Les contraintes et défis des intercommunalités d’Outre-mer au coeur des échanges de la 35ᵉ Convention d’Intercommunalités de France

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Les contraintes et défis des intercommunalités d’Outre-mer au coeur des échanges de la 35ᵉ Convention d’Intercommunalités de France

À l’occasion de la 35ᵉ Convention d’Intercommunalités de France, qui s’est tenue à Toulouse du 8 au 10 octobre, la voix des Outre-mer s’est faite entendre. Entre contraintes budgétaires, défis de services publics et attentes fortes en matière de décentralisation, les intercommunalités d’Outre-mer ont rappelé leur rôle central dans l’avenir de la République.


Une matinée consacrée aux Outre-mer : diversité des réalités, unité des ambitions

Dès l’ouverture du congrès, Sébastien Martin, président d’Intercommunalités de France et Lyliane Piquion Salomé, présidente d’Interco’ Outre-mer, ont accueilli les élus des intercommunalités d’Outre-mer, accompagnés de leurs cadres. Une matinée d’échanges a été entièrement dédiée aux enjeux des intercommunalités ultramarines. Cette séquence a mis en lumière la diversité des problématiques rencontrées par les intercommunalités d’Outre-mer : 

-L’efficacité des services publics, notamment dans la gestion des déchets, de l’eau, de la mobilité, du logement, de la sécurité et de l’accès à l’école. Le sujