Réforme des retraites : Quelle mobilisation en Outre-mer ?

Crédits images : Radio 1 Tahiti, RCI Guadeloupe et réseaux sociaux

Réforme des retraites : Quelle mobilisation en Outre-mer ?

À un jour de la mobilisation des syndicats contre la réforme des retraites du gouvernement d’Élisabeth Borne, Outremers360 fait le point sur la mobilisation en Outre-mer, des Antilles-Guyane à La Réunion en passant par la Polynésie. 

Jour de mobilisation sociale. Ce 19 janvier, les grandes organisations sociales, dans un élan d’union nationale pas vu depuis 12 ans, se lèvent contre la réforme des retraites du gouvernement. Elles espèrent une forte mobilisation pour faire reculer l’exécutif, notamment sur l’âge du départ à la retraite prévu pour 64 ans à l’horizon 2027. En Outre-mer aussi, les syndicats affiliés ou pas entendent rejoindre le mouvement et faire entendre leur voix. Tour d’horizon des mobilisations prévues dans les territoires ultramarins.

Guadeloupe :

Le syndicat FE CGTG (fédération énergie) a annoncé ce lundi 16 janvier que toutes les branches du secteur de l’énergie sont invitées à se mettre en grève pour une durée de 24 heures reconductibles dès ce jeudi. À cela s’ajoute l’appel à la mobilisation commune de la CFDT, la CGTG, FO, CFE CGC, CFTC, l’UNSA, l’union syndicale Solidaires et FSU qui estiment que « le système de retraites par répartition n’est pas en danger, rien ne justifie une réforme aussi brutale ».

En outre, deux syndicats de la SARA (société anonyme de la raffinerie des Antilles), FO et CMDT, ont aussi déposé un préavis de grève. À noter que ce préavis couvre l’ensemble des établissements, à savoir les terminaux de Guadeloupe, de Martinique et de Guyane également. Selon les modalités de la grève annoncée, il ne devrait pas y avoir « d’entrée et de sortie des produits de la raffinerie…voire des terminaux ». Toutefois, la SARA s’organise pour qu’il y ait le moins d’impacts possible pour les stations-service et les automobilistes. 

Selon les syndicats, la réforme annoncée par le gouvernement « va frapper de plein fouet l’ensemble des travailleurs et travailleuses, et plus particulièrement celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt ; les plus précaires… ».

(Avec RCI Guadeloupe)

Martinique :

Opposée à cette réforme, la Centrale syndicale des travailleurs martiniquais (CSTM) a tenu une conférence de presse lundi afin d’annoncer son intention de se mobiliser. Comme leurs confrères hexagonaux ou ultramarins, les enseignants martiniquais (UNSA) seront aussi mobilisés jeudi, laissant entrevoir plusieurs fermetures d’établissements scolaires. Sur l’île, CGTM-FSM, FSU et CDMT seront aussi mobilisés, estimant que « cette loi (…) sera extrêmement préjudiciable aux Martiniquaises et Martiniquais ». Enfin, comme en Guadeloupe et en Guyane, les syndicats FO et CMDT de la SARA sont aussi mobilisés.

Guyane :

« Les organisations syndicales de Guyane appellent les salarié.e.s à se mobiliser fortement dès cette première journée dans l’ensemble du territoire et à participer aux différentes initiatives organisées en intersyndicales », peut-on lire dans un communiqué rassemblant l’UTG, CFE-CGC, CFTC, FSU Guyane, UNSA, FO ou encore, Solidaires Sud 973. Des points de rendez-vous sont annoncés à Cayenne, Saint-Laurent du Maroni et Kourou dès 9h ce jeudi, et intersyndicales étudie aussi la possibilité de poursuivre le mouvement au-delà. Là encore, les syndicats de la SARA sont aussi mobilisés. La ville de Cayenne a aussi annoncé la fermeture des établissements scolaires ce jeudi. 

Mayotte :

Même cas de figure à Mayotte où l’ensemble des syndicats sont unis à l’instar de l’Hexagone et des autres territoires. Ainsi, CGT-Ma, UI-CFDT, UD-FO, CFE-CGC, FSU, CGT Educ’action, SNUIPP, SNES-FSU, UNSA, SUD PTT et Sgen CFDT appellent à la mobilisation. Et sur l’île, outre les revendications partagées sur l’ensemble du territoire national, l’intersyndicale porte aussi des revendications locales comme l’application du code de la sécurité sociale, l’application du SMIC de droit commun, ou encore, l’application du droit commun sur les minima sociaux. 

