Les 27 et 28 novembre 2025, l’Union Sociale pour l'Habitat (USH) et l'Association Régionale des Maîtres d’Ouvrages Sociaux (ARMOS) de Guyane ont organisé deux jours de séminaires à Cayenne, dédié à des enjeux actuels du logement social dans les Antilles-Guyane.
Ces séminaires se sont concentrés sur des problématiques telles que le renouvellement urbain, de cohésion sociale et de transition énergétique, tout en mettant l'accent sur les spécificités locales des Antilles et de la Guyane.
« Face aux défis spécifiques au monde de l'habitat dans les Antilles-Guyane, il est essentiel d'embrasser pleinement le renouvellement urbain et la transition énergétique. Ces enjeux ne peuvent se résoudre sans une cohésion sociale forte, fondée sur une dynamique partenariale renforcée entre tous les acteurs locaux. C'est ainsi que nous pourrons construire un cadre de vie plus résilient et inclusif, en harmonie avec les spécificités de nos territoires, dont le renouvellement urbain de la Cité Zéphyr est un symbole. C'est le sens de notre partenariat avec l'Union Sociale pour l'Habitat et de ces deux journées de séminaires. » – Crystelle Dib-Pitrolle, Présidente de l'ARMOS Guyane.

Décarbonation du parc, renouvellement urbain et cohésion sociale : dynamiques en cours dans les Antilles et la Guyane
La première journée, animée par Gérard Lebihan, organisée sous le thème « Cadre de vie, cohésion urbaine et sociale, renouvellement urbain : quelles dynamiques pour les quartiers dans les Antilles-Guyane ? » a permis de dresser un état des lieux des projets en cours et de partager les bonnes pratiques, tout en abordant les défis uniques auxquels ces territoires sont confrontés sur la réhabilitation des patrimoines, la gestion urbaine et sociale de proximité et le renouvellement urbain.
La réhabilitation des patrimoines dans les territoires ultramarins
La matinée a débuté par un focus sur la réhabilitation des patrimoines et l’adaptation des bâtiments aux enjeux climatiques. Les intervenants ont mis en lumière la nécessité de rénover les structures existantes pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.
« À l’heure de l’ébullition mondiale et de l’urgence climatique, l’adaptation et la décarbonation ne sont plus des options : ce sont des caps indispensables auxquels les bailleurs doivent s’ajuster, notamment en matière d’investissement, de conformité à la taxonomie et de stratégie, s’ils veulent bâtir un avenir résilient et durable. » - Nicolas Prudhomme Directeur de la Maîtrise d'Ouvrage et des Politiques Patrimoniales à l’USH.

Ce dernier a exposé la stratégie opérationnelle pour atteindre cet objectif ambitieux, soulignant l'importance d'intégrer les spécificités territoriales, telles que les évolutions sociodémographiques et les équilibres d’exploitation.
Des exemples concrets ont été présentés, comme le programme en Guyane porté par SEMSAMAR, avec Patrick Weirback, et les actions menées à travers le Plan à Moyen Terme (PMT) de la SIGUY-SIMKO, conduit par Stéphane Ginisty.
Les locataires, souvent au cœur de ces projets de réhabilitation, ont également été pris en compte. Alexandra Delumeau et Frantz Cognet de SIKOA ont présenté la place de la gestion de la clientèle et des travaux dans le cadre de ces réhabilitations, soulignant l’importance de l’implication des habitants pour réussir ces transformations.
La gestion urbaine et sociale de proximité aux Antilles-Guyane
L’évolution des politiques locales, à travers les Contrats de Ville « Engagements quartiers 2030 », a été le sujet de la deuxième séquence. L’objectif est de renforcer le service rendu aux habitants et de promouvoir une meilleure cohésion sociale. Arash Khalatbari, de la SHLMR à La Réunion, a partagé un retour d’expérience sur les conventions d’abattement de la TFPB, soulignant leur impact sur l'amélioration du cadre de vie et la tranquillité résidentielle.
Paulette Amoedang de SIGUY/SIMKO a présenté des initiatives locales pour renforcer la gestion urbaine et sociale, tandis que Véronique Roul, Secrétaire générale de l'ARMOS Guadeloupe a détaillé les enjeux spécifiques à la Guadeloupe. Ces interventions ont permis de montrer l'importance d’une approche intégrée et partenariale, qui combine les bailleurs, les collectivités et les associations de quartier pour répondre aux besoins des habitants.

Le renouvellement urbain : reconstruire la ville sur elle-même
L’après-midi a été consacrée au renouvellement urbain, avec un focus sur la rénovation des quartiers, le traitement de l’habitat insalubre et la maîtrise du foncier. Plusieurs projets emblématiques ont été présentés, tels que la réhabilitation de la Cité Mortenol à Pointe-à-Pitre par Olivier Bajard Directeur général de la SIG et l’opération « AMITIÉ » en écoquartier à Bon Air, portée par Lionel Bernus de la Société Martiniquais de HLM.
Un autre enjeu crucial a été abordé : la maîtrise foncière, essentielle pour la réussite des projets de renouvellement urbain. Patrice Pierre, directeur adjoint de l'EPF Guyane, a ainsi exposé les stratégies foncières adoptées pour libérer de l’espace dans les quartiers, en particulier pour lutter contre l'habitat informel et promouvoir la construction de logements sociaux durables.

Visite du projet de renouvellement urbain – Cité Zéphir
La journée s’est clôturée par une visite de la Cité Zéphir, un projet exemplaire de renouvellement urbain, construit dans les années 60 et actuellement en pleine réhabilitation. Laurie Gourmelen, Inés Lopes Da Silva et Jerôme Lucky de la SIGUY ont guidé les participants à travers ce projet, soulignant les enjeux sociaux et les conditions de faisabilité. Le projet se veut un modèle pour la réhabilitation des cités vieillissantes dans les territoires ultramarins, avec une attention particulière portée aux conditions de vie des habitants et à leur implication dans le processus de transformation.
« À travers cette journée de séminaire, l’USH donne l’occasion aux bailleurs ultramarins d’échanger, de capitaliser sur leurs retours d’expérience et de renforcer leurs stratégies dans le cadre du NPNRU Antilles- Guyane. C’est une étape importante pour porter de manière collective, l’ambition de quartiers plus résilients, plus attractifs et mieux adaptés aux défis des Outre-mer. »


La création de partenariats solides en faveur de la production et de la valorisation des énergies renouvelables dans le parc social aux Antilles-Guyane
La deuxième journée du séminaire, le vendredi 28 novembre, s’est ouverte sur la question cruciale des partenariats solides entre les organismes de logement social (OLS) et les opérateurs privés, notamment pour la valorisation des énergies renouvelables. C’était l’occasion de discuter des modèles de coopération entre les acteurs publics et privés, et de présenter des exemples concrets de partenariats favorisant la production d’énergie durable dans les logements sociaux. Les aspects juridiques et réglementaires ont également été abordés, avec des interventions de Boris Petric, Benoit Gunslay et Nicolas Prudhomme de l’USH, qui ont présenté les mécanismes de coopération et les perspectives de développement des énergies renouvelables pour les bailleurs.
Renforcer la Coopération Public-Privé : Une Nécessité pour le Logement Social
La première séquence du séminaire a été dédiée aux partenariats entre les organismes de logement social et les opérateurs privés. Boris Petric et Benoit Gunslay, de la Direction juridique et fiscale de l’USH, ont détaillé les mécanismes de coopération envisageables, qu'il s'agisse de production de logements sociaux, de gestion du foncier ou de mixité sociale. Ces partenariats sont présentés comme un levier stratégique pour répondre aux besoins croissants de logement dans les territoires ultramarins.
Les interventions ont également permis de clarifier les aspects juridiques et fiscaux liés à ces collaborations, à travers les montages contractuels possibles et l'encadrement législatif. Le Cahier Repères n°147 de l’USH, spécifiquement élaboré pour ces questions, a été un point de référence important pour la discussion.
« Les organismes de logement social bénéficient en théorie d'un cadre juridique favorable pour développer le recours aux énergies renouvelables et envisager leur valorisation. Ce cadre reste toutefois complexe, notamment parce qu'il articule de nombreuses branches du droit : compétences des organismes, rapports locatifs, commande publique, fiscalité de l'énergie... La réglementation souffre parfois d'un manque d'adaptation aux réalités des territoires, le principal enjeu consistant à trouver les solutions juridiques les plus adaptées en amont de la mise en œuvre des projets. », Benoit Gunslay, Conseiller juridique à l'Union Sociale pour l'Habitat.

L’objectif de cette journée était de faire émerger des solutions concrètes pour intégrer les énergies renouvelables dans les projets de logement social, afin d’allier transition énergétique et amélioration du cadre de vie. Les évolutions législatives récentes, notamment les textes communautaires concernant l’énergie et la performance énergétique des bâtiments, ont également été abordées, afin de mieux comprendre les implications pour les projets en Outre-mer.

Une approche juridique et pratique pour les OLS ultramarins
Enfin, la dernière séquence de la journée a ouvert le débat sur les questions juridiques et fiscales spécifiques aux organismes de logement social d’Outre-mer, en recueillant les interrogations et besoins des participants. Il a été question d’identifier les obstacles juridiques rencontrés dans la mise en œuvre de projets d’urbanisme et de transition énergétique dans les Antilles et la Guyane, mais aussi de proposer des solutions pratiques pour surmonter ces défis.
« Le partenariat entre les organismes HLM et la promotion privée s’impose comme une alternative pragmatique et efficace à la VEFA. Il permet de mutualiser les compétences, de sécuriser les opérations et de garantir une production équilibrée au service de la mixité sociale. », Boris Petric, Directeur Juridique et Fiscal à l'Union Sociale pour l'Habitat

L’ARMOS Guyane, via son Secrétaire général Malick Ho-A-Sim et l’USH, via Brayen Sooranna, Directeur aux Outre-mer remercient très chaleureusement toutes les intervenantes et tous les intervenants ainsi que les participantes et participants pour la richesse de leurs présentations et de leurs partages d'expérience. Leur expertise et leur engagement dans les projets de renouvellement urbain, de cohésion sociale et de transition énergétique ont apporté des solutions concrètes et essentielles pour l'avenir du logement social dans les Antilles-Guyane.
Ces deux journées de séminaires ont été un véritable moment de co-création et de solidarité professionnelle. Elles ont permis de poser les bases d'une collaboration renforcée entre les bailleurs sociaux dans le but de relever les défis du logement social dans un contexte de transition énergétique et de renouvellement urbain pour bâtir un avenir plus vert, plus solidaire et plus durable pour nos territoires ultramarins.























