Kourou : le Centre Spatial Guyanais se prépare au plus grand lancement de son histoire

Dernière ligne droite pour le James Webb Space Telescope, le plus grand télescope jamais lancé dans l'espace. Il vient d'arriver en Guyane. Ce télescope commandé par la NASA, l’ESA et l’agence spatiale canadienne est le plus grand télescope astronomique. Il doit observer une très grande variété de cibles, dont les objets visibles les plus lointains jamais recensés. C’est aussi le plus cher qui sera envoyé dans l’espace depuis le Centre spatial Guyanais à Kourou, soit plus de 10 milliards de dollars. Explications avec notre partenaire Radio Peyi et les explications du CSG.


 

Après avoir effectué un voyage de 16 jours depuis la Californie et traversé plus de 5800 km, le télescope spatial James Webb est arrivé ce mardi 12 octobre, au port de Pariacabo à Kourou, à bord du MN Colibri.

Pour cette mission exceptionnelle, le télescope spatial James Webb a été expédié en position repliée dans un conteneur de 30m de long , aux côtés du STTARS, Space Telescope Transporter for Air, Road and Sea, véhicule poids lourd articulé de 33,5m de long pour 75 tonnes, qui le transportera vers le CSG où débuteront les opérations de préparation au lancement.

Le 18 décembre prochain, Ariane 5 s'élancera depuis le CSG avec à son bord le télescope spatial nouvelle génération James Webb. Webb se déplacera à 1,5 million de kilomètres de la Terre pour atteindre le second point de Lagrange (L2) du système Soleil-Terre. Emplacements stables pour les objets spatiaux, les points de Lagrange sont des positions dans l’espace où l’attraction gravitationnelle du Soleil et de la Terre est équilibrée par les forces orbitales

Quelle est la mission du James Webb Space Telescope ?

Le James Webb Space Telescope est présenté comme le grand frère deHubble, le télescope spatial lancé en orbite il y a 31 ans.  Sa mission est d’observer une très grande variété de cibles dont les objets visibles les plus lointains jamais recensés. Des cibles très peu lumineuses et quasiment invisibles pour le télescope Hubble. Le « Webb » comme on l’appelle devrait permettre de grandes avancées.

Sa taille aussi est imposante, plus de 20 mètres de haut, un miroir primaire de 6,5 mètres et un bouclier thermique (pare-soleil) aussi grand qu'un cours de tennis. Et c’est aussi en raison de son immensité que son lancement a été souvent repoussé car avec de telles dimensions, son lancement ne peut se faire que plié pour tenir à l'intérieur de la coiffe du lanceur Ariane 5.

Une fois dans l’espace, l'appareil va débuter un trajet d'un mois vers le point de Lagrange L2 situé à 1,5 million de kilomètres de la Terre à l'opposé du Soleil. Le déploiement du miroir sera réalisé tout au long du voyage qui le mènera à L2. Une fois là-bas, le télescope spatial aura le Soleil, la Terre et la Lune constamment « derrière » le pare-soleil. Une position idéale pour que ses instruments soient constamment dans le froid et le noir. Six mois seront nécessaires aux responsables de la mission pour le mettre en service. Les premières images sont prévues en juin 2022.

Des années de travail avant d’embarquer dans une Ariane 5

Il a fallu plus de 25 ans depuis le début du projet pour que ce télescope rejoigne l'espace en décembre prochain. Puisque les premières ébauches concrètes du James Webb Space Telescope sont élaborées en 1996. A l’époque, la priorité de la Nasa c’est de créer un appareil à moindre coût, avec un budget maximal de 500 millions de dollars. Un budget qui ne sera pas respecté.

Des reports à répétitions et un gouffre budgétaire : les études conceptuelles sont confiées en 1999 avec un premier lancement prévu pour 2007, mais finalement un report est annoncé alors que le budget alloué pour la construction du télescope augmente déjà de 500 millions de dollars. En 2003, les retards s'accumulent et le lancement est de nouveau décalé à 2010.

Le James Webb Space Telescope est le fruit de la collaboration de nombreux pays et de trois agences spatiales : la Nasa, l'ESA et de l'agence spatiale canadienne. Il faut que tout le monde se mette d’accord sur son design.

Il faudra attendre 2011 pour que l'intégralité du télescope passe en phase de construction. C’est donc un nouveau report du lancement pour 2018 mais c’est surtout un budget qui explose alors estimé à 8,5 milliards de dollars. L'assemblage des segments hexagonaux du miroir primaire ne commence qu'en 2015. Les derniers assemblages sont réalisés un an plus tard car des problèmes informatiques et des malfonctions mécaniques retardent l'échéance.

En 2019, le lancement est finalement fixé à 2021 mais sera quand même repoussé trois fois durant la même année, en mars, octobre puis, finalement, le 18 décembre 2021. Cette arrivée en Guyane est donc la dernière ligne droite d’une longue aventure et elle a un coût faramineux : plus de 10 milliards de dollars, soit 20 fois le budget initial.

Par A. Behary pour Radio Peyi