Mayotte : Un an après le cyclone Chido, l’ONF dresse un état des lieux et renforce la restauration des forêts mahoraises

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Mayotte : Un an après le cyclone Chido, l’ONF dresse un état des lieux et renforce la restauration des forêts mahoraises

Un an après le passage du cyclone Chido, qui a frappé Mayotte dans la nuit du 13 au 14 décembre 2024, l’Office national des forêts (ONF) publie un bilan des dégâts infligés aux écosystèmes et des actions engagées pour restaurer les massifs forestiers de l’île. Selon l’établissement, l’événement climatique a provoqué « des dégâts considérables », avec des vents de plus de 200 km/h ayant détruit entre 30 % et plus de 80 % des arbres selon les zones.


Les forêts publiques gérées par l’ONF, qui couvrent près de 30 % de l’archipel, ont été touchées dans leur ensemble, avec un constat alarmant de 30% à plus de 80% des arbres détruit dans ces forêts. Les voies d’accès sont devenues impraticables et les limites forestières, parfois effacées par les chutes d’arbres. La biodiversité mahoraise a également été affectée, notamment les espèces frugivores telles que les chauves-souris forestières et les makis, confrontées à une forte perte d’habitats et de ressources alimentaires.

Une année mobilisation intense

Dans les mois ayant suivi le cyclone, les équipes de l’ONF ont priorisé le déblaiement et la sécurisation des routes afin de rétablir l’accès aux massifs. Parallèlement, des agents du Conservatoire botanique national de Mayotte (CBNM) et de l’ONF ont mené une évaluation de l’impact sur les espèces à enjeux patrimoniaux. Une analyse des dégâts forestiers combinant photo-interprétation et observations de terrain a également été réalisée avec l’appui d’ONF International. Ces travaux ont permis de produire des cartes précises des niveaux d’impact et de redéfinir les périmètres des forêts publiques, un élément essentiel pour prévenir le défrichement et les cultures illégales.

Des enjeux critiques : espèces invasives et manque de graines

Les observations menées au cours de l’année font apparaître plusieurs préoccupations. La mise à nu des sols a facilité la propagation d’espèces exotiques envahissantes telles que la corbeille d’or, l’avocat marron ou encore l’acacia, ce qui freine la régénération naturelle des essences locales. L’ONF mène des actions d’arrachage ciblées pour favoriser le retour d’espèces indigènes comme le takamaka, le barabaï ou encore le badamier.
Un autre enjeu majeur concerne la disponibilité en graines et la diversité génétique, fortement réduites par la destruction d’un grand nombre d’arbres porteurs de fruits. Pour y répondre, une banque de graines doit être créée, financée par le Fonds vert et portée par le CBNM. L’ONF collabore également avec des pépiniéristes pour garantir la production de plants.

Un chantier pensé sur une décennie au moins

L’ONF vise le rétablissement d’un couvert forestier satisfaisant d’ici dix à quinze ans. La régénération naturelle sera privilégiée chaque fois que possible. Lorsque celle-ci sera insuffisante, ou en cas de risques accrus d’érosion ou d’incendie, des plantations seront effectuées. L’établissement prévoit le reboisement de 20 hectares par an au cours des trois prochaines années, avec une première campagne prévue entre janvier et février 2026. Les forestiers interviendront régulièrement pour accompagner la reconstitution des milieux forestiers, avec l’appui de financements européens, nationaux et privés.

Pour renforcer la surveillance et le suivi de la reconstruction écologique, un Observatoire forestier de Mayotte doit être opérationnel en 2026. Grâce à l’utilisation de drones et à la photo-interprétation, il permettra un contrôle régulier de l’évolution des zones restaurées, tout en surveillant le déboisement et les occupations irrégulières.

Rachida Omar, directrice déléguée ONF à Mayotte : « Nous avons travaillé avec le fonds de dotation ONF-Agir pour la forêt afin de mobiliser des fonds et financer les travaux de restauration. Nous travaillons avec le département ressources génétiques forestières de l’ONF afin d’accompagner le conseil départemental dans la remise en état de son arboretum, source principale de semences forestières pour l’île qui a été dévasté par Chido. Afin de répondre à ce grand défi, on avance pas à pas en prenant en considération la résilience des forêts et les capacités des acteurs de la filière, notamment les pépinières »