Mayotte Fly Services : la société spécialisée en secours et en surveillance en mer qui souhaite se développer dans la région

Mayotte Fly Services : la société spécialisée en secours et en surveillance en mer qui souhaite se développer dans la région

Créée dans le but de développer une filière locale pour les jeunes pilotes professionnels d’avion, la société Mayotte Fly Services est depuis maintenant deux ans principalement dédiée aux missions de surveillance et de secours en mer dans la zone océan Indien. La structure est basée près de l'aéroport International Marcel Henry et ses équipes peuvent être sollicitées 7 jours/7; 24h/24. Depuis quelques mois, les besoins ne cessent de croître sur le territoire de Mayotte, mais également dans la région.

 

À l’origine, Mayotte Fly Services est spécialisée dans la distribution de carburant aéronautique (essences d’aviation générale AVGAS 100LL et UL91) et dans tout ce qui concerne les services aéronautiques, de la formation en passant par l’hébergement et la location d’aéronef. Lorsqu’en 2019, Mathieu Vargas, le directeur actuel, décide de quitter La Réunion pour Mayotte, c’est une tout autre direction qu’il va donner, avec son associé, à l’entreprise. « Lorsque je suis arrivé, c’était avec l’idée de créer une activité autour des hydravions. On ne le sait pas, mais Mayotte est le département français qui possède le plus d’hydrobases. Elles datent de la Seconde Guerre Mondiale. À cette époque, le territoire était ravitaillé par hydravions ». L’idée séduit auprès des acteurs locaux, mais les besoins sont ailleurs : un travail aérien spécifique doit être réalisé au départ de Mayotte, notamment dans la surveillance des eaux dans le canal du Mozambique.

Secourir et Surveiller

Malgré des débuts difficiles en 2020, en pleine crise Covid, Mayotte Fly Services (MFS) s’est positionnée depuis sur des missions de secours en mer, mais également dans la surveillance des frontières et de trafic de stupéfiants autour des eaux françaises de la Zone Économique et Exclusive. « Le secours en mer, ce n’était pas notre mission initialement, mais nous le faisons, à titre gratuit. Notre position géographique nous permet d’intervenir plus vite. Nous travaillons avec du matériel de pointe. Nos bimoteurs disposent de 10 heures d’autonomie », explique Mathieu Vargas. « De Mayotte, nous sommes à 50 minutes des Glorieuses. En cas de besoin, l’équipage de service peut décoller à tout moment. Nous transmettons alors les informations au Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage qui prend la suite des opérations ».

 L’autre mission de MFS, c’est le renseignement et la surveillance. Pour cela, plusieurs millions d’euros ont été investis par les dirigeants. S’ils étaient au départ deux, la société emploie aujourd’hui quatre pilotes, un mécanicien et quatre opérateurs- chefs de mission. « En à peine dix mois, nous avons réussi à employer douze personnes à pleine temps, localement. Quand la ressource n’est pas à Mayotte, nous sommes obligés de chercher ailleurs certes, mais c’est une fierté de voir évoluer ces personnes qui ont commencé, il y a moins d’un an et qui maîtrisent aujourd’hui cette technologie de dernière génération ». 

Au-delà des frontières

Aujourd’hui, fort de deux aéronefs spécialisés, équipés de caméras géo-stabilisées, d’un téléphone par satellite, ainsi que d’un atelier de maintenance certifié par les autorités européennes, Mayotte Fly Services souhaite se déployer dans toute la zone.

« Nous travaillons principalement avec l’État français, mais nous sommes en train de nous diversifier pour pouvoir opérer sur tout le secteur du canal du Mozambique. Les besoins en surveillance sont énormes, notamment avec le développement de l’exploitation gazière et nous pouvons proposer une surveillance accrue avec nos moyens aériens », informe Mathieu Vargas. « Nous pouvons également surveiller des espaces menacés par le braconnage, comme les Îles Éparses, par exemple ».

Ainsi, le secteur de l’aéronautique confirme son dynamisme sur le territoire avec le développement d’activités autour du travail aérien. Néanmoins, les moyens matériels investis sont colossaux et la réglementation très stricte, comme le souligne le directeur de MFS: « il y a moins de concurrence à Mayotte que dans l’Hexagone, c’est vrai, mais c’est un parcours du combattant pour mener à bien un projet dans ce secteur, tellement il est difficile d’appliquer cette réglementation européenne dans un territoire ou l’approvisionnement et les formations sont difficiles d’accès».

Cela ne semble pas décourager les différents acteurs du secteur, qui se rendent bien compte des potentialités et des chantiers à mener à Mayotte, qui, plus que jamais, peut se positionner comme un hub régional dans les prochaines années.

Abby Said Adinani