Au Salon Paris pour l’emploi, les acteurs de la santé dans les outre-mer mobilisés pour recruter et fidéliser les talents

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Au Salon Paris pour l’emploi, les acteurs de la santé dans les outre-mer mobilisés pour recruter et fidéliser les talents

Pour cette 8ème édition de Paris pour l’emploi, près de 25 000 candidats étaient attendus place de la Concorde pour rencontrer plus de 1 000 recruteurs venus de tous horizons. Comme chaque année, les Outre-mer y disposaient d’un espace dédié afin de valoriser les opportunités professionnelles dans leurs territoires. Dans le secteur de la santé, particulièrement touché par le manque de personnel, les délégations de Guyane, de Martinique et de Mayotte ont profité de l’événement pour se rendre visibles, sensibiliser les candidats aux besoins urgents du secteur et faire connaître la réalité de territoires qui peinent encore à attirer et à retenir les professionnels.

Cette année, c’est une disposition différente des éditions précédentes qui attendaient les participants ultramarins de Paris pour l’emploi. Un second chapiteau a vu la modification de l’emplacement des Outre-mer qui aurait pu réduire leur visibilité… Les participants se disent néanmoins satisfaits de la fréquentation et de la qualité des échanges. 

Parmi les filières représentées le secteur de la santé s’est distingué par une présence particulièrement importante. Les délégations de Guyane, de Martinique et de Mayotte ont profité du salon pour présenter leurs offres, échanger avec les candidats et rappeler leurs besoins urgents en matière de recrutement. En Guyane, l’Agence régionale de santé (ARS) estime à plus d’une trentaine le nombre de postes à pourvoir dans le médico-social et l’hospitalier, du personnel administratif aux techniciens sanitaires. 

« Être présents ici, c’est une façon de faire connaître nos besoins, de présenter les carrières possibles, mais aussi de recréer un lien avec les ultramarins installés dans l’Hexagone », indique Myriam Chanteur, directrice de cabinet à l’ARS Guyane. En Martinique, les équipes de l’ARS ont également misé sur la visibilité. Le stand, où se côtoient représentants du Centre hospitalier Maurice Despinoy ou encore de la conciergerie Rimèd, n’a pas désempli durant les deux jours. 

« C’est notre troisième participation. Chaque année, nous rencontrons davantage de professionnels, mais aussi des jeunes en reconversion », explique Yannice Rome, responsable du département Premier recours. « Depuis le début du salon, nous avons déjà collecté une cinquantaine de CV, aussi bien de jeunes diplômés que de profils expérimentés. Certains envisagent sérieusement un retour au pays, d’autres veulent simplement mieux connaître les dispositifs d’accompagnement. » 

À Mayotte, la situation reste tendue. La Protection maternelle et infantile (PMI) fait face à une pénurie persistante, avec cinq postes de médecins, huit de sage-femmes et une dizaine d’infirmiers encore vacants. « Nous sommes ici pour expliquer les réalités du terrain, montrer que Mayotte offre un cadre professionnel enrichissant et de nombreuses opportunités », détaille Abdallah Abdou, conseiller technique à la PMI. « Nous pouvons prendre en charge le billet d’avion, aider à l’installation … »  

L’attractivité, un travail de terrain qui commence sur les stands

Sur le salon, l’attractivité commence dès le premier regard. Couleurs vives, visuels évocateurs, slogans engageants : la Guyane s’est démarquée avec un stand aux teintes flamboyantes, véritable invitation à la découverte du territoire. 

« Nous avons voulu un stand à notre image, lumineux et vivant, pour interpeller les passants », explique Myriam Chanteur. « Beaucoup de gens s’arrêtent simplement pour regarder, puis finissent par entamer la discussion. C’est une manière de dire que la Guyane n’est pas seulement un territoire en difficulté, mais aussi une terre d’opportunités où il est possible de construire un parcours professionnel solide. » 

Du côté de la Martinique, la stratégie repose sur la proximité et le contact direct avec les candidats. « Les candidats sont de plus en plus informés et conscients des besoins dans nos territoires », observe Yannice Rome. « Beaucoup se montrent motivés, mais demandent à être rassurés sur les conditions d’accueil et les perspectives d’évolution. » Dans cet espace dédié aux Outre-mer, la santé s’impose ainsi comme un secteur exigeant, où les territoires doivent à la fois séduire et convaincre.

Encourager le ‘retour au peyi’

Au-delà du recrutement immédiat, les délégations ultramarines présentes à Paris partagent un même objectif : favoriser le retour durable des talents vers leurs territoires. Une ambition qui prend une résonance particulière dans le secteur de la santé, où les besoins sont constants et les profils qualifiés rares. À Mayotte, où les besoins demeurent criants, la perspective du retour au pays reste un enjeu majeur. 

« L’année dernière, aucun Mahorais n’était venu vers nous. Cette année, plusieurs étudiants sont passés sur le stand. J’avais pris contact avec les médiateurs académiques pour les sensibiliser, et ça a fonctionné », raconte Abdallah Abdou. « J’ai aussi rencontré une infirmière mahoraise qui a accepté de revenir, et un médecin étranger intéressé par une procédure d’équivalence. C’est encourageant. Nous faisons tout pour leur montrer que revenir est possible, dans de bonnes conditions. Mayotte a besoin d’eux, et c’est le message que nous portons. »  

Dans les allées du salon, ce message résonne bien au-delà de Mayotte puisque le « retour au peyi » a été l’une des grandes thématiques de cette nouvelle édition de Paris pour l’emploi des Outre-mer. « Nous venons chercher des compétences, bien sûr, mais aussi des histoires de retour », confie Myriam Chanteur. « Beaucoup de jeunes diplômés ultramarins installés ici nous disent qu’ils aimeraient rentrer, mais qu’ils manquent d’informations ou d’accompagnement. Notre rôle, c’est de leur montrer que c’est possible. » 

Même son de cloche du côté de la Martinique : « Ce qui ressort, c’est une volonté de participer à quelque chose de concret, d’utile, sur son propre territoire », souligne Yannice Rome. « Le retour n’est pas qu’un choix professionnel, c’est aussi une démarche personnelle, un engagement. »

Paris pour l’emploi s’impose donc aujourd’hui comme un rendez-vous incontournable, à la fois pour recruter mais aussi pour informer, sensibiliser et maintenir le lien entre les territoires ultramarins et leurs talents.