Surendettement Outre-mer : amélioration des indicateurs dans le Pacifique en 2024, selon la Banque de France

Surendettement Outre-mer : amélioration des indicateurs dans le Pacifique en 2024, selon la Banque de France

L'Observatoire de l'inclusion bancaire (OIB) de la Banque de France vient de publier son rapport annuel pour 2024. Celui-ci passe au crible les indicateurs de suivi des dispositifs d’inclusion financière, qui ont pour objectifs de permettre l’accès à tous les citoyens aux services bancaires indispensables, et à protéger les personnes en situation de fragilité. L’OIB observe une nette augmentation des situations de surendettement dans les Outre-mer, sauf dans les collectivités du Pacifique auxquelles il accorde un chapitre dédié.

 

Pour la deuxième année consécutive, les départements et collectivités d’Outre-mer (DCOM) enregistrent une forte progression des situations de surendettement. Les dossiers déposés auprès des commissions départementales de surendettement ont atteint le nombre de 3249 en 2024, soit une hausse de 24% par rapport à 2023. « Cette évolution s’inscrit dans un contexte économique en berne, susceptible d’affecter la capacité des ménages à faire face à leurs engagements financiers », écrit l’OIB. Cependant, le taux de surendettement dans les territoires ultramarins demeure plus bas que la moyenne nationale, avec 188 dépôts de dossiers pour 100 000 habitants de 15 ans et plus.

Dans les COM du Pacifique, sur lesquelles se penche plus particulièrement l’OIB dans son rapport, la question du surendettement dépend d’une compétence locale, ce qui n’est pas le cas des autres DCOM. Toutefois, le secrétariat des commissions est également assuré par l’Institut d’émission d’Outre-mer (IEOM) comme dans les autres territoires. « En 2024, 285 dossiers ont été déposés auprès des commissions de la Polynésie française et de la Nouvelle-Calédonie, en baisse de 13% par rapport à 2023. Les dépôts de dossiers demeurent inférieurs de 44% à ceux de 2019, avant la pandémie de Covid », détaille l’OIB.

 « Depuis 2019, les établissements présents dans les COM ont mis en place des mesures en faveur de l’inclusion bancaire, ce qui explique l’amélioration des indicateurs des COM dans ce domaine », ajoute l’organisme. Exemples de mesures : formation en interne d’équipes locales spécialisées dans l’inclusion bancaire, détection des personnes fragiles, promotion du microcrédit, information de la clientèle, obligation de suivi et accompagnement au cas par cas.

« Dans un contexte de hausse des tarifs bancaires moyens en 2024 dans l’Hexagone, et bien que certains tarifs dans les COM restent supérieurs ou augmentent, l’écart a continué de se réduire. Par exemple, les frais de tenue de compte sont passés en moyenne de 4 192 à 1 955 francs CFP dans les COM entre 2013 et 2024, tandis qu’en parallèle ils ont augmenté de l’équivalent de 1 044 à 2 521 francs CFP dans l’Hexagone », souligne le rapport. En outre, certains tarifs bancaires de base sont encadrés pour améliorer l’accès des populations les plus fragiles aux services, d’où la baisse du tarif de l’offre clientèle fragile à 120 francs CFP en Polynésie en avril 2023, ou la gratuité du retrait d’espèces au guichet en Nouvelle-Calédonie depuis 2021.

Le droit au compte connaît par contre un léger revers. L’OIB précise qu’en 2024, l’IEOM a procédé à 243 désignations d’établissements bancaires dans le cadre de cette procédure dédiée, soit un repli de 14% sur un an (principalement en Polynésie), contre une diminution de 3% dans l’Hexagone et une hausse de 12% dans les départements et collectivités d’Outre-mer de la zone euro. L’Observatoire relève par ailleurs que ce dispositif reste encore méconnu du grand public, mais que les agences de l’IEOM ont entrepris des initiatives pour lui assurer une meilleure notoriété.

Autre action de l’IEOM, par délégation de la Banque de France, la mission d’éducation financière (EDUCFI). Son objectif est de permettre à chacun de mieux maîtriser les fondamentaux utiles à la gestion de ses finances : « gérer un budget, son compte bancaire, évaluer l’utilité d’un crédit, de l’épargne et de l’assurance, sécuriser ses moyens de paiement, éviter les arnaques, connaître les bases de la gestion professionnelle, comprendre les grandes notions économiques », explique l’OIB. Des centaines de personnes ont été ainsi sensibilisées dans les COM, du primaire aux classes préparatoires.

L’IEOM s’investit également dans la formation économique et financière des cadres et des jeunes du régiment du service militaire adapté (RSMA). Dans son rapport, l’OIB indique qu’une convention a été signée en 2024 pour organiser les interventions des agences de l’IEOM avec les RSMA de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie.

 

PM