Le 18 avril dernier, Albioma a installé sur le site de Jarry, de son deuxième dôme de stockage de biomasse. Une étape majeure dans le processus de conversion à 100% biomasse de la centrale thermique du Moule, engagée par le groupe Albioma depuis plusieurs années, sur le territoire. La centrale guadeloupéenne tourne définitivement la page du charbon au profit de la biomasse. Nicolas de Fontenay, Directeur de la zone Antilles Guyane d'Albioma revient sur cette étape cruciale de cette conversion et sur les perspectives du développement d'Albioma en matière d'énergies renouvelables.
Chose promise, chose dûe ! Albioma a récemment acté la fin de l'ère du charbon sur la centrale thermique du Moule. Sa centrale, adossée à la sucrerie Gardel située au Moule, dans le Nord Grande-Terre en Guadeloupe, a réussi sa conversion 100% biomasse. Jusqu'ici, la centrale du Moule était alimentée partiellement avec de la biomasse : c’est-à-dire durant toute la période de la campagne sucrière grâce à la bagasse (résidu fibreux issu du broyage de la canne à sucre) fournie par Gardel, puis avec du charbon le restant de l’année. « L’avantage majeur de la biomasse est qu’il s’agit d’une énergie pilotable, c’est-à-dire disponible H24, et dont on peut faire varier la production d’électricité en fonction de la consommation. C’est un gros avantage pour assurer la stabilité et la sécurité du réseau », a affirmé Nicolas de Fontenay, Directeur de la zone Antilles Guyane d'Albioma. Après la Martinique et La Réunion, la Guadeloupe - dernier territoire ultramarin où le charbon était utilisé pour alimenter une centrale- entre dans le giron des centrales 100% biomasse.
Depuis cette année, la centrale fonctionnera désormais avec comme combustible la bagasse de la sucrerie voisine, ainsi que de la biomasse locale et en complément de la biomasse importée, en provenance du Canada. « Pour pousser la logique d’économie circulaire et aller plus loin vers l’autonomie énergétique de l’île, l’objectif est d’augmenter substantiellement la part de combustible endogène – c’est-à-dire issu du territoire –, pour diminuer la biomasse importée, provenant exclusivement de l’usine de production de pellets d’Albioma au Canada», pour Nicolas de Fontenay.
Cette conversion a été rendue possible avec l'installation d'un second dôme de stockage de biomasse mi- avril. D’une capacité de 20 000 m3, cette structure est constituée d’une bâche extérieure blanche gonflée par des ventilateurs. Elle est renforcée à l’intérieur par 5 cm de mousse polyuréthane et consolidée avec du béton ferraillé, garantissant un stockage étanche de la biomasse. Le dimensionnement des fondations et du ferraillage intègre également la tenue aux vents cycloniques selon les normes de construction en vigueur. Une fois livrée et stockée dans les dômes, la biomasse est ensuite transportée, en fonction des besoins, dans des camions fermés vers un second stock couvert situé dans la centrale.
Un gain de 10% dans le mix énergétique
Avec une puissance installée de 102 MW, la centrale du Moule représente 30 % de la production électrique de la Guadeloupe. Sa conversion au 100 % biomasse lui permettra de baisser de 87 % ses émissions de gaz à effet de serre et fera passer la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique du territoire de 35 % à 45 %.
La conversion de la centrale signifie également une montée en compétences de ses équipes. Un vaste plan de formation a donc été lancé pour leur permettre d’appréhender tous les enjeux techniques de ce passage au 100 % biomasse.
En plus de la biomasse, Albioma s'appuie sur le photovoltaïque en Guadeloupe comme leviers de la transition énergétique en Guadeloupe. C’est en 2005 et 2007 qu’Albioma ouvre un premier chapitre de la transition de l’île avec ses premières installations photovoltaïques. Au fil du temps, celles-ci se développent et se perfectionnent jusqu’à la création en 2019 de la centrale photovoltaïque de Sainte-Rose au nord de Basse-Terre. D’une puissance de 3,3 MWc, elle est en capacité de produire 4,6 GWh d’électricité par an, soit la consommation de 4 200 habitants, le tout en évitant le rejet de 3 850 tonnes de CO2 dans l’atmosphère.
Vers de nouvelles ressources renouvelables endogènes
Débarrassé de l'usage du charbon, Albioma ne compte pas s'arrêter en si bons chemins! Avec son engagement de près de deux décennies aux Antilles en faveur de la transition énergétique, Albioma explore de nouvelles pistes, de nouvelles ressources endogènes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l'archipel. Parmi les nouvelles opportunités d'énergies renouvelables, Albioma mise sur le SWAC (Sea-Water Air Conditioning), le CSR (pour « combustibles solides de récupération ») ou encore la géothermie. « La géothermie pourra aussi jouer un rôle important dans la transition, car comme la biomasse, il s’agit d’une énergie endogène et pilotable. Dans ce domaine, nous avons été lauréat d’un permis exclusif de recherche, à La Réunion à ce stade, mais nous devrions en obtenir également dans nos autres départements ultramarins », complète Nicolas de Fontenay.
Des ressources comme les CSR qui sont notamment expérimentées à La Réunion et dont un projet est attendu pour 2026. Pour rappel, les « combustibles solides de récupération» consiste à valoriser des déchets composés de résidus non dangereux (textiles non valorisables, mousses, refus de bois, de carton ou de papier) pour les utiliser comme source d’énergie. Avec un double bénéfice : limiter l’utilisation de la biomasse importée et réduire l’enfouissement des déchets dans les décharges, favorisant l’économie circulaire.
À terme, Albioma continue d’explorer les pistes d’optimisation de stockage de l’électricité. « Les avancées technologiques seront l’une des voies pour répondre aux nouveaux besoins en énergie, notamment en mobilité, et pouvoir ainsi continuer à assurer l’équilibre entre l’offre et la demande avec des solutions durables », conclut le directeur Albioma Antilles Guyane.