TRIBUNE. « Mayotte n’est pas un territoire délaissé de la République », assurent Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu

Les ministres Darmanin et Lecornu lors de leur dernière visite à Mayotte ©Twitter / Gérald Darmanin

TRIBUNE. « Mayotte n’est pas un territoire délaissé de la République », assurent Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu

« Mayotte occupe une place de choix dans la politique gouvernementale » ont écrit les ministres de l’Intérieur et des Outre-mer dans une tribune au Monde, ce mardi. Ils mettent en avant « sa position géographique, au cœur de l’axe Indopacifique » et la « mobilisation » du gouvernement « depuis le début du quinquennat pour faire face aux enjeux particuliers de ce territoire ».

« Preuve en est, le projet de loi annoncé à l’occasion du 10e anniversaire de sa départementalisation, le 31 mars, devant les élus mahorais réunis pour l’occasion. Il est rare qu’un projet de loi soit consacré à un territoire, et c’est la première fois pour Mayotte » ont rappelé les deux ministres, selon qui ce projet de loi est « plus qu’un énième plan ». « C’est un changement concret de notre droit pour prendre en compte ses spécificités et accélérer son développement. Il permet enfin de regarder vers l’avenir en cessant de faire le bilan du passé, et de dresser une perspective pour Mayotte. À un territoire hors norme, il faut une réponse hors-norme et adaptée : c’est bien l’intention du gouvernement à travers ce projet de loi, à la demande du président de la République ».

Dans cette tribune, Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu détaillent « une des mesures phares de ce projet de loi » avec la création « d’un établissement public pour le Grand Mayotte » dont les contours plus précis seront présentés début 2022. « Chargé de l’aménagement du territoire, doté d’une capacité d’investissement, s’appuyant sur les collectivités locales dans le respect des compétences de chacun, cet établissement permettra de centraliser tous les grands projets pour mettre à niveau les infrastructures de l’archipel et les développer de manière cohérente. Cet établissement exercera ses fonctions jusqu’à 2031, date à laquelle nous fêterons les 20 ans de la départementalisation et qui se dessine comme une échéance raisonnable pour parachever ce processus ».

Autre chantier, celui de la « convergence sociale ». « Une conférence sociale se réunira très prochainement pour engager un dialogue entre les partenaires sociaux et les organisations patronales afin d’établir un calendrier réaliste, concerté et acceptable pour tous. Pour contribuer à accélérer le développement de Mayotte, tout en respectant le patrimoine naturel exceptionnel de l’archipel, les normes de construction seront également allégées ». Pour Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu, « il n’est pas normal qu’un citoyen français ait moins de droits sociaux qu’un autre citoyen français ».

« Ce projet de loi ne saurait trouver un écho favorable dans la population mahoraise sans un préalable régalien » assurent encore les ministres, tous deux en visite sur l’île fin août. « Pour que notre discours soit audible par le reste des sujets, il faut assurer avec encore plus de force la sécurité de nos concitoyens. C’est pourquoi, depuis le début du quinquennat, près de 400 effectifs de police et de gendarmerie sont venus en renfort des troupes déjà présentes sur place. C’est plus que partout ailleurs sur le territoire national ». Un renfort à la fois sur la lutte contre l’immigration clandestine et la « sécurité du quotidien ». 

« La lutte contre l’immigration clandestine, qu’elle se fasse par voie de terre, avec les forces dites du GAO, en mer, avec nos intercepteurs, ou par les airs, pour laquelle nous mettrons en place une surveillance aérienne pérenne en 2022, permet de reconduire près de 50 % de l’ensemble des clandestins de France », ont assuré les ministres. « C’est par la protection du territoire mahorais que nous réussirons à ne pas perdre la confiance de nos concitoyens de Mayotte, qui expriment un patriotisme à toute épreuve. Tarir les flux, cela passe aussi par redonner de la valeur à la belle citoyenneté française ».

« Nous durcirons, à travers ce projet de loi, l’acquisition de la nationalité, en conditionnant l’application du droit du sol au fait que l’un des deux parents soit en situation régulière depuis au moins un an au moment de la naissance » ont-ils annoncé. « Enfin, il faut agir sur la sécurité du quotidien : 1 million d’euros supplémentaires seront mis à la disposition des collectivités territoriales pour la vidéo-protection ». Ils conditionnent toutefois l’efficacité de ces moyens supplémentaires à la restauration de l’autorité parentale : « Quand un enfant de 10 ans attaque un policier ou un gendarme, ce n’est pas la faute de l’État ni de ses agents. Chacun en conviendra ».

Autre annonce : « Dix millions d’euros seront consacrés à la jeunesse de Mayotte dans la prochaine loi de finances, que ce soit pour l’accompagnement des jeunes en déshérence ou la création d’une nouvelle compagnie au sein du service militaire adapté afin que plus de jeunes bénéficient d’une formation et d’un socle de valeurs républicaines ». Pour Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu, « c’est bien là tout l’enjeu des prochaines années pour le territoire : donner une perspective à la jeunesse alors que la moitié de la population mahoraise a moins de 18 ans. Pour cela, nous, politiques – gouvernement comme élus locaux –, devons développer une vision pour Mayotte et, surtout, la mettre en œuvre. Chaque républicain devrait soutenir ce bel et historique élan pour l’archipel et ses habitants ».