En accueillant PLD Space, le Centre spatial guyanais s'ouvre aux opérateurs privés

Vue du futur ELM Diamant avec ses micro et mini-lanceurs. © CNES/L'Œil du Chat, 2023

En accueillant PLD Space, le Centre spatial guyanais s'ouvre aux opérateurs privés

La start-up espagnole PLD Space a annoncé mardi qu'elle allait réaliser dès 2026 les premiers essais de son micro-lanceur réutilisable Miura 5 depuis la base spatiale de Kourou, en Guyane.


Quatre vols commerciaux sont ambitionnés en 2027 pour cette fusée qui serait alors la première privée à décoller depuis le territoire d'outre-mer. Ce micro-lanceur, d'une capacité d'emport d'une tonne de charge utile pour les orbites basses et polaires, a été entièrement développé en Espagne par l'industriel PLD Space.

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La start-up privée, créée en 2011, a annoncé mardi depuis Cayenne son implantation sur la base de Kourou. "D'ici 2026, nous réaliserons deux tirs de qualification du lanceur, puis quatre vols commerciaux en 2027", a indiqué à l'AFP Pablo Gallego, vice-président des ventes et des clients de PLD Space. A terme, l'opérateur vise 30 lancements par an d'ici à 2030, "dont une douzaine depuis la Guyane".

L'arrivée de ce nouvel opérateur spatial s'accompagne de "50 millions d'euros d'investissement pour notamment créer un centre technique opérationnel et un bâtiment d'assemblage de lanceur", a précisé à l'AFP Sandro Lorini, directeur administratif et financier de PLD Space.
Des retombées sont également attendues en termes d'emploi: PLD ambitionne "la création de 56 postes en Guyane d'ici 2030", selon M. Lorini.

L'entreprise, qui a développé la première fusée européenne privée à avoir réussi un lancement -non orbital- en 2023 depuis Huelva (Espagne), opérera en Guyane sur le pas de tir Diamant du Centre spatial guyanais (CSG).
Autour de cet ensemble de lancement historique en cours de réhabilitation, qui a vu la première fusée éponyme décoller depuis la Guyane en 1970, quatre autres pas de tirs vont être construits pour des opérateurs privés : les allemands Isar et RFA, le britannique Orbex et le français MaïaSpace.

Lanceur Diamant-B2 sur sa table de lancement en vue de placer le satellite Péole en orbite le 12 décembre 1970 © CNES

L'arrivée de ces nouveaux opérateurs privés marque un changement de modèle pour le CSG. La base, qui aujourd'hui n'opère que pour une seule compagnie, Arianespace, et les lanceurs institutionnels Ariane 6 et Vega-C, se transforme en aéroport spatial fournissant des infrastructures pour plusieurs compagnies et différents types de lanceurs.

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Depuis 2019, le CSG est engagé dans une vaste modernisation de ses infrastructures pour se digitaliser, réduire ses coûts de fonctionnement et renforcer son attractivité et sa flexibilité.
L'objectif de la base est ainsi de pouvoir "dès 2026 se reconfigurer en trois jours entre deux tirs de fusées contre trois semaines actuellement", a indiqué à l'AFP son directeur Philippe Lier.
Ce gain de temps lui permettra de lancer plus souvent et de répondre à un marché spatial en pleine mutation et expansion. En témoignent les 261 tirs réalisés dans le monde en 2024. "Un record absolu!" selon M. Lier.

Avec AFP