Le véritable coût économique des espèces invasives comme la jacinthe d'eau ou le moustique tigre s'avère 17 fois plus élevé que ce qui était estimé jusqu'à présent, selon une étude publiée lundi.
Une équipe internationale de chercheurs, qui publie dans la revue Nature Ecology & Evolution, a voulu se faire une idée plus précise du poids économique de ce fléau qui menace l'agriculture, propage les maladies et conduit à l'extinction d'espèces végétales et animales.
Leur évaluation conclut à un coût de quelque 2.215 milliards de dollars sur la période 1960-2022, soit 17 fois plus que l'évaluation de la base de données de référence InvaCost (126,81 milliards), et équivalent à quelque 35 milliards par an en moyenne.
"On s'attendait à une sous-estimation des coûts" mais "son ampleur est frappante", témoigne pour l'AFP Ismael Soto, chercheur à l'université de Bohème du sud à Vodnany, l'un des auteurs principaux.
Les chercheurs ont utilisé des données sur 162 espèces invasives comme l'ouaouaron (grenouille américaine), dont les coûts ont été bien documentés dans un certain nombre de pays. Ils ont ensuite modélisé les coûts pour 78 autres pays comme le Bangladesh ou le Costa Rica, pour lesquels aucune donnée n'était jusqu'à présent disponible.
L'Europe est de loin le continent le plus affecté par le phénomène (avec 71% des coûts), devant l'Amérique du Nord et l'Asie. Les plantes - comme la jussie, qui prolifère dans le marais poitevin - sont le groupe qui pose le plus de problèmes, devant les arthropodes (grande famille qui compte les insectes), les mammifères et les oiseaux."Par exemple le sanglier occasionne des dommages agricoles par destruction des plantations, maïs ou vignes, se traduisant par des pertes élevées pour les fermiers", explique Ismael Soto. "Le moustique tigre est un vecteur de la dengue et du virus Zika, avec un coût direct élevé pour la santé humaine", ajoute-t-il. Autre exemple encore: la renouée du Japon, plante envahissante très présente en Europe, nécessite de coûteux programmes d'éradication.
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Le groupe d'experts de la biodiversité pour le compte de l'ONU, l'IPBES, avait même évoqué en 2023 une somme encore plus colossale de plus de 400 milliards de dollars annuels dans le monde en raison des invasions biologiques.
"Notre étude se fonde sur seulement 162 espèces", souligne Ismael Soto. "Notre chiffre représente probablement encore une sous-estimation d'un problème plus large et par conséquent les coûts économiques +réels+ pourraient être encore plus élevés".
Avec AFP