Dans une note conjoncturelle publiée le 17 juillet, l’IEDOM-IEOM (instituts d’émission des banques centrales des Outre-mer) fait une synthèse de la situation économique des Outre-mer pour l’année 2024 et dégage des perspectives concernant l’année en cours. Selon cet organisme le constat est clair : dans un contexte international peu sûr les territoires ultramarins doivent renforcer leur attractivité afin de compenser leur vulnérabilité. Et cela implique une transformation en profondeur.
Économie internationale instable, contrecoups de la crise sanitaire de 2020, conflits socio-politiques aux Antilles, cyclones à Mayotte et à La Réunion, émeutes en Nouvelle-Calédonie, dynamiques conjoncturelles locales incertaines, l’IEDOM-IEOM a fait le point sur la situation des Outre-mer. Synthèse.
Climat des affaires
Malgré un retour progressif à la normale, « les situations locales restent néanmoins assez contrastées », relève la note. L’indicateur du climat des affaires (ICA) des chefs d’entreprises interrogés est en berne à Mayotte (cyclone Chido), à la Martinique (mouvements sociaux), en Nouvelle-Calédonie (crise consécutive aux émeutes), et à La Réunion (cyclones et peu d’investissements). Il est par contre à la hausse en Guadeloupe (diminution des charges d’exploitation et des délais de paiement), en Guyane (grâce aux secteurs du BTP et de l’industrie), en Polynésie (tourisme), à Saint-Pierre et Miquelon (consommation, filière halieutique et tourisme), et à Wallis et Futuna (amélioration de l’emploi dans le public et le privé).
Inflation
Bonne nouvelle, elle est globalement en repli dans tous les territoires. « L’inflation en Outre-mer a maintenu sa dynamique baissière en 2024. Après avoir atteint 2,6% en glissement annuel en décembre 2023, elle s’établit à 1,6% en fin d’année 2024, contre +1,3% pour l’ensemble Hexagone+DOM », précise l’IEDOM-IEOM. Cet organisme pointe toutefois une hausse des prix de l’alimentation dans les premiers mois de 2025 à Mayotte (ainsi que de l’énergie) et à La Réunion suite aux passages des cyclones Chido et Garance. Les prix de l’alimentaire et de l’énergie sont de même en augmentation à Wallis et Futuna. En outre, les troubles de mai 2024 en Nouvelle-Calédonie ont relancé une inflation qui était « atone depuis plusieurs trimestres ».

Emploi
« Le nombre de salariés du privé est resté stable sur un an à La Réunion et en Guadeloupe et est en léger recul en Martinique (-1%). La Guyane française (+2,8%) et la Polynésie française (+2,9%) se distinguent, du fait notamment d’une forte croissance démographique dans le cas de la Guyane française et de bons résultats dans le tourisme pour la Polynésie française », constate l’IEDOM-IEOM. En Nouvelle-Calédonie, secouée par la crise du nickel et les émeutes, un emploi sur six a disparu en 2024. Dans le détail, le territoire enregistre une baisse de 27% des effectifs dans l’industrie, une perte d’un emploi sur dix dans les services, et de 30% dans la construction. En ce qui concerne le chômage, il demeure beaucoup plus élevé que dans l’Hexagone sur l’année 2024, avec cependant un léger recul en Polynésie et dans les départements et régions d’Outre-mer (DROM), Martinique exceptée.
Collecte des dépôts
Elle s’est élevée à 48,6 milliards d’euros dans les départements et collectivités d’Outre-mer (DCOM) à la fin décembre 2024, soit +3,6% sur un an, avec 92% des dépôts effectués auprès d’établissements locaux. Les placements sont essentiellement liquides ou à court terme, qui sont plus rémunérateurs. « En 2024, un engouement est également observé pour les placements de long terme (+3,2% après +1,8%), en lien avec l’intérêt des ménages pour les contrats d’assurance-vie. Les dépôts à vue continuent de diminuer (-2,3%), notamment pour les entreprises (-4,2%) et de manière moins marquée pour les ménages (-1,8%) », souligne l’IEDOM-IEOM. (Lecture du graphique ci-dessous : EBIL signifie « établissements bancaires installés localement », ndlr).

Perspectives
« À court terme, les perspectives d’activité sont peu favorables » pour les Outre-mer, assène la note. Mais une solution existe, le renforcement de l’attractivité, qui se décline en quatre points : L’amélioration de la concurrence, « pour limiter les risques de concurrence insuffisante et réduire les barrières à l’entrée ». La réduction des rigidités structurelles sur le marché des biens et services, qui passerait notamment par une réforme de l’octroi de mer (renouvelé jusqu’au 31 décembre 2027) « en examinant des pistes comme la simplification des taux ou leur réduction sur les produits pour lesquels il n’existe pas d’équivalent local », comme suggéré par le Comité interministériel des Outre-mer (CIOM).
Un meilleur accompagnement des entreprises : face aux difficultés de portage des projets d’investissement, l’IEDOM-IEOM préconise de simplifier les processus administratifs et de mutualiser les demandes des entreprises. Enfin, il serait souhaitable de concentrer l’effort d’investissement sur des projets porteurs. La note prend comme exemple la modernisation des ports (une connectivité renforcée pour un accès plus large aux marchés internationaux), la transition énergétique (recours aux énergies renouvelables pour diminuer la dépendance aux importations d’énergie fossile), et l’autonomie alimentaire (développement de la production locale).
PM