Parentalité, immigration et délinquance à Mayotte au cœur d'une table ronde au Sénat

© Journal de Mayotte/ Sénat

Parentalité, immigration et délinquance à Mayotte au cœur d'une table ronde au Sénat

La délégation outre-mer et la délégation à l'égalité entre les hommes et les femmes du Sénat organisaient hier une table ronde sur la parentalité à Mayotte dans la perspective d'élaborer un rapport sénatorial sur la question. Un sujet de notre partenaire  France-Mayotte Matin.
 

De nombreux spécialistes ont été auditionnés depuis Mayotte hier pour apporter leur éclairage. Si beaucoup soulignent le dénuement matériel de beaucoup de familles, il n'en reste pas moins que l'ensemble des intervenants lient la question des difficultés de la parentalité avec celle de l'immigration et souvent de l'immigration clandestine.

Nombreux sont les intervenants qui ont souligné le problème d'alphabétisation qui rendait extrêmement difficile le travail d'éducation de la part des parents. L'absence de maîtrise de la langue, de la lecture et de l'écriture pénalise les parents qui voudraient bien faire.
Cette affirmation logique renvoie aux conditions dans lesquelles les récépissés sont délivrés aux mères de famille dès lors qu'elles ont mis au monde un enfant à Mayotte. On ne vérifie jamais avant de les stabiliser sur le territoire, si elle parle le français et si les conditions matérielles dans lesquelles elles vivent leur permettent d'élever ou non leurs enfants. La société mahoraise se retrouve donc dans des situations d'immigration subie où les étrangers vivent dans le dénuement et dans la précarité totale, le plus souvent avec un niveau d'éducation et un niveau social très bas qui les privent de toute possibilité d'accès à l'emploi sur le département. Le directeur de la CSSM, à cet effet, parlera d'absence d'avenir pour beaucoup d'enfants et beaucoup de leurs parents. Il pose de manière très courageuse la question de fond, est-ce que toutes ces personnes ont vocation à rester sur le département ou pas ? Si tel n'est pas le cas, il convient de les raccompagner dans leur pays mais pour celles et ceux qui doivent rester, l'accompagnement doit permettre aux familles de vivre dignement.

Cette lecture éclairée de la parentalité ne doit pas avoir un caractère angélique. Les évènements de Tsoundzou en début de semaine l’ont montré : les parents dans les villages savent qui sont les délinquants mais ne les dénoncent pas, pire à Tsoundzou, les parents ont renseigné leurs enfants sur les mouvements des policiers pour leur permettre d'organiser la riposte. Les parents étaient présents au moment où les cocktails molotov ont été lancés dans les autocars et sous la voiture des policiers.

Le lendemain des faits de Tsoundzou, des villageois médiateurs sont intervenus pour tenter de calmer les jeunes. Cette intervention se place aussi après que le maire de Mamoudzou ait suspendu les autorisations pour toutes les manifestations dans le village ainsi que pour le marché privant certains de moyens de subsistance.
Les villageois médiateurs se sont donc mis au travail pour calmer les jeunes, mais ils se sont bien gardés de les dénoncer auprès des forces de l'ordre.

En pareille circonstance, il n'est pas question de parentalité mais de respect de la loi, de respect de la vie humaine et de respect du pacte républIcain. Laisser faire ou encourager son enfant à lancer un cocktail molotov sous une voiture de police ou dans un autocar ne relève pas de la parentalité mais de la criminalité.


 Par Anne-Constance Onghéna pour France-Mayotte Matin