Le Centre Spatial Guyanais (CSG) entre dans une nouvelle ère. Pour la première fois depuis plus de quarante ans, Arianespace ne sera plus le seul opérateur de lancements depuis la base de Kourou. L’industriel italien Avio a reçu une licence d’exploitation de dix ans, délivrée par la France pour opérer le lanceur Vega C.
Une décision qui met fin au monopole historique d’Arianespace, qui assurait jusque-là la commercialisation des fusées Ariane, Vega et Soyouz depuis le CSG. Désormais, le modèle de Kourou se rapproche de celui de Cap Canaveral aux Etats-Unis, où plusieurs opérateurs partagent les infrastructures comme dans un aéroport accueillant différentes compagnies aériennes.
Philippe Baptiste, ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et Marc Ferracci, ministre chargé de l’Industrie et de l’Énergie, se félicitent, après les deux succès commerciaux d’Ariane 6, d’une nouvelle avancée dans la mise en œuvre des décisions du Sommet de Séville, en faveur d’une Europe de l’espace plus dynamique et compétitive
L’attribution de cette licence s’inscrit dans le prolongement du sommet ministériel de l’Agence spatiale européenne (ESA) tenu à Séville en novembre 2023. Les États membres y avaient décidé de favoriser la diversification des opérateurs afin de renforcer la compétitivité et l’autonomie de l’Europe spatiale face aux géants américains et chinois.
Dans ce contexte, Avio a progressivement pris en charge la gestion commerciale de Vega C. Une résolution adoptée le 5 juillet 2024 a officialisé ce transfert, suivie en décembre de la signature d’un contrat-cadre avec l’ESA pour fournir des services de lancement, dont la mission d’observation de la Terre FORUM prévue en 2027.
Le 28 janvier 2025, un accord trilatéral entre Avio, Arianespace et la Commission européenne a également permis le transfert à Avio du contrat Copernicus, jusque-là opéré par Arianespace.
L’ESA a par ailleurs prévu une subvention pouvant atteindre 21 millions d’euros par an pour soutenir le lanceur Vega C entre son 26e et son 42e vol. Cette aide vise à garantir la continuité des missions et la compétitivité du lanceur sur le marché international.
Le calendrier des lancements depuis le CSG reste coordonné par le Centre national d’études spatiales (CNES), en concertation avec l’ESA et l’ensemble des opérateurs. L’arrivée d’Avio marque une étape stratégique pour le spatioport européen, appelé à accueillir une offre élargie de lanceurs dans les prochaines années.
Damien CHAILLOT