Nouvelle-Calédonie : Emmanuel Macron « va prendre une initiative (…) pour relancer les discussions entre les partenaires politiques » selon Nicolas Metzdorf

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Nouvelle-Calédonie : Emmanuel Macron « va prendre une initiative (…) pour relancer les discussions entre les partenaires politiques » selon Nicolas Metzdorf

« Concerné, impliqué, inquiet ». C’est ainsi que le député Renaissance de Nouvelle-Calédonie décrit l’état d’esprit du président de la République après l’échec du « conclave » de Deva. Selon Nicolas Metzdorf, reçu par Emmanuel Macron ce vendredi, le chef de l’État « est prêt à prendre ses responsabilités » et pourrait lancer « une nouvelle phase » de négociations sur l'avenir de l'archipel.

« Le président de la République est inquiet de l'évolution des choses en Nouvelle-Calédonie, notamment sur les questions pas que politiques, mais aussi économiques et sociales » a confié Nicolas Metzdorf, député Renaissance de Nouvelle-Calédonie, membre de l’intergroupe Les Loyalistes-Le Rassemblement, qui avait rejeté le projet de « souveraineté avec la France » présenté par Manuel Valls début mai.

Ce vendredi après-midi, le député était reçu par le chef de l’État à l’Élysée. « Je crois qu'il n'a pas envie de rester sur l'échec de Deva » estime Nicolas Metzdorf qui dit avoir trouvé un interlocuteur « concerné, impliqué, inquiet » de la situation calédonienne. « Il m'a rappelé que c'était sa prérogative que de traiter de la question de la souveraineté de la France. C'était à son niveau que ça se traitait, donc je pense qu'on aura des nouvelles de lui prochainement ».

« Une nouvelle phase sous l'impulsion d'Emmanuel Macron »

Quant au déclenchement des élections provinciales, qui doivent avoir lieu, avec ou sans accord, au 30 novembre au plus tard, elles ne sont pas, selon Nicolas Metzdorf, la « priorité » du chef de l’État. En tous les cas, pas pour l’heure, notamment si les discussions sont prises en main par ce dernier. D’après le député, ces discussions pourraient aussi aller au-delà du format comité de suivi évoqué par Manuel Valls.

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« On est dans un format que l'Élysée pourrait décider en associant un maximum de monde, en reprenant aussi les élus sur la question institutionnelle », mais aussi économique et sociale, insiste Nicolas Metzdorf, qui se dit « satisfait de voir que le président de la République n'est pas déconnecté du dossier calédonien ». « Il le suit, il s'en inquiète et il est prêt à prendre ses responsabilités. Je pense qu'on va entrer dans une nouvelle phase sous l'impulsion d'Emmanuel Macron ».

S’il assure ne pas vouloir « disqualifier » Manuel Valls, le député Renaissance estime toutefois que le ministre des Outre-mer « est clairement en difficulté sur le dossier calédonien », et va jusqu’à remettre en cause la présence de Manuel Valls dans la suite des discussions. « Il a pris parti pour les indépendantistes dans son projet. Il ne faut pas s'attendre, de notre part, à un soutien de la présence du ministre dans les futures négociations ».

Avant son entretien avec le chef de l’État, Nicolas Metzdorf a aussi été reçu par le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, pour parler « prison et justice » et plus particulièrement, de « la nécessité de maintenir une forme de sévérité de la justice en Nouvelle-Calédonie compte tenu du danger des exactions qui pourraient revenir ». Le député a aussi évoqué les conditions de travail des agents pénitenciers du Camp-Est, principal centre pénitentiaire calédonien.

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Nicolas Metzdorf doit poursuivre ses rendez-vous auprès du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet et du président du Sénat, Gérard Larcher. « C'est l'avantage d'être Calédonien, c'est qu'on voit les pontes de la République » assume Nicolas Metzdorf qui confie « l'éventualité et la possibilité d'aller rejoindre le président de la République à Singapour, pour le Shangri-La Dialogue, pour parler de l'axe indopacifique ».

Interrogé sur la proposition de loi du sénateur calédonien Georges Naturel, qui vise à ouvrir partiellement le corps électoral provincial avant d’éventuelles élections, sans surprise, Nicolas Metzdorf se dit opposé, à l’instar de l’intergroupe Les Loyalistes-Le Rassemblement, qui a dénoncé une initiative « solitaire et dangereuse » du sénateur LR .

« La loi organique de Georges Naturel ne va pas loin du tout. Elle est même plutôt favorable aux indépendantistes dans la mesure où son texte n’ouvre le corps électoral qu'au natif et propose une inscription automatique des coutumiers contre des démarches pour les statuts de droit commun. Donc, ce n'est clairement pas le dégel du corps électoral que moi, j'aurais souhaité faire », explique le député.

Le député appelle plutôt à « essayer de trouver une solution d'ouverture du corps électoral dans la négociation avec les indépendantistes ». « Comme le président de la République va annoncer une initiative dans les prochains jours, ça sera l'occasion d'en parler avec les indépendantistes », poursuit le député qui assure « être optimiste » pour la suite.

« Les Calédoniens savent que c'est compliqué, que les discussions politiques sont difficiles, mais la Nouvelle-Calédonie est un beau pays avec un fort potentiel, avec une population jeune qui ne demande qu'à regarder devant. Je pense que si on arrive à régler nos différentes politiques, on a un avenir radieux qui s'offre à nous », a-t-il conclu.