Culture : L’édition se met à la page à Mayotte

Culture : L’édition se met à la page à Mayotte

Du 2 au 5 novembre prochains, les ateliers « Création et développement de Maisons d’édition à Mayotte », mis en place par l’agence régionale du livre et de la lecture (ARLL) et la direction des affaires culturelles (DAC), accueilleront un large public afin de discuter de l’avenir de l’édition dans le 101ème département français. Le projet a pour but d’informer, d’échanger, d’identifier et de mettre en relation les divers acteurs du livre sur l’île, mais aussi des intervenants venus de l’Hexagone et de tout l’océan Indien. Détails de notre partenaire Mayotte Hebdo.

Plurilinguisme, insularité, prédominance de la culture orale… À Mayotte, le secteur du livre reste encore très étroit. Alors qu’en France hexagonale, on trouve une librairie pour 20 000 habitants. On n’en dénombre que trois dans le 101ème département, soit cinq fois moins que dans le reste de l’Hexagone. Si des maisons d’édition sont nées et continuent à vivre sur l’île, le secteur tend encore à se développer et à se structurer. Le marché du livre et de la lecture serait pourtant en pleine expansion, selon Bruno Lacrampe, conseiller livre et lecture, archives, médias, langue française et langues de France à la direction des affaires culturelles (DAC) de Mayotte. 

« D’après nos derniers rapports, les trois libraires de l’île auraient généré un chiffre d’affaires de 1.5 à 2 millions d’euros sur l’année 2021 », précise-t-il. Un chiffre encourageant qui montre un engouement croissant pour la lecture sur l’île aux parfums. « Aujourd’hui, le public que nous croisons en librairie est en train de s’élargir. Nous savons que la population mahoraise est composée à plus de 50% de jeunes qui sont initiés à la lecture dès l’école. Certains parents ont alors pris conscience de l’importance de celle-ci dans l’éveil et l’éducation de leurs enfants et achètent des ouvrages », détaille le conseiller livre et lecture de la DAC. 

Développer des structures locales 

Par le biais des quatre jours d’ateliers programmés du 2 au 5 novembre prochains, l’agence régionale du livre et de la lecture et la direction des affaires culturelles espèrent créer un espace d’échanges et de débats pour penser au mieux l’avenir de ce secteur sur le territoire. Pour cela, des professionnels de l’édition feront le déplacement afin de partager avec les acteurs mahorais. Venus de Madagascar, de l’île Maurice, mais aussi de France métropolitaine, ils partageront leurs expériences et leurs compétences. « Le but est de créer un dialogue. Voir ce qui se fait ailleurs et penser au mieux un modèle qui puisse s’adapter aux enjeux de Mayotte », explique Isaure de Lignerolles, la directrice de l’agence régionale du livre et de la lecture.

Auteurs, acteurs de la chaîne du livre, membres du conseil départemental, de la CRESS (chambre régionale de l’économie sociale et solidaire) ou encore de la préfecture sont d’ores et déjà inscrits aux ateliers. Un public varié que Raphaël Thierry, agent littéraire au sein de l’agence Astier-Pécher, se réjouit de rencontrer. « J’ai pu travailler dans le secteur du livre dans la région de l’océan Indien et des Caraïbes, mais je ne me suis jamais rendu à Mayotte. Ces ateliers seront l’occasion de croiser les connaissances des intervenants extérieurs et des acteurs locaux afin de réfléchir à la meilleure façon de penser l’édition à Mayotte », précise le Lyonnais.

En effet, les coûts de production et de transport s’avèrent être de véritables freins au développement de ce secteur sur l’île aux parfums. De plus, les professionnels souhaitent mettre en avant l’édition en langues régionales, à l’instar du shimaoré et du kibushi. Ceci permettrait alors de mettre en avant la formidable diversité culturelle du territoire. Un défi de taille et un avenir éditorial qui reste encore à écrire !

Mayotte Hebdo