En Polynésie, le glissement de terrain meurtrier d’Afaahiti a réveillé les souvenirs douloureux de 1998 et 1987

Mercredi à l'aube, un glissement de terrain à Afaahiti, sur l'île de Tahiti, a fait 8 victimes ©Commune de Taiarapu Est

En Polynésie, le glissement de terrain meurtrier d’Afaahiti a réveillé les souvenirs douloureux de 1998 et 1987

Si les pluies intenses sont fréquentes entre décembre et mars en Polynésie, les glissements de terrain meurtriers comme celui d'Afaahiti, survenu ce mercredi, restent rares. Sur place, beaucoup se souviennent des éboulements de Taha’a en 1998 et de Huahine en 1987, qui tous deux ont fait 18 victimes.

Depuis mercredi matin, une vague d'émotions traverse la Polynésie française. Le glissement de terrain d’Afaahiti, qui a fait 8 victimes dont une fillette de 3 ans, a ravivé des souvenirs douloureux chez certains habitants de cette Collectivité du Pacifique. « Le 6 février 1998, lors des éboulements de Taha’a (îles sous-le-vent, ndlr), il y avait aussi 8 victimes dont un enfant de 6 ans » se souvient Patricia Amaru, maire de l'île vanille, interrogée par Polynésie La 1ère.

Sur Facebook, Heifara Tehuiotua, alors habitant de cette île au nord-ouest de Tahiti, raconte : « Parmi eux, il y avait des proches (ma petite sœur, mon beau-frère, mon neveu, mon cousin et sa copine, un couple d'anciens et un autre jeune compagnon de pêche de mon beau-frère). Et ce matin en prenant le petit déjeuner avec ma maman, nous discutions des victimes d'Afaahiti et elle essayait tant bien que mal de cacher ses larmes. J'ai bien vu qu'elle faisait le parallèle avec ce que nous avons vécu en 1998 ». « Leur histoire a été chantée par le célèbre groupe de Te Aho Purotu » ajoute-t-il.

Lire aussi : Glissement de terrain à Tahiti : Le corps de la dernière victime retrouvé, des experts géologues dépêchés sur place

Onze ans plus tôt, c’est à Huahine, également dans le sous-archipel des îles sous-le-vent, qu’un glissement de terrain avait fauché une famille entière de dix personnes, dont sept enfants, rappelle encore Polynésie La 1ère. Seul un jeune garçon a été épargné par la coulée de boue, ce vendredi 17 avril 1987 : « son père l’avait envoyé donner l'alerte après avoir observé des mouvements de terrain anormaux sur les pentes de la colline voisine ».

Ce jeudi matin, alors que « le Pays tout entier est sous le choc », une journée de recueillement et une minute de silence, à 8h (locale), ont été décrétés par le gouvernement polynésien, qui avait également mis les drapeaux du pays en berne. Sur les réseaux sociaux, un élan de solidarité et de soutien s’est largement répandu à l’égard des familles et proches des victimes, tout comme des hommages aux 200 secouristes mobilisés toute la nuit pour retrouver les corps des victimes. Une messe œcuménique est également prévue samedi matin dans le district voisin d'Afaahiti.

Du côté des services de l’État, des pays et des communes, l’enquête débute pour comprendre ce qui a pu, en plus des fortes pluies du week-end passé, provoquer un tel drame humain. Une enquête pour homicides involontaires a été ouverte, confiée à la brigade de recherches de la gendarmerie nationale. Les autorités restent aussi sur le qui-vive : un nouvel épisode pluvieux pourrait concerner les îles de la Société, dont Tahiti, ce week-end et en début de semaine prochaine, alors que les sols sont déjà fragilisés et rendus instables par les précédentes pluies.