À noter que les syndicats enseignants de l’île ont débuté leur mouvement ce mardi. « Il s’agissait d’une journée d’actions visant à faire connaître toutes les questions concernant la rémunération des enseignants, l’insuffisance des rémunérations, la reconnaissance des personnels. L’inflation ayant atteint un niveau très élevé, il a été proposé 3,5 % d’augmentation ce qui n’est pas du tout à la hauteur de la hausse des prix. Il faut donc réindexer le point d’indice sur l’inflation et reconstruire la grille indiciaire pour faire face au décrochage salarial que l’on connaît depuis 20 ans et redonner des perspectives au métier d’enseignant. Les concours ne font plus le plein et il faut un plan pluriannuel pour augmenter les salaires » a expliqué Henry Noury de la FSU, interrogé par nos partenaires de France Mayotte Matin.

La Réunion :

À La Réunion, la grève du 19 janvier se déroulera pendant les vacances scolaires puisque les élèves de l’île ne rejoindront les classes que lundi. Pas de quoi démotiver les onze syndicats qui maintiennent, eux aussi, la pression en appelant à la mobilisation à Saint-Denis.

« Une majorité de Français est défavorable à cette réforme des retraites et encore plus à La Réunion avec les conditions de pouvoir d’achat et de salaire que nous connaissons » a estimé Erick Chavriacouty, secrétaire général UNSA, interrogé par Réunion La 1ère. « C’est le rapport de force et la mobilisation qui seront déterminants contre cette réforme car il est impensable aujourd’hui de faire travailler les gens jusqu’à 64 ans », a estimé de son côté Jacques Bughon, secrétaire général CGTR. 

L’intersyndicale réunionnaise a notamment reçu le soutien du parti Pour La Réunion (PLR), parti de gauche, fondé par l’actuelle présidente de la Région Huguette Bello quand elle a quitté le Parti communiste réunionnais. Autre invité lors de cette mobilisation sur l’île : le mauvais temps. Météo France prévoit en effet une dégradation des conditions liée à une dépression sur Madagascar.

Polynésie :

Si la Collectivité d’Outre-mer, du fait de son statut, a son propre régime des retraites financés par sa propre sécurité sociale, les syndicats de la Fonction publique d’État n’en restent pas moins mobilisés. En Polynésie, cette mobilisation concerne environ 10 000 agents, entre autres, de l’éducation, l’aérien, de la police, de la pénitentiaire ou encore des douanes. Des métiers qui pourraient être rejoints par quelques syndicalistes de la Fonction publique territoriale ou du privé. 

Au-delà du discours national, l’intersyndicale polynésienne veut faire valoir la « double injustice » de cette réforme en Polynésie, territoire où comme dans le reste de l’outre-mer, l’espérance de vie est largement inférieure à celle de l’Hexagone (entre 5 et 6 ans de moins en Polynésie) et où la réforme va donc « priver de nombreuses personnes d’une retraite convenable, agréable et en bonne santé ». La Polynésie est aussi un des territoires ultramarins -avec la Nouvelle-Calédonie, La Réunion, Mayotte, ou Saint-Pierre-et-Miquelon- touchés par la suppression progressive, jusqu’à 2028, de l’Indemnité Temporaire de Retraite (ITR). 

« C’est une paupérisation programmée des fonctionnaires retraités de l’État : imaginez-vous, du jour au lendemain quand vous partez à la retraite, n’avoir que 30 à 40% de vos revenus », martèle Tiaitau Ropati du syndicat Solidaires, interrogée par Radio 1 Tahiti. « C’est pourquoi nous allons avec l’intersyndicale locale mener un point de revendication particulier au niveau de la Polynésie et des Outre-mer, parce que nous nous attendons à avoir une retraite digne et un niveau de vie digne à la retraite ». La mairie de Papeete a déjà annoncé qu’une douzaine d’établissements scolaires seraient fermés ce jeudi. 

(Avec Radio 1 Tahiti)