Nouvelle-Calédonie : Pour ses 30 ans, la Compagnie maritime des îles se dote d’un nouveau navire de fret

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Nouvelle-Calédonie : Pour ses 30 ans, la Compagnie maritime des îles se dote d’un nouveau navire de fret

La Compagnie maritime des îles (CMI) a inauguré, ce lundi 29 décembre, le Karaka, un nouveau bateau capable de transporter 1 900 tonnes de marchandises. De quoi de doubler la desserte des îles et de rouvrir la ligne vers le Vanuatu. Une arrivée qui coïncide avec les 30 ans de la compagnie, devenue incontournable ces dernières années. Détails avec notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes. 

Au quai des Caboteurs, à Nouville, alors que les chariots élévateurs s’activent pour déplacer les conteneurs estampillés "CMI", un long ruban rouge est déployé sur la proue du navire flambant neuf. Le Karaka, un "landing craft" de 68 mètres, s’apprête à recevoir quelques dizaines de responsables politiques, coutumiers et économiques venus assister à son inauguration, ce lundi 29 décembre.

Le nouveau bateau de la Compagnie maritime des îles (CMI) est arrivé le 19 décembre dans les eaux calédoniennes, après un long voyage depuis la Malaisie, où il a été construit. Deux jours plus tard, il reprenait la mer pour effectuer un premier trajet vers les Loyauté et l’île des Pins.

"On est parvenu à ravitailler les quatre îles avant Noël", se félicite Thomas Quiros, directeur de la CMI. En plus de l’Isan, un autre navire aux dimensions similaires, l’exploitation du Karaka va permettre à la compagnie de renforcer considérablement la desserte des îles, en "doublant le nombre de touchers". Lifou et Maré seront approvisionnées deux fois par semaine (contre une jusqu’à présent), tandis qu’Ouvéa et l’île des Pins, qui ont longtemps dû se contenter d’un ravitaillement tous les quinze jours, profiteront désormais d’une rotation hebdomadaire.

"Un bol d’air"

Un soulagement, pour les habitants des îles, victimes d'une desserte maritime au ralenti ces dernières années. En cause notamment : la disparition, entre 2022 et 2024, de la Société de transports des îles (Stiles) et de Transweb, deux compagnies minées par les dettes et confrontées à de multiples défaillances techniques ayant conduit à leur liquidation.

"Pour nous, c’était très important ce nouveau navire, témoigne Roland Nyikeine, sénateur coutumier de l’aire Drehu. On fait face à une situation de double insularité, nous avons été en grande difficulté quand les deux autres compagnies ont disparu", expose-t-il, évoquant des étals dans les commerces "à moitié vides". L’arrivée du Karaka constitue "un bol d’air", estime également Alcide Ponga, président du gouvernement, présent à la cérémonie. "Ça donne confiance pour la suite sur la question du transport dans ce pays", poursuit le chef de l’exécutif, saluant "une initiative privée" nécessaire, selon lui, pour soutenir une action publique bien souvent limitée.

Reste que le nouveau navire ne suffira pas à satisfaire complètement les besoins des îliens, à rappeler le sénateur coutumier, quelques minutes après la découpe du ruban. "Notre souhait, c’est aussi de disposer d’un navire qui puisse transporter des passagers, comme on nous l’avait promis", a fait remarquer Roland Nyikeine aux responsables politiques et à la direction de la CMI.

Ces dernières années, la Compagnie maritime des îles portait en effet le projet de Havannah 2, un navire à grande vitesse destiné à desservir les îles en fret, mais également en passagers, afin de remplacer un Betico 2 vieillissant. Il a été abandonné lorsqu’ont éclaté les émeutes, en mai 2024. Il est, aujourd’hui encore, en suspens. "On ne le relancera pas tant qu’il n’y a pas de relance économique en Nouvelle-Calédonie", confirme Thomas Quiros.

Un navire "très attendu" au Vanuatu

En attendant, c’est sur le Vanuatu que la compagnie fonde ses espoirs de développement, trente ans après sa création et alors qu’elle est, depuis deux ans, seule en charge de la desserte maritime intérieure. Le Karaka doit en effet permettre la réouverture des liaisons avec l’archipel voisin. La ligne Nouméa-Port Vila, assurée pendant dix ans par le Havannah, avait été abandonnée en 2012. "Il est très attendu là-bas, il y a de véritables besoins", souligne Alcide Ponga.

L’obtention tardive de l’autorisation d’exploiter le second emplacement du quai des Caboteurs, utilisé auparavant par la Stiles, a contraint la CMI a retardé le premier trajet vers le Vanuatu. "Il y a tout un tas de normes pour effectuer du fret international, on est notamment contraint de dépolluer totalement le site", explique Thomas Quiros. La question devrait toutefois être réglée dans les prochaines semaines. La liaison avec le Vanuatu se fera à hauteur d’une rotation par mois.

Par Les Nouvelles Calédoniennes