Marché du travail en Guyane : une progression du chômage qui affecte surtout les femmes et les jeunes, constate l’Insee

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Marché du travail en Guyane : une progression du chômage qui affecte surtout les femmes et les jeunes, constate l’Insee

Quelle est actuellement la nature du marché du travail aux Antilles-Guyane ? Aujourd’hui, Outremers 360 se penche sur la conjoncture de la collectivité amazonienne avec les dernières données de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Pour 2024, le taux d’emploi est stable en Guyane (42 %), mais avec de fortes disparités entre hommes et femmes. La situation des jeunes est inquiétante, 20 % d’entre eux seulement occupant un emploi. En ce qui concerne le chômage, il est en hausse et atteint 17 % de la population active. Synthèse de l’étude.

Le territoire ne manque pas de ressources. Pourtant, en 2024, 42 % des Guyanais âgés de 15 à 64 ans occupent un emploi, selon la définition du Bureau international du travail (BIT). Ce taux reste globalement stable par rapport à 2023, mais demeure bien en deçà de celui de l’Hexagone, qui atteint 69 %. La Guyane se classe ainsi au deuxième rang des DROM affichant les plus faibles taux d’emploi, juste devant Mayotte (29 %). Plusieurs facteurs expliquent cette situation selon l’Insee : des difficultés d’accès au marché du travail, la présence significative d’activités informelles, et une population particulièrement jeune, dont une large part poursuit encore des études et n’est donc pas active professionnellement.

L’étude précise que « le taux d’emploi des hommes s’élève à 49 %, un niveau relativement stable sur un an. Celui des femmes atteint 37 % et n’évolue pas significativement non plus. Comme en France hexagonale, les femmes occupent moins fréquemment un emploi que les hommes, mais l’écart entre les sexes est plus marqué en Guyane ».

La situation des jeunes sur le marché du travail reste préoccupante, malgré une relative stabilité du taux d’emploi. Comme dans l’ensemble du territoire national, les 15-29 ans sont les moins bien intégrés professionnellement. En 2024, seuls 20 % d’entre eux occupent un emploi, contre 49 % dans l’Hexagone. De plus, 34 % des jeunes Guyanais ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation, soit une proportion près de trois fois supérieure à celle observée au niveau national (12 %). Ce chiffre met en lumière les difficultés persistantes d’insertion des jeunes dans le territoire.

« En 2024, le taux d’emploi des personnes diplômées de l’enseignement supérieur augmente de 4 points pour atteindre 85 %. Cette progression confirme le rôle déterminant du diplôme dans l’accès à l’emploi : en Guyane, seuls 22 % des personnes peu ou pas diplômées, c’est-à-dire ne possédant aucun diplôme ou seulement le brevet des collèges, sont en emploi », constate l’étude.

Sur l’année considérée, 14 % des actifs occupés exercent un emploi à temps partiel. Ce taux, stable par rapport à l’année précédente, demeure cependant inférieur à celui observé dans l’Hexagone (17 %). Comme en France hexagonale, les femmes sont davantage concernées par le temps partiel que les hommes : 19 % contre 9 %. Les jeunes âgés de 15 à 29 ans sont les plus touchés par cette forme d’emploi en Guyane, avec 24 % d’entre eux travaillant à temps partiel — une hausse notable de 6 points en un an.

Comme dans l’Hexagone, les Guyanais en situation de sous-emploi affichent un profil comparable à celui des chômeurs, notamment en ce qui concerne le niveau de formation. Ainsi, 58 % d’entre eux ne disposent que du brevet des collèges au maximum, un taux proche de celui observé chez les demandeurs d’emploi (61 %). En comparaison, seules 25 % des personnes en emploi, mais non concernées par le sous-emploi, présentent ce faible niveau de diplôme. « Le sous-emploi concerne davantage les professions les moins qualifiées : 40 % des personnes concernées sont employées et 33 % sont ouvrières, des proportions nettement plus élevées que parmi les autres personnes en emploi », souligne l’Insee.

Enfin, « en 2024, le chômage au sens du BIT progresse de 3 points en Guyane. Il atteint 17 % de la population active de 15 ans ou plus, soit un niveau supérieur de 10 points à celui observé en France métropolitaine. Cette progression concerne principalement les femmes dont le taux de chômage augmente de 5 points pour atteindre 21 %. Déjà plus exposées au chômage que les hommes, elles voient l’écart avec ces derniers se creuser davantage : 13 % des hommes actifs sont au chômage en 2024 », indique l’Insee. Chez les jeunes de 15 à 29 ans, il progresse également pour atteindre un taux de 30 % en 2024, plus de deux fois supérieur à celui de l’Hexagone (14 %). Cette différence est notamment causée par un défaut de qualifications et de débouchés professionnels localement.

En Guyane, le chômage s’inscrit plus souvent dans la durée qu’en France hexagonale. Quatre personnes sur dix en recherche d’emploi sont confrontées à une situation de chômage de longue durée, soit deux fois plus que dans l’Hexagone (où ce taux est de deux sur dix). Parmi ces chômeurs de longue durée, 44 % sont sans emploi depuis au moins deux ans, contre 38 % en France hexagonale. « Certaines catégories professionnelles sont plus exposées au chômage de longue durée. En 2024, la part des chômeurs de longue durée ayant déjà travaillé atteint 6 % chez les ouvriers et 4 % chez les employés, contre moins de 1 % chez les cadres », conclut le rapport.

PM