Guyane : Escale du Plastic Odyssey, le navire hors du commun pour le recyclage des déchets plastiques

Guyane : Escale du Plastic Odyssey, le navire hors du commun pour le recyclage des déchets plastiques

Depuis une semaine, le Plastic Odyssey est en escale en Guyane, au port de Degrad-des-Cannes. Ce navire, parti pour une mission de 3 ans, ambitionne d’agir en fabriquant des systèmes de recyclage directement à bord, mais également en promouvant le recyclage du plastique à terre, en participant recherche de solutions de recyclage novatrices et à des alternatives à ce matériau extrêmement polluant pour les océans du globe. Interviews réalisées au micro de notre partenaire Radio Peyi.

Parti d’Hexagone en octobre 2022, le Plastic Odyssey sillonne les mers et océans du globe, recyclant le plastique à bord avec des machines dédiées, tout en mettant en avant de nombreuses solutions pour le recyclage à terre lors de ses escales. Afin de réduire l’affluence de nouveaux déchets plastiques dans les milieux marins, à chaque nouvelle escale, l’équipage présente des expositions sur la thématique, qui s’enrichissent au fur et à mesure de leur voyage, en découvrant de nouvelles méthodes, objets, procédés innovant découverts lors de chaque nouvel arrêt à terre, qui sont alors ajouté à l’exposition.

Morganne Kerdoncuff, responsable des escales sur la Plastic Odyssey, était au micro de nos partenaires de Radio Péyi. Elle revient tout d’abord sur le bilan accablant de la pollution des océans par le plastique : « Le chiffre le plus marquant qu’on sort pour parler de la pollution plastique, c’est le chiffre de 19 tonnes par minute qui se déversent dans l’océan. Ce qu’on constate, c’est que seulement 5 % de ces 19 tonnes de plastique restent à la surface et sont visibles. 95 % se retrouvent à couler et se transforment en microparticules et on ne peut plus les collecter. C’est pour cela que Plastic Odyssey a pris cette approche de travailler sur des solutions à terre de valorisation du plastique, avant qu’il ne soit trop tard et qu’il se retrouve dans la nature ».

Une approche qui se traduit par des actions menées à chaque nouvelle escale : « On travaille aussi sur une autre approche qui est de sensibiliser à la réduction et au remplacement de notre usage du plastique. Aujourd’hui, recycler et valoriser, c’est très important (…) mais si demain, on ne réduit pas notre usage du plastique et qu’on ne trouve pas des solutions pour s’en passer, on ne va jamais résoudre le problème (…) À chaque escale, on sort une exposition, qu’on complète au fur et à mesure des rencontres de nouveaux objets et de nouvelles idées, sur l’angle plutôt de la réduction de notre dépendance à ce matériau ».

Un système qui fait ses preuves, et de nombreuses nouvelles idées sont collectées et partagées, en seulement 6 mois de navigation : « On est parti il y a un peu plus de 6 mois, on part pour 3 ans, donc on n’en est qu’au début finalement (…) On a réussi à recenser plein de bonnes idées qui viennent du terrain. Sur plastic Odyssey on n'invente rien, tout ce qu’on diffuse et qu’on partage ce sont des choses inventées par d’autres sur le terrain, mais des gens qui n’ont pas forcément la capacité à communiquer sur ce qu’ils font de bien (…) Dans la salle des machines, l’atelier embarqué, on a construit de nouvelles machines au fur et à mesure de ce qu’on a pu constater. Donc là, typiquement, on est en train de finir 2 nouvelles machines. Une machine qui permet de transformer des films plastiques en matière première qui pourra ensuite être formée, modelée, moulée, et une autre machine qui permet de mélanger du plastique recyclé avec du verre recyclé pour des matériaux de construction ».

Afin de rendre les procédés accessibles au plus grand nombre, les axes du « low-tech » et de « l’open source » sont privilégiés : « Le principe du projet, c’est de travailler sur des machine low-tech, donc simple à construire, à réparer, à utiliser, et c’est vrai que le recyclage aujourd’hui a souvent été abordé dans des pays où il y a de vraies filières de recyclage qui se sont développées, de manière très industrielle, très lourde en investissement et en formation, ce sont des projets qui mettent du temps à voir le jour. Nous, on a cherché à avoir un modèle plus décentralisé, plus petit aussi, donc on est sur de petites unités ? Notre approche de base, c’est de mettre à disposition les plans de ces machines en open source, donc chacun peut télécharger les plans, et chercher à les construire, les faire construire sur le territoire ».

Mais au-delà de partager leur découverte, l’équipage est également en capacité de fournir, clé en main, les machines et outils découverts au fur et à mesure de leur pérégrination : « On s’est rendu compte d’un vrai besoin dans l’accompagnement, le développement de ces micros-centres de recyclages, donc on a développé une approche qui consiste à construire de petites unités de recyclage dans des conteneurs, qu’on est en mesure de vendre et d’envoyer dans les pays qui souhaitent les développer ». Amarré à Dégrad-des-Cannes jusqu’à la semaine prochaine, le Plastic Odyssey poursuivra sa navigation à Saint-Laurent du Maroni. 

Après son escale guyanaise, le Plastic Odyssey rejoindra les Antilles où des escales sont prévues en Martinique et en Guadeloupe. Après la Caraïbe, le navire rejoindra le Pacifique par le canal du Panama pour s'arrêter à l'île de Pâques, Pitcairn et la Polynésie. 

Damien Chaillot