Dans l’aire coutumière ajië-arhö, en Nouvelle-Calédonie, des actions sont menées pour favoriser la transmission et la valorisation de la langue kanak ‘ôr̂ôê. Ces initiatives sont conduites en partenariat avec l’Académie des langues kanak (ALK), qui œuvre au développement et à la préservation des langues autochtones du territoire. Focus grâce au reportage et interview de nos partenaires de CALEDONIA.
Le nombre actuel de locuteurs du ‘ôr̂ôê reste difficile à établir. Le dernier recensement disponible, réalisé en 2009, faisait état de 490 locuteurs. Depuis, aucune donnée chiffrée actualisée n’a été produite. Face à ce constat, l’ALK participe activement à des projets visant à permettre aux enfants scolarisés de pratiquer cette langue, notamment par le développement d’outils pédagogiques destinés aux enseignants.
Parmi les acteurs engagés figure Christelle Bo, enseignante de la langue ‘ôr̂ôê. Elle intervient dans les établissements scolaires pour sensibiliser les élèves et leur transmettre les bases linguistiques et culturelles. Elle explique son engagement au micro de Caledonia : « Depuis la reconnaissance des langues kanak, je me suis reconvertie dans les langues et cultures kanak pour faire revivre notre langue car aujourd’hui nos enfant ne le parle plus. La pratique du français a pris de l’ampleur chez nous les kanak ».
L’objectif de ce travail est de retenir la langue, de la transmettre aux jeunes générations, d’éviter sa disparition et de faire vivre le patrimoine culturel kanak. Après plusieurs années d’expérience, Christelle Bo poursuit ses enseignements, souvent avec l’appui de locuteurs natifs. Malgré son investissement, elle souligne que des moyens supplémentaires restent nécessaires pour assurer la continuité de ces actions.
Dans ce cadre, elle collabore avec l’Académie des langues kanak à la réalisation de supports pédagogiques destinés à faciliter la transmission du ‘ôr̂ôê. Pour l’année en cours, environ 80 enfants bénéficient de ce travail de transmission.
Raymond Aï, chef de Pothé et locuteur de la langue ‘ôr̂ôê, participe également à cette démarche collective. Il précise : « Nous nous rencontrons pour la valorisation de la langue ‘ôr̂ôê. La Province Sud a autorisé l’ALK à traduire et nous apportons notre contribution en tant qu’enseignants. Le plus important c’est que la Province Sud souhaite que nous y travaillions. Six contes ont donc été rédigés pour les cycles 1 et 2, et une application a été mis en place pour faciliter la transmission de la langue ».
La production de ces contenus pédagogiques a nécessité un important travail linguistique. Marellia Boawe, professeur d’EFCK, revient sur cette étape : « La complexité de ce travail a été de trouver les bonnes tournures qui n’ont pas forcément d’équivalence dans nos languies et inversement (…) Cet exercice communs nous a obligé à aller recueillir les avis des autres locuteurs sur la pertinence d’un mot ou d’une expression ».
En complément des supports pédagogiques déjà existants ou récemment créés, la langue ‘ôr̂ôê figure depuis quelques semaines parmi les dix langues intégrées à l’application de traduction développée par l’Académie des langues kanak, renforçant ainsi les outils disponibles pour sa diffusion et son apprentissage.























