Polynésie : Une vaste étude pour tenter de s’adapter à l’érosion du littoral polynésien

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Polynésie : Une vaste étude pour tenter de s’adapter à l’érosion du littoral polynésien

Montée des eaux, érosion, fortes houles, face au changement climatique, les littoraux de Polynésie se modifient, et les traits de côte impactés. A Mahina, les habitants de la Pointe Vénus en sont victimes. Un projet baptisé Nu’u Moana est lancé pour anticiper les phénomènes climatiques et s’y adapter. Détails avec notre partenaire TNTV.

Dans la baie de Matavai, la grande plage de sable noir visible dans les années 90 n’est plus qu’un souvenir pour de nombreux riverains. La mer gagne du terrain au fil des ans. Depuis avril, des spécialistes en géomorphologie et hydrosédimentologie réalisent des cartographies du littoral. Des anthropologues recueillent aussi les témoignages des habitants sur leur perception du changement du trait de côte.

« On a eu beaucoup de matahiapo qui sont venus pour nous raconter comment c’était quand ils étaient jeunes. La crainte, c’est : qu’est-ce qu’ils vont donner à leurs enfants et petits-enfants quand on voit l’évolution du trait de côté, ici », explique Brigitte Ravai, la responsable de l’agence Créocéan Pacifique.

Julien Tuiho a toujours vécu à la Pointe Vénus. Il a vu le littoral changer. Pour lui, il sera difficile de convaincre des habitants du bord de mer de quitter les lieux, même si la montée des eaux devient une menace.

« Je ne pense pas qu’on les fera sortir d’ici », dit-il, « ils sont nés ici, ils ont vécu ici ». Pourtant, les effets du changement climatique se font ressentir. A l’érosion lente s’ajoutent chaque année des épisodes de forte houle qui accentuent le phénomène. Ce jeune habitant l’a déjà constaté, les vagues envahissent parfois l’habitation familiale.

« La maison n’est plus vivable. On essaye de la rénover petit à petit, mais il faudra déménager, je pense. Vu comment c’est aujourd’hui, dans 6 ans il faudra partir », souffle Tuhiva Haoa.

L’étude baptisée Nu’u Moana sera un outil pour l’élaboration de politiques publiques. Il s’agit d’établir une projection du trait de côte à un horizon de 30 ans. Il est aussi question de proposer des solutions d’aménagement adaptées pour les constructions actuelles et futures, et pour la préservation du littoral.

« L’idée n’est pas d’avoir une approche au cas par cas, mais de raisonner à l’échelle des cellules sédimentaires, avoir une vision globale des sites. Mais c’est vrai qu’il pourrait y avoir des propositions qui seront faites à court, moyen et plus long terme. Ce qui est sûr, c’est que c’est un site qui est vivant au niveau de l’ensablement et de la perte de sable, en fonction des saisons notamment », souligne Émilie Chapelier, ingénieure chargée des risques naturels à la DCA.

À la Pointe Vénus, l’enjeu est important. Face au changement climatique, le maître-mot est de s’adapter. Des murs de pierres ont été érigés pour protéger les maisons, mais leur construction modifie le cycle naturel des bancs de sable.

« A la Pointe Vénus, 60 % du linéaire est artificiel », explique Nicolas Rafecas, consultant en génie côtier et aménagement du littoral, « on ne peut pas leur jeter la pierre, c’est le cas de le dire, car leur objectif est de protéger leurs maisons. On est aujourd’hui dans un compromis entre essayer de renaturaliser le haut de plage, qui est une barrière naturelle, et puis que peut-on faire ? Faut-il enlever l’enrochement et déplacer la maison…dès fois ce n’est pas possible ».

Le long du rivage, des habitations sont déjà particulièrement menacées. Rester ou partir, les propriétaires devront faire un choix, à court ou moyen terme.

Par TNTV