Assemblée générale de l’UDE-MEDEF Guadeloupe : Bruno Blandin, président, lance un appel à la mise en place d’un pacte territorial

Assemblée générale de l’UDE-MEDEF Guadeloupe : Bruno Blandin, président, lance un appel à la mise en place d’un pacte territorial

Confronté au recul démographique, à l’urgence sécuritaire et à l’instabilité fiscale, Bruno Blandin, président de l’UDE-MEDEF Guadeloupe, appelle à l’union des forces vives du territoire. À la tête d’une organisation désormais cinquième force du réseau national, il livre pour Outremers 360 sa vision et ses priorités pour l’avenir.

C’est dans une salle comble et chargée d’émotion que s’est tenue le 19 juin dernier, l’assemblée générale de l’Union des entreprises (UDE) – MEDEF Guadeloupe. Un moment fort pour la première organisation patronale de l’archipel, marquée par un vibrant hommage à Dominique Vian, ancien préfet de Guadeloupe et Guyane, et par la présence de près de 250 chefs d’entreprise. Mais au-delà du cérémonial, c’est un appel franc, presque solennel, qui a été lancé par la voix de son président : face aux défis systémiques que traverse la Guadeloupe, l’heure est à l’union et à l’action collective.

La démographie, « défi structurant » de l’économie guadeloupéenne

« Sans population active, sans jeunesse, il n’y a ni entreprises, ni croissance », a rappelé Bruno Blandin. Le ton est donné. En effet, le recul démographique est aujourd’hui le défi le plus structurant pour l’avenir de l’économie guadeloupéenne. Car le constat est alarmant : baisse continue de la population active, vieillissement accéléré, fuite des jeunes diplômés. Parmi les causes identifiées : le manque de structures d’accueil pour la petite enfance, des formations insuffisamment adaptées au marché local, et une crise familiale marquée par une hausse importante des familles monoparentales.

Inverser la tendance 

Pour enrayer cette dynamique, l'UDE-MEDEF appelle à un plan global et transversal impliquant État, collectivités, entreprises et citoyens, centré autour de grandes priorités : stabiliser et simplifier la fiscalité, renforcer la sécurité face au narcotrafic, attirer et encourager le retour des talents, développer le tourisme, accélérer la transition écologique et numérique et soutenir la production locale pour garantir notamment une autonomie alimentaire : « On ne peut plus dépendre uniquement des importations. En cas de crise, notre résilience doit passer par une production relocalisée et un soutien actif au monde agricole », insiste Bruno Blandin. Sur le volet "Démographie", l'UDE-MEDEF souhaite une véritable politique publique territorialisée.

LODEOM : « Pas de compétitivité sans stabilité fiscale »

Pour les entreprises guadeloupéennes, le véritable sujet de préoccupation reste la fiscalité et en particulier, l’avenir du dispositif LODEOM, crucial pour les entreprises locales : « Chaque changement de ministre relance l’incertitude. On ne peut pas construire une stratégie durable avec des dispositifs qui bougent sans concertation. Les TPE-PME ont besoin de visibilité et de stabilité », alerte l'UDE-MEDEF qui plaide pour une simplification administrative et un engagement pérenne de l’État.

Sécurité : un préalable au développement

Difficile d’ignorer le poids grandissant de l’insécurité dans le quotidien des entrepreneurs. Ports, aéroports, zones industrielles : le narcotrafic s’est infiltré dans les points névralgiques de l’économie locale, alerte Bruno Blandin : « Les jeunes sont les premières victimes de cette économie parallèle. Tant qu’on ne restaure pas la confiance, on ne relancera ni l’investissement, ni l’emploi.» Le Medef dénonce un manque criant de moyens et appelle l’État à des réponses concrètes et immédiates.

Rencontrer les entreprises 

L’UDE-MEDEF Guadeloupe ne se limite pas à dresser des constats et multiplie les rencontres de terrain avec les entreprises pour identifier obstacles et réussites notamment lors du « Tour économique de Guadeloupe » : « Le contact avec le terrain, les entrepreneurs, les jeunes créateurs, les TPE et PME nourrit nos actions. C’est ainsi que nous captons les signaux faibles et que nous élaborons des solutions réalistes et adaptées », explique Bruno Blandin. 

Par ailleurs, le Medef lance un appel au monde universitaire pour qu’il sorte de son isolement et s’ouvre davantage aux réalités économiques du territoire : « L’université regorge de talents. Il est temps de dépasser les logiques de cloisonnement pour co-construire des projets qui bénéficient pleinement à la Guadeloupe », souligne Bruno Blandin.

Transition écologique et numérique : transformer les contraintes en atouts

Face aux défis climatiques qui frappent la Guadeloupe, le MEDEF voit une opportunité d’innovation. L’économie circulaire, les technologies vertes, le numérique et la production locale sont autant de leviers pour transformer ces contraintes en atouts : « Ce sont des sujets qui doivent être abordés collectivement, surtout dans un territoire comme la Guadeloupe, qui bénéficie d’un fort potentiel de développement. Située au cœur de l’arc américain, la Guadeloupe peut apporter ses connaissances, ses réalités, ses valeurs tant à l’Amérique du Nord qu’à l’Amérique du Sud », souligne Bruno Blandin.

Une Guadeloupe ouverte sur le monde économique

Pour faire bouger les lignes, Bruno Blandin mise sur l’ouverture, la coopération et la mobilisation collective. La Guadeloupe sera présente à la Rencontre des entreprises de France (LaREF25) les 28 et 29 août prochains à Roland-Garros, aux côtés du Comité du Tourisme des Iles de Guadeloupe, de la CCI, de Corsair, d’élus et de chefs d’entreprise, avec l’objectif de casser les clichés et valoriser une Guadeloupe accueillante, résiliente et entreprenante, tout en créant de nouvelles synergies avec les entreprises de l’Hexagone. Dans cette même logique, un projet collectif majeur sur la démographie sera lancé d’ici fin 2025.

Bruno Blandin appelle à une prise de conscience autour de deux priorités : « D’une part, retrouver le sens du « vivre ensemble », comme l’a fait La Réunion ; d’autre part, garder un cap optimiste malgré les difficultés économiques actuelles. » Une invitation à croire en l’avenir, à condition de construire une trajectoire réaliste et partagée pour la Guadeloupe.

 

EG