La prolifération des armes à feu en Martinique ne laisse plus de doutes sur un trafic ciblé et structuré

©Police nationale de Martinique

La prolifération des armes à feu en Martinique ne laisse plus de doutes sur un trafic ciblé et structuré

Les armes à feu exhibées entre les mains d'adolescents sur les réseaux sociaux. Un rythme effrayant d'homicides sont autant d'indices. Un sujet de notre partenaire RCI Martinique.

Sur TikTok, sur Snapchat, ou dans de courtes vidéos relayées par les réseaux sociaux, des jeunes femmes et des jeunes hommes posent désormais avec des armes à feu comme avec un simple accessoire de mode.

Une tendance inquiétante alors que la Martinique enregistre aujourd’hui un homicide tous les quinze jours. En poste depuis sept mois, le commissaire Michel Aleu, directeur territorial de la police nationale, dresse un constat sans détour : « Nous, côté police, la moyenne, c'est entre une et deux armes par semaine. Parfois, c'est plus, parfois, c'est moins. Cette dernière semaine, par exemple, on a saisi six armes de poing. En termes d'homicide, également, nous sommes en train d’avoir actuellement des chiffres assez inquiétants qui sont déjà supérieurs à l'année 2024, qui a déjà été une mauvaise année. Donc, on voit qu'il y a un usage aussi débridé de ces armes à feu ».

Depuis le début de l'année, plus de 140 armes ont été saisies en Martinique. Mais ces saisies ne suffisent pas à enrayer la violence. Avec 25 homicides à ce jour, les chiffres de 2025 dépassent déjà ceux de 2024 qui était pourtant une année particulièrement meurtrière.

Un trafic structuré

Longtemps, les autorités ont pensé que les armes n’arrivaient qu’en marge du trafic de stupéfiants. Mais les enquêtes récentes révèlent une autre réalité : celle d’un véritable réseau d’importation parallèle. « Nous avons constaté que beaucoup d’armes de poing très récentes proviennent des États-Unis et du Brésil. Elles arrivent sur l’île en seulement quelques mois, en excellent état de fonctionnement », explique le commissaire Michel Alleu. « Glock, Taurus et autres modèles circulent ainsi largement sur le territoire ».

Face à ce constat, le ministre de l’Intérieur a annoncé la création de groupes d’enquête spécialisés dans le trafic d’armes aux Antilles. Leur mission : identifier les fournisseurs, les revendeurs et même les acheteurs, qui peuvent parfois se retrouver sur des groupes privés de réseaux sociaux. En parallèle, la justice continue d’appliquer une ligne dure : la détention illégale d’une arme entraîne au minimum deux ans d’emprisonnement ferme.

RCI Martinique