Transition énergétique en Nouvelle-Calédonie : Lifou teste un nouveau biocarburant à base d'huiles usagées

Transition énergétique en Nouvelle-Calédonie : Lifou teste un nouveau biocarburant à base d'huiles usagées

Depuis le 22 avril, l'île de Lifou en Nouvelle-Calédonie, expérimente un nouveau biocarburant à base d'huiles usagées dans la centrale électrique d’EEC ENGIE, une première dans ce territoire d'Outre-mer. Le dispositif, en test pour plusieurs mois, s’inscrit dans le cadre du Schéma de Transition Énergétique en Nouvelle-Calédonie (STENC). Focus grâce au reportage de nos partenaires de CALEDONIA.

Depuis quelques jours, les 4 000 abonnés de l'île de Lifou sont alimentés en énergie grâce à ce biocarburant importé, appelé HVO100, une huile usagée et traitée dans les usines Mobil à Singapour. Le biocarburant, parfaitement miscible avec le gasoil, a progressivement remplacé ce dernier dans la production, comme l’explique Tony Desbois, responsable de production de la centrale de Lifou, au micro de CALEDONIA : « On a progressivement vidé nos cuves pour le remplacer par ce biocarburant, qui remplace complètement le gasoil. Il est miscible, il se mélange sans problème avec le gasoil, et de là on est passé par une production thermique 100% verte ».

Depuis la mise en œuvre du HVO100, ce biocarburant alimente à 100% les machines pendant la nuit, tandis que le réseau est appuyé par les systèmes solaires et éoliens, de 7h30 du matin jusqu'à 23 heures. Philippe Mehrenberger, directeur général délégué d'EEC ENGIE, précise l'objectif de ce nouveau dispositif : « L'idée, c'est de faire en sorte qu'à partir de 23 heures, quand on remet en route les moteurs, au lieu d'utiliser du carburant, du diesel avec une empreinte carbone forte, on utilise ce biodiesel, de 23h jusqu'au lendemain matin, ce qui permet d'avoir pendant 24 heures, de l'énergie verte sur Lifou ».

De son côté, Franck Willems, directeur général de Mobil, se montre satisfait des premiers résultats de ce test : « Le produit que nous avons importé pour faire cet essai est complètement miscible et fonctionne très bien dans les générateurs de la centrale. Donc, aujourd'hui, on est extrêmement satisfait. On doit faire partie de la transition énergétique, et le HVO100 est effectivement un carburant qui pourrait répondre en partie à cette nécessité d'engager la transition énergétique en Nouvelle-Calédonie ». En parallèle, la construction d'une nouvelle centrale photovoltaïque sur l'île permettra d'atteindre une production d'énergie entre 80 et 90% renouvelables. 

Christopher Gygès, membre du gouvernement et président de l'Agence Calédonienne de l'Énergie (ACE), souligne l'importance de poursuivre les efforts en matière de biocarburant et de développement des énergies renouvelables : « Le but, c'est de pouvoir continuer avec du biocarburant, donc, pour essayer qu'il soit le moins cher possible, regarder pour des détaxes sur ce type de carburant, qu'on puisse faire venir plus de volume pour faire baisser les prix, et il y a une autre étape sur l'île, qui est la construction d'une deuxième ferme photovoltaïque bientôt, et qu'on puisse avoir vraiment du stockage, et que les gens de Lifou puissent en bénéficier avec des factures d'électricité qui pourront baisser à terme ».

Le test du biocarburant HVO100 à Lifou pourrait marquer une nouvelle contribution importante dans la transition énergétique de la Nouvelle-Calédonie et contribuer à son objectif d'une énergie 100% verte d'ici 2030. 

Damien Chaillot