Quelle est la nature du marché du travail aux Antilles-Guyane ? Dans son troisième et dernier volet, Outremers 360 se penche sur la conjoncture de la Martinique avec une nouvelle étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) pour l’année 2024. Le taux d’emploi n’évolue pas de manière significative, à l’exception des seniors. La situation des jeunes se dégrade, et le chômage est légèrement en hausse, révélant un niveau largement supérieur à celui de l’Hexagone. Tour d’horizon.
« En 2024, 61 % des personnes âgées de 15 à 64 ans résidant en Martinique occupent un emploi au sens du Bureau international du travail (BIT), un taux relativement stable par rapport à 2023 », selon les données de l’Insee. Un niveau cependant inférieur de 8 points par rapport à la France hexagonale (69 %). On notera qu’en Martinique le taux d’emploi des femmes est légèrement supérieur à celui des hommes (62 % contre 60 %). Les seniors (50 à 64 ans) voient quant à eux une augmentation de leur taux qui atteint 69 %, soit le même que dans l’Hexagone.
Parmi les jeunes âgés de 15-29 ans, l’emploi stagne à 30 %, cette tranche d’âge étant la moins insérée sur le marché du travail. « C’est parmi les jeunes que l’écart avec la France métropolitaine est le plus marqué, avec un taux d’emploi inférieur de 19 points à la moyenne métropolitaine », constate l’étude. En outre, 21 % des jeunes Martiniquais ne sont ni employés, ni étudiants, et ni en formation. Une proportion deux fois plus importante que dans l’Hexagone. L’Insee remarque également qu’en 2024 le taux d’emploi des diplômés de l’enseignement supérieur est en repli de 4 points pour s’établir à 80 %.

Sur l’année considérée, 16 % des personnes employées en Martinique travaillent à temps partiel, les femmes plus que les hommes (21 % contre 8 %). Pour les jeunes, ce taux atteint 25 %. Nombre d’entre eux veulent travailler davantage et seraient disponibles. Du point de vue de l’Insee, ils sont considérés en sous-emploi, comme les personnes en chômage technique ou partiel. « En 2024, 8 % des personnes en emploi sont en situation de sous-emploi, soit le double de la France métropolitaine », précise l’organisme.
« Comme dans le reste du pays, en Martinique, les femmes sont plus exposées au sous-emploi que les hommes (10 % contre 5 %), en raison notamment de leur recours plus fréquent au temps partiel », observe l’étude. Le sous-emploi des jeunes (15-29 ans) s’élève à 15 %, une hausse de 6 points sur un an et une source d’inquiétude supplémentaire. Tout comme dans l’Hexagone, le sous-emploi affecte en premier lieu les personnes peu ou non diplômées. Dans l’île, 46 % des femmes et des hommes en sous-emploi détiennent au plus un brevet des collèges, contre 9 % possédant un diplôme de l’enseignement supérieur.

En ce qui concerne le chômage, il augmente légèrement sur un an (1 %) pour atteindre 12 % de la population active de 15 ans ou plus, soit un taux supérieur de cinq points à celui de la France hexagonale. Il frappe plus durement les jeunes de 15 à 29 ans, dont le niveau s’établit à 29 %, en hausse de cinq points sur un an. « Le chômage augmente également chez les 30-49 ans, atteignant 13 % (+2 points sur un an), soit plus du double du taux métropolitain (6 %) pour cette tranche d’âge. En revanche, le taux de chômage des seniors (50 ans et plus) reste stable à 7 % et proche de celui de l’Hexagone », souligne l’Insee.
Évidemment, ce sont les personnes les moins diplômées qui souffrent le plus du chômage, 15 % contre 8 % pour les diplômés du supérieur. Point intéressant soulevé par l’étude, les titulaires d’un CAP-BEP ou équivalent voient leur taux de chômage augmenter de 6 % en 2024 pour s’élever à 17 %. « Il dépasse ainsi de 10 points celui observé en France hexagonale, traduisant une dégradation marquée de la situation sur le marché du travail pour les titulaires de ces diplômes en Martinique », déplore l’Insee.

PM
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