Économie : En Nouvelle-Calédonie, 2026 sera une année « pivot »

©Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie

Économie : En Nouvelle-Calédonie, 2026 sera une année « pivot »

Mercredi 12 novembre s’est tenue la première collégialité du gouvernement calédonien consacrée au budget 2026, que Christopher Gygès souhaite faire adopter avant la fin de l’année. La Nouvelle-Calédonie annonce qu’elle fera des efforts de réduction des dépenses, mais indique que la participation de l’État, à la fois en termes de soutien financier et d’aide au désendettement, sera nécessaire afin que l’économie ne sombre pas l’année prochaine. Explications de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

2026 sera une année charnière, « le vrai pivot », introduit Christopher Gygès, porte-parole du gouvernement qui a fait le point, mercredi 12 novembre, à la suite de la séance collégiale consacrée, pour la première fois, au budget. « On est vraiment sur la ligne de crête. Soit ça bascule du côté positif et la Nouvelle-Calédonie est en capacité de recréer de la croissance, de la richesse. Soit ça bascule de l’autre côté. On a besoin d’un petit coup de défibrillateur pour passer ce moment et éviter que ça plante ». 

Le membre en charge du budget l’avait déjà évoqué la semaine dernière. Il souhaite que le budget « de la refondation » soit adopté avant la fin de l’année, avant les scrutins des municipales et des provinciales. « C’est un calendrier peut-être optimiste, mais c’est le bon pour donner de la visibilité aux Calédoniens à l’approche des élections. »

« Mettons-nous d’accord sur les grands objectifs du budget »

Pour y parvenir, le porte-parole compte sur une méthode « participative », qui associe les membres du gouvernement, les groupes du Congrès et les représentants des collectivités. « Nous aurons des décisions compliquées à prendre, et nous devrons les assumer ensemble », déclare Christopher Gygès, évoquant par exemple la définition de l’assiette de répartition. 

Des réunions d’arbitrage sont donc prévues en novembre avec les différents partenaires. « Il faut que la classe politique calédonienne puisse porter des choses ensemble. Personne n’a intérêt que la situation se dégrade davantage et personne n’a réellement de majorité. Donc chacun doit s’y retrouver d’une manière ou d’une autre. Mettons-nous d’accord sur les grands objectifs du budget. »

Deux lignes directrices ont déjà été précisées : l’exemplarité en matière de gestion des dépenses publiques et la relance de l’économie calédonienne. « La Nouvelle-Calédonie prendra sa part », insiste Christopher Gygès, que ce soit au niveau des suppressions d’exonération, de postes (une cinquantaine a été supprimée l’an dernier), de rationalisation des établissements publics, de réduction des dispositifs de continuité pays, de travail sur les régimes sociaux, de lutte contre la fraude sociale et fiscale…

Que l’État « s’engage pour le désendettement de la Nouvelle-Calédonie »

En contrepartie, et le porte-parole du gouvernement a largement insisté sur ce point, si le pays remplit sa part du contrat, il faudra que l’État en fasse de même, « prenne ses responsabilités et s’engage pour le désendettement de la Nouvelle-Calédonie ». 

Car le remboursement du prêt représente une dépense « importante », poursuit Christopher Gygès, qui souhaite demander, dans un premier temps, la suspension de ces remboursements afin de se laisser le temps de « retrouver une situation économique correcte ». L’idée étant toujours de pouvoir le transformer en subventions. « On ne va pas demander un prêt pour rembourser un prêt, ça commence à devenir un peu ridicule. »

La situation est critique. Le président du gouvernement, Alcide Ponga, a écrit au Premier ministre Sébastien Lecornu pour lui rappeler que le territoire a perdu 55 milliards de recettes fiscales cette année, raconte Christopher Gygès. Un chiffre qui pourrait dépasser les 60 milliards en 2026. L’enveloppe restante du prêt garanti par l’État, à peine 24 milliards de francs, ne suffira donc pas à combler le manque à gagner. L’État reste très discret sur le sujet, alors que sa réponse sera déterminante. 

Une annonce est-elle envisageable d’ici la fin de semaine, avant le départ de la ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou ? « Je ne sais pas. La réunion avec les acteurs économiques lundi soir était très nettement insuffisante en termes d’annonce. Je ne peux qu’espérer qu’il y en ait d’autres dans la semaine en termes de soutien. »

D’autant que la situation nationale n’est guère favorable. Le volet outre-mer du budget doit être examiné mardi 18 novembre. Rien n’est pour l’instant prévu pour la Nouvelle-Calédonie. Et le risque de dissolution de l’Assemblée nationale plane toujours. De quoi contrarier le calendrier voulu par Christopher Gygès concernant le budget calédonien.

Anne-Claire Pophillat pour Les Nouvelles Calédoniennes