Ce mardi 9 décembre à Issy-les-Moulineaux, le Press Club de France organisait la 23ème cérémonie « Humour et Politique », célébrant comme chaque année les petites phrases, répliques et sorties les plus marquantes de la vie politique française. Parmi les distinctions remises, le Prix de la répartie, attribué à Saint-Pierre-et-Miquelon pour sa campagne humoristique autour du jeu de mots sur l’acronyme OQTF remis au President de la Collectivité Bernard Briand.
Un jeu de mots devenu outil politique
Quelques mois plus tôt, dans un contexte de campagne interne pour la présidence des Républicains, Laurent Wauquiez avait proposé d’envoyer les étrangers sous OQTF à Saint-Pierre-et-Miquelon et d’y installer un centre de rétention. Une suggestion qui avait suscité une vive réaction du territoire.
Plutôt que de répondre frontalement, les équipes de communication de l’archipel avaient choisi l’humour, détournant l’acronyme OQTF pour mettre en valeur l’identité du territoire, sa population et son attractivité. Une opération de communication aussi rapide qu’efficace, qui a finalement été saluée par le Press Club.
« Une vraie satisfaction » : Bernard Briand réagit
C’est Bernard Briand, président du Conseil territorial de Saint-Pierre-et-Miquelon, qui est monté sur scène pour recevoir le prix. Interrogé avant la cérémonie, il exprime à la fois sa satisfaction et la portée politique de cette récompense : « Écoutez, ça a été une vraie satisfaction. Nous avons répondu très rapidement aux attaques de Laurent Wauquiez, en utilisant l’humour et la réplique. Et finalement, la tribune qu’il nous a offerte a été énorme : cela a permis une diffusion très positive de l’image de Saint-Pierre-et-Miquelon. Avec ce jeu de mots autour de l’acronyme OQTF, on a su surfer dessus intelligemment, et cela donne encore un peu plus de notoriété à notre territoire. Une image combative, une population attachée à son île, déterminée à montrer au pays un territoire tout à fait exceptionnel ».

Pour le président, l’ironie de la situation n’échappe à personne : ce sont justement les propos de Laurent Wauquiez qui ont offert au territoire une visibilité nationale inespérée. « Il n’est pas là ce soir, donc je ne pourrai pas le remercier directement, mais je le dirai dans mon propos : sans lui, nous n’aurions tout simplement pas bénéficié de cette exposition médiatique, qui permet de faire connaître autrement Saint-Pierre-et-Miquelon et plus largement l’ensemble des Outre-mer. »
Un message adressé à ceux qui « s’en prennent » aux Outre-mer
Bernard Briand replace également cette affaire dans un contexte plus large, celui des déclarations parfois désobligeantes visant les Outre-mer dans le débat politique national. « Beaucoup de responsables politiques tiennent encore aujourd’hui des propos outranciers à l’égard des ultramarins. Désormais, toutes celles et ceux qui chercheront à s’en prendre à nos territoires, et particulièrement à Saint-Pierre-et-Miquelon, auront une réponse. Et ils repartiront la tête basse et l’ego en miettes. »
Interrogé sur les intentions de Laurent Wauquiez, le président du conseil territorial relativise, tout en soulignant l’importance d’une réaction proportionnée : « Je crois qu’il faut se rappeler le contexte : il était en campagne pour la présidence de LR. J’imagine que ses mots ont dépassé sa pensée. Quand on veut diriger un grand parti, on franchit parfois des limites. Et c’est précisément pour cela que nous avons choisi de répondre comme nous l’avons fait ».

Au-delà du clin d’œil, cette récompense valorise une stratégie de communication habile, transformant une attaque politique en opportunité de promotion territoriale. Saint-Pierre-et-Miquelon, souvent méconnu du grand public, a su s’emparer d’un sujet polémique pour affirmer une identité forte, fière et moderne.























