Le Rassemblement national pourrait ne pas voter la modification de la Constitution qui prévoit d'y inscrire un futur «État de la Nouvelle-Calédonie», a annoncé dimanche le député RN Jean-Philippe Tanguy, faisant état d'un certain scepticisme de son parti sur le projet d'accord.
«C'est possible qu'on le vote, mais c'est possible qu'on ne le vote pas. Dans les annonces grand public qui ont été faites autour de cet accord, nous avons de vives inquiétudes sur les mots qui sont employés. Évidemment, créer un État au sein de l'État français, ça pose une question importante. Créer une nationalité à côté de la nationalité française, ça pose une question fondamentale», a déclaré ce proche de Marine Le Pen sur LCI.
Cet accord, annoncé samedi, acte la création d'une nationalité calédonienne, les habitants répondant aux critères de citoyenneté du Caillou bénéficiant de la double nationalité française et calédonienne. Un «État de la Nouvelle-Calédonie» inscrit dans la Constitution de la République française sera créé et pourra être reconnu par la communauté internationale.
Pour cela, il faudra que soit voté un projet de loi constitutionnelle, qui devra être adopté par le Parlement réuni en Congrès. «D'ores et déjà, au-delà des détails politiques et de souveraineté de l'accord, le volet économique nous semble extrêmement fragile», a également mis en garde Jean-Philippe Tanguy.
Marine Le Pen n’a pas encore réagi
L'accord, qui doit d'abord être entériné en Nouvelle-Calédonie par les partis et les mouvements qui l'ont signé et qui doivent consulter leur base, aborde l'économie avec un futur «pacte de refondation économique et financière» qui prévoit notamment un «plan stratégique» pour le nickel, ressource-clé du territoire, mais reste vague dans les ambitions et les termes.
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«Le diable se cache dans les détails», a prévenu Jean-Philippe Tanguy dimanche, pour justifier la prudence de l'extrême droite sur ce sujet, alors que la majorité de la classe politique, du PS à LR, a salué cet accord. «Nous prenons avec sérieux cet accord, nous n'avons pas pris de posture politicienne immédiatement, sans avoir à connaître du détail», a-t-il ajouté, rejoignant en cela la réaction la veille de Jean-Luc Mélenchon pour La France insoumise.
Marine Le Pen, qui se veut très investie sur le sujet des Outre-mer, n'a ainsi pas encore réagi à cet accord, qualifié d'«historique» par le président Emmanuel Macron. «C'est le silence de la réflexion, du travail, du recul», a justifié Jean-Philippe Tanguy sur LCI.
Avec AFP