Victoires du Jazz 2021 : Alain Jean-Marie (Guadeloupe) et Sélène Saint-Aimé (Martinique) parmi les lauréats

Victoires du Jazz 2021 : Alain Jean-Marie (Guadeloupe) et Sélène Saint-Aimé (Martinique) parmi les lauréats

Les Victoires du Jazz 2021 ont rendu leur verdict dans la nuit de mardi à mercredi à l’auditorium de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SACEM). Parmi les six artistes et groupes lauréats se trouve la contrebassiste et chanteuse d’origine martiniquaise Sélène Saint-Aimé (catégorie Révélation). Le Guadeloupéen Alain Jean-Marie (hors catégorie) obtient quant à lui une Victoire d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.  

Un an après la sortie de son premier album - acclamé par la critique - « Mare Undarum », qui signifie « mer des ondes » en latin, Sélène Saint-Aimé vient d’obtenir une consécration de taille avec une Victoire du Jazz dans la catégorie Révélation. Révélation… c’est bien le cas, et certains ne s’y sont pas trompés. De père martiniquais et de mère franco-ivoirienne, la chanteuse et contrebassiste, âgée de 26 ans, est venue au jazz sur le tard, à 18 ans, quand elle achète son premier instrument. À force d’acharnement et de travail, elle entre au Conservatoire de Boulogne-Billancourt où elle apprend notamment le répertoire classique et l’archet.

Mais c’est une rencontre déterminante qui va décider de son avenir : celle du saxophoniste Steve Coleman à l’occasion d’une master class à Montreuil. Ce monument du jazz, qui décerne rapidement l’énorme talent de la jeune femme, devient son mentor. Il l’entraîne à New York, où Sélène Saint-Aimé écume avec lui les clubs de jazz, et prend des cours individuels avec les contrebassistes Ron Carter et Lonnie Plaxico, autres musiciens légendaires. Viennent ensuite de nouveaux voyages. La Martinique, où elle renoue avec ses racines, Cuba, le Maroc où elle part étudier la musique gnaoua, chants spirituels des descendants d’esclaves d’Afrique subsaharienne, l’Espagne et l’Italie, entre autres. Férue de poésie, elle interprète souvent ses propres textes, parfois dans une langue qui n’appartient qu’à elle. 

Une autre récompense, hors catégorie, est allée au pianiste guadeloupéen Alain Jean-Marie, qu’on ne présente plus, en tout cas pour les amateurs de jazz caribéen. « Les Victoires du Jazz ont tenu à distinguer d’une Victoire d’honneur l’un des plus grands maîtres de la scène hexagonale au pianiste Alain Jean-Marie », écrit l’institution. Âgé de 75 ans, cet autodidacte né à Pointe-à-Pitre, qui a commencé le piano à l’âge de huit ans, est devenu une véritable icône, et a joué avec les plus grand(e)s : Chet Baker, Abbey Lincoln, Art Farmer, Max Roach, Charlie Haden, Dee Dee Bridgewater… pour ne citer qu’eux. 

Aussi bien à l’aise dans le jazz dit traditionnel (anglo-saxon) que dans le jazz caribéen agrémenté de biguine, de salsa ou de gwo ka, Alain Jean-Marie est le récipiendaire de nombreux prix prestigieux (dont le Prix Django Reinhardt 1979 ainsi que le Prix Boris Vian de l’Académie du Jazz 1999), et sa discographie compte des dizaines d’albums réalisés en collaboration ou en solo. Parmi les plus célèbres on compte Biguine Reflections, Afterblue, Jazz Ka Philosophy, et Abandon à la nuit. À noter qu’un documentaire sur Les Victoires du Jazz 2021 sera diffusé le 5 novembre sur France 5.

PM