C’est la première fois que la SOP Manu parvient à faire naître et grandir un monarque de Fatu Iva en captivité. Le programme lancé en 2022 a pour objectif de sauver cette espèce qui vit dans une seule vallée de l’île de Fatu Hiva. On compte aujourd’hui seize individus et seulement deux couples qui se reproduisent. Malheureusement, les petits sont rares à arriver à l’âge adulte à cause des rats, des chats sauvages et de la malaria aviaire, une maladie transmise par les moustiques. D’où la mise en place de ce programme pour essayer de remonter les populations. Ce juvénile, qui va bien, porte donc les espoirs de l’association dans cette mission « de la dernière chance ». Explications de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
Ce sont des moments très délicats que l’association SOP Manu raconte sur sa page Facebook : le prélèvement d’un œuf de monarque de Fatu Iva (écrit sans H pour respecter la graphie marquisienne) dans la nature, son incubation en laboratoire, la naissance du petit et ses progrès de juvénile. Une première pour cette espèce classée en danger critique d’extinction sur la liste de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
La SOP Manu compte aujourd’hui 16 individus dont deux couples qui continuent à se reproduire, tous vivant uniquement dans la même vallée de l’île de Fatu Hiva, dans l’archipel des Marquises, et nulle part ailleurs. Une mission « de la dernière chance » explique l’association pour sauver un oiseau tué petit à petit par les rats, les chats sauvages et la malaria aviaire, une maladie transmise par les moustiques.
En 2023, la SOP Manu a prélevé des œufs dans la nature et tenté de faire naître et grandir des petits. Que des échecs. « 2023 a été une année terrible », résume la responsable du projet, la biologiste italienne Chiara Ciardello. En 2024, deux petits, prélevés une fois sortis du nid, sont élevés en captivité, l’un est relâché dans la nature mais ne survit que quelques mois et le second continue aujourd’hui à vivre en captivité. Et cette année, le programme de prélèvement d’un œuf redémarre avec les bons conseils des spécialistes de Hawaii qui ont « des protocoles expérimentés ».
Fin novembre un œuf est prélevé, à un moment précis où le couple devrait se remettre à pondre un nouvel œuf tout de suite après la disparition du premier, il est déposé au sein d’une couveuse spécialement conçue, où chaque paramètre doit être précisément vérifié : température et taux d’humidité notamment. « L’œuf doit être à une température constante de 37,5 degrés et une humidité autour de 50%. Alors qu’à Fatu Hiva, l’humidité peut monter à 90%. Et même si les couveuses sont fermées, il y a toujours des échanges avec l’extérieur. On doit toujours être là pour contrôler l’humidité dans la couveuse. C’est un monitoring qui se fait toutes les heures, 24 heures sur 24. »
Début décembre, l’œuf éclot. « Les premières 96 heures ont été intenses : nourrissages micro-précis adaptés à son régime d’insectivore, suivi continu, gestes millimétrés… » Et pour la première fois, ça a fonctionné. La SOP Manu indique sur sa page Facebook que les équipes se sont « mobilisées jour et nuit » et leurs analyses ont révélé « une intolérance alimentaire à l’œuf ».
Il a donc fallu s’adapter et réinventer un régime qui convienne à cet oisillon. Après 18 jours de soins continus, le juvénile a quitté son nid pour s’installer sur une branche : « Un moment inoubliable pour toute l’équipe. » Ce protocole devrait être remis en place pour les prochains œufs prélevés dans la nature mais il faudra toujours l’adapter.
L’objectif, explique Chiara Ciardello, est d’avoir 15 oiseaux en captivité et espérer voir des couples se former pour donner naissance à des petits. C’est cette deuxième génération qui sera ensuite relâchée dans la nature pour essayer de faire grandir la population des monarques de Fatu Iva et donc sauver l’espère. Dans le cadre du projet Life Stop Extinction, d’autres actions sont prévues comme le suivi des oiseaux dans la vallée, la dératisation, une campagne de stérilisation des chats, la mise en place de pièges à moustiques et un projet mené avec l’institut Malardé pour des lâchers de moustiques stériles.
Lucie Rabreaud pour Radio 1 Tahiti























