Le traité sur la haute mer sera ratifié par suffisamment de pays pour pouvoir entrer en vigueur, a confirmé le président français Emmanuel Macron en annonçant de nouveaux engagements de pays pour atteindre au moins 60 ratifications. Le chef de l’État a une nouvelle fois fustigé l’exploitation minière des grands fonds marins.
« A la cinquantaine de ratifications déjà déposées ici même ces dernières heures, quinze pays se sont formellement engagés à les rejoindre », a déclaré Emmanuel Macron en ouverture de la conférence de l'ONU sur l’océan à Nice.
« Ce qui fait que l'accord politique est obtenu, qui nous permet de dire que ce traité sur la haute mer sera bien mis en œuvre. C'est donc gagné », a-t-il ajouté, sans préciser de calendrier. Le traité, signé en 2023, entrera en vigueur 120 jours après la 60e ratification. La France souhaitait initialement obtenir ces 60 ratifications d'ici la conférence de Nice.
« Si la terre se réchauffe, l'océan quant à lui est en ébullition » a aussi déclaré Emmanuel Macron qui appelle à la « mobilisation ». « La première réponse c'est donc le multilatéralisme », a-t-il insisté. « Le climat comme la biodiversité, ce n'est pas une question d'opinion, c'est une question de faits scientifiquement établis ».
Emmanuel Macron a été plus virulent sur l’exploitation des fonds marins. « Les abysses ne sont pas à vendre, et pas plus que le Groenland n'est à vendre, pas plus que l'Antarctique ou la haute mer ne sont à vendre », a lancé le Président, alors qu’il doit se rendre au Groenland, territoire danois convoité par les États-Unis de Donald Trump.
« Les grands fonds ne peuvent pas devenir un Far West », a renchéri Antonio Guterres, alors que Donald Trump prévoit de lancer unilatéralement l'exploitation des galets de nickel et autres métaux critiques dans les eaux internationales du Pacifique, en accordant un permis à l’entreprise canadienne TMC.
« Nous voyons maintenant planer sur l'océan la menace de l'unilatéralisme. Nous ne pouvons pas permettre qu'il arrive à la mer ce qui est arrivé au commerce international », a abondé le président brésilien Lula, en appelant à des « actes clairs » de l'Autorité internationale des fonds marins, pour mettre fin à cette « course prédatrice » aux métaux critiques.
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Mais les pays du Sud, comme aux négociations climatiques, veulent maintenir la pression financière sur tous les pays riches, y compris les Européens. « Si vous voulez vraiment protéger les océans, prouvez-le », a lancé Surangel Whipps Jr, président des Palaos dans le Pacifique, en appelant les États développés à « alléger la dette » pour que les Nations insulaires comme la sienne puissent « investir dans l'adaptation » au changement climatique.
« Pour nous, l'océan n'est pas seulement une ressource, c'est notre ligne de vie. C'est notre culture, notre économie et notre survie », a ajouté le chef d’État, signataire avec le président de la Polynésie française d’une tribune pour « non » à l’exploitation minière des fonds marins.
Depuis 2022, 33 États d’Europe, des Amériques et du Pacifique, « se sont engagés à appliquer le principe de précaution, et à soutenir à minima une pause de précaution sur l’exploitation minière des grands fonds marins » a rappelé l’Élysée. « Cette position s’appuie sur les nombreux rapports et analyses scientifiques publiés ces dernières années : les grands fonds sont le refuge d’une biodiversité encore très largement inconnue, et qu’il faut préserver ».
Dans une nouvelle déclaration conjointe ce lundi, 24 pays ont réitéré cet appel, parmi lesquels l’Allemagne, l’Autriche, le Costa Rica -co-organisateur du sommet-, la France, la République des Palaos, le Vanuatu, l’Irlande, la Finlande ou encore le Guatemala. Ils réclament aussi le respect du droit international à travers l’AIFM, autorité gestionnaire des grands fonds marins dans les eaux internationales -non-reconnue par les États-Unis, et la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM).
Outremers360 avec AFP