Le Martiniquais Josias Jean-Pierre trace son chemin dans la finance internationale

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Le Martiniquais Josias Jean-Pierre trace son chemin dans la finance internationale

C'est à l'âge de 15 ans que Josias Jean-Pierre quitte la Martinique avec l'ambition de devenir footballeur professionnel. Dix ans plus tard, le jeune homme a troqué les crampons pour la finance internationale et exerce à Paris, au sein de BBVA Corporate & Investment Banking, où il accompagne les grandes entreprises françaises dans leurs projets à l'étranger. Son parcours, construit au fil des mobilités et des apprentissages, l'a mené des terrains de foot aux salles de réunion d'une banque d'affaires. À 25 ans, il avance avec méthode et nourrit l'idée, à terme, de contribuer au développement économique de son territoire grâce à l'expérience acquise à l'international.

Lorsque, adolescent, Josias Jean-Pierre quitte la Martinique, il n'a qu'une idée en tête : devenir footballeur professionnel. Ses premières années dans l'Hexagone sont rythmées par les entraînements, les déplacements et les changements de clubs. Après une première saison en Normandie, il passe cinq ans dans le Sud, où il atteint « l'équivalent de la Ligue 1 des moins de 19 ans ». Un niveau qui laisse entrevoir un avenir possible dans le haut niveau. Une blessure à la cheville vient brutalement freiner cette progression. Le jeune homme évoque des douleurs à répétition qui le poussent à revoir ses ambitions.

 À 19 ans, il lui faut se réinventer. Josias Jean-Pierre a toujours été un bon élève, c'est donc tout naturellement qu'il s'accroche aux études. « J'avais de très bons résultats… j'aimais déjà les mathématiques, les chiffres », se souvient-il. Alors que le football impose ses limites, les études deviennent un refuge et une opportunité. Il choisit un DUT Commerce à Toulon, formation compatible avec ses derniers engagements sportifs, puis poursuit avec une licence d'économie internationale, qu'il termine major de promotion. 

Arrivé à Paris pour un master de finance à la Sorbonne, le déclic se produit. Il découvre un domaine exigeant, structuré, global. Entre ses cours, ses lectures et ses rencontres, une nouvelle voie se dessine. Ses premières expériences professionnelles contribuent à affiner ce projet. « J'ai fait un cursus en me disant : qu'est-ce qui peut m'ouvrir le plus de portes ? Petit à petit… mon projet s'est affiné », explique-t-il. Un stage de trois mois à Singapour, en 2022, constitue sa première immersion dans un environnement international. Puis un stage de fin d'études lui ouvre les portes du conseil. À l'issue de ce parcours, une question s'impose : « Est-ce que je me voyais sur le moyen terme ? » se demande-t-il. La réponse l'oriente vers la banque d'affaires. Après un entretien concluant, il rejoint BBVA Corporate & Investment Banking en 2024.

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 La voie de tous les possibles

Depuis plus d'un an et demi, Josias Jean-Pierre occupe un poste de Global Coverage Banker chez BBVA, une banque espagnole internationale avec une forte empreinte en Europe, en Amérique latine, en Turquie et aux États-Unis. Basé à Paris au sein d'une équipe d'une dizaine de personnes, il est ce qu'on appelle un ‘coverage banker’. « Je m'occupe de la relation client pour simplifier. On est le visage de la banque auprès des gros clients français », résume-t-il. 

Concrètement, son quotidien mêle réunions avec les directeurs financiers des plus grandes entreprises françaises du CAC 40, recherches sectorielles, analyses de projets internationaux et coordination avec les équipes de la banque à travers le monde. « On doit avoir une bonne connaissance des objectifs stratégiques du client pour l'aider à se développer, surtout à l'international », détaille-t-il. Il jongle entre les produits bancaires classiques et des services plus sophistiqués : fusions-acquisitions, financement par les marchés de capitaux, produits dérivés pour maîtriser les risques de change. « Ce sont des entreprises françaises présentes un peu partout à l'international. Il y a des solutions pour réduire la volatilité, par exemple entre l'euro et le peso mexicain, ou pour passer d'un taux variable à un taux fixe », illustre-t-il. 

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À 25 ans, Josias Jean-Pierre gravite dans un environnement exigeant. « J'ai la chance d'être dans une équipe qui me donne pas mal de responsabilités. Je travaille avec des gens qui ont une dizaine d'années d'expérience, donc j'apprends beaucoup. Mon but, c'est de devenir encore plus compétent dans ce que je fais. »

 Penser international et ancrage local

Au-delà de la trajectoire professionnelle classique, Josias Jean-Pierre nourrit une ambition plus personnelle, plus intime : contribuer au développement de la Martinique. « J'aimerais bien contribuer, à mon échelle, dans mon territoire d'origine. Ça peut être à travers des investissements, à travers une entreprise que je pourrais monter, et pourquoi pas aussi y retourner, un jour », confie-t-il. Un projet qui, pour le moment, reste à structurer. « Je suis un peu idéaliste : j'aimerais bien avoir un peu de liberté financière, avoir quelques rentrées d'argent en dehors du professionnel pour pouvoir faire de ce retour au pays un choix où je n'ai pas l'impression de perdre quelque chose pour en gagner une autre », développe-t-il. 

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Chaque année, le jeune Martiniquais essaie de retourner au moins une fois sur son île. Il sera d’ailleurs sur le départ dans quelques semaines. « L'idée, c'est toujours la même : profiter un peu avec ma famille et aussi faire des connexions locales pour peut-être trouver des pistes qui pourraient me permettre d'ouvrir un business là-bas », précise-t-il. En dehors du travail, Josias Jean-Pierre cultive un équilibre précieux. Il a récemment repris le football, « par passion avec une association étudiante. »

Ce rapport au sport, à la discipline et au dépassement de soi, forgé pendant ses années de football de haut niveau, continue d'irriguer sa vie professionnelle et personnelle. Josias Jean-Pierre a également un autre objectif sur le long terme : réussir internationalement tout en continuant à s'ancrer territorialement.