Biodiversité-Mayotte : Le braconnage de tortues atteint un seuil critique dans le sud, mettant en péril l'espèce et l'économie touristique

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Biodiversité-Mayotte : Le braconnage de tortues atteint un seuil critique dans le sud, mettant en péril l'espèce et l'économie touristique

Le sud de Mayotte fait face à une recrudescence alarmante du braconnage de tortues marines. Deuxième site de ponte de l’océan Indien, l’île subit un massacre qui menace non seulement une espèce en danger, mais aussi l'économie locale. Les associations et les habitants lancent un appel pressant aux autorités pour agir. Détails avec notre partenaire France-Mayotte Matin.
 

Depuis quelque temps, les groupes de discussion spécialisés et les associations évoquent une recrudescence du braconnage dans le sud de l'île, qui est, rappelons-le, le deuxième site de l'océan Indien pour la ponte des tortues marines. La rédaction de France-Mayotte Matin  a répondu présent à l'appel de l'ASVM, l’Association Sécurité des Villageois de Mtsamoudou, et est allée avec les bénévoles sur les plages de Charifou pour constater la situation. Force est de reconnaître que les appels à l'aide dans le sud doivent être relayés avec insistance. 

Après une marche d'une dizaine de minutes à travers les sous-bois et les champs des agriculteurs locaux, nous arrivons sur les hauteurs de la plage et découvrons une véritable catastrophe écologique. Des dizaines de carapaces de tortues dépecées sont abandonnées dans les sous-bois, et la taille de ces carapaces montre qu'il s'agit de tortues adultes. La perte écologique pour Mayotte et pour l'espèce est avérée. En descendant ensuite sur la plage, il est facile de voir que les braconniers ont pris l'habitude de revenir sur les mêmes lieux, où ils établissent leurs bivouacs pour pratiquer leurs opérations macabres, à l'abri des regards. On trouve même des marmites laissées sur place, preuve que certains braconniers s'installent pour la nuit, prêts à attendre l’arrivée des tortues, qui commence à la tombée de la nuit, vers 19h. Pendant notre déambulation sur les plages de Charifou, un groupe de jeunes armés de chiens a fait son apparition. Leur intention était claire : se préparer à capturer les tortues à leur arrivée. 

Le même spectacle inquiétant peut être constaté sur l’ensemble des plages de Charifou. Les bénévoles de l’ASVM confirment qu’il en est de même sur toutes les plages de Mbouini à Mtsamoudou. La situation est extrêmement préoccupante. L’ASVM affirme que depuis juillet, début du pic de braconnage, plus de 200 tortues auraient été tuées. Ils appellent à l'aide les autorités de l’État pour mettre en place des moyens urgents et efficaces afin de protéger non seulement les plages de Charifou, mais aussi celles de Saziley, qui connaissent également une recrudescence des attaques. La situation est grave, car les tortues sont une espèce menacée, et de nombreux acteurs économiques vivent du tourisme lié à leur observation. Comme l'ont démontré les pays du Nord avec les baleines, une tortue vivante représente une manne financière bien plus importante que morte. Il est urgent d'agir.


 

Par France-Mayotte Matin