ce soit les zones côtières, que ce soit les zones hauturières »« Si on y met tous de la bonne volonté, on va y arriver », a-t-il conclu. Rendez-vous donc le 8 juin 2026, prochaine journée mondiale des océans pour savoir si tous auront réussi à se mettre d’accord.

Lucie Rabreaud pour Radio 1 Tahiti

Après Nice, le président de la Polynésie est arrivé à Paris jeudi. Il est notamment attendu ce jour à Sciences Po pour une conférence, à 15h30, sous le thème « la Polynésie française, à l’avant-garde de la protection océanique.