Ce jeudi 6 novembre aura lieu le Congrès des Régions de France à Versailles, avec au programme des débats : la décentralisation, les mobilités ou encore la compétitivité internationale. Autant de sujets qui intéressent les Régions ultramarines, qui bénéficient cette année d’une séquence dédiée, ce mercredi, veille du Congrès. « Les Outre-mer ne peuvent pas être considérés comme des territoires en marge de nos débats, mais comme des collectivités à part entière du destin français et européen » estime la présidente des Régions de France, et présidente de la Région Occitanie, Carole Delga.
Outremers360 : Vous ouvrez le Congrès de Régions de France par une séquence dédiée aux Outre-mer. Pourquoi cette décision ?
Carole Delga : parce que les Outre-mer ne peuvent pas être considérés comme des territoires en marge de nos débats, mais comme des collectivités à part entière du destin français et européen. Ce sont des espaces de créativité, d’engagement et de résistance face aux défis contemporains : climat, alimentation, énergie, jeunesse, emploi.
Mais ils cumulent aussi des retards structurels profonds, hérités de décennies d’inégalités d’investissements et de normes inadaptées. Nous avons voulu placer les régions d’Outre-mer au cœur du Congrès, non pas pour effectuer un geste purement symbolique, mais pour dire clairement que leur développement doit être une priorité nationale.
Outremers360 : Quelles sont aujourd’hui, selon vous, les priorités absolues pour les Outre-mer ?
Carole Delga : les Outre-mer font face à des défis majeurs : dépendance alimentaire et énergétique, vulnérabilité climatique, retards d’infrastructures. Mais les régions d’outre-mer doivent en outre faire face à un cadre national et européen trop rigide. Les politiques publiques doivent s’adapter aux réalités ultramarines, pas l’inverse. Les normes, les délais, les règles d’éligibilité ou de cofinancement, pensés pour l’Hexagone ou pour le continent européen, deviennent absurdes quand on les applique telles quelles en Guyane, en Guadeloupe, à la Martinique, à Mayotte ou à La Réunion.
Le message des présidents de régions est d’une clarté absolue : il faut cesser de plaquer des modèles uniformes sur des territoires qui vivent des réalités exceptionnelles. Cela suppose une véritable différenciation dans la mise en œuvre des politiques publiques, mais aussi un accompagnement spécifique en ingénierie et en financement. Donner les moyens humains, techniques et financiers aux Régions ultramarines, c’est leur permettre d’agir efficacement et durablement pour leur population.
Outremers360 : Quelles actions concrètes Régions de France a-t-elle menées récemment en faveur des Outre-mer ?
Carole Delga : Nous avons renforcé la Commission Outre-mer pour qu’elle devienne un espace de réflexions et de propositions à part entière, sous la présidence d’Huguette Bello. Les Présidents s’y retrouvent désormais tous les deux mois, et leurs équipes travaillent ensemble pour trouver les meilleures solutions techniques possibles sur les fonds européens, la vie chère, les questions d’investissement ou de formation. Nous agissons aussi pour répondre aux urgences. Les Régions ont débloqué 1,415 million d’euros d’aide humanitaire pour Mayotte après le cyclone Chido, en quelques jours seulement. Je me suis par ailleurs rendu sur place à l’invitation du président Ben Issa Ousseni, ainsi qu’à La Réunion, pour mesurer les dégâts par moi-même et attester de notre solidarité.
Outremers360 : Quels messages porterez-vous dans les mois à venir auprès du Gouvernement et du Parlement ?
Carole Delga : D’abord, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2026, nous défendrons l’extension du Versement mobilité régional aux Outre-mer afin de donner aux régions un levier pour le financement de leurs projets de transport. Nous serons également attentifs au respect des engagements pris par l’État, notamment le maintien du soutien exceptionnel de 30 millions d’euros à la Collectivité territoriale de Guyane. Le président Gabriel Serville viendra d’ailleurs témoigner lors de notre Congrès des enjeux multiples auxquels il doit faire face.
Ensuite, nous veillerons à ce que le futur projet de loi sur la décentralisation tienne pleinement compte des spécificités ultramarines : cela signifie des moyens adaptés, un accompagnement en ingénierie et en financement à la hauteur, des normes ajustées, et une véritable reconnaissance du rôle des Régions comme forces d’initiative et de transformation. L’État doit comprendre que l’égalité ne se décrète pas, elle se construit sur le terrain par des actes concrets. Nous y veillerons.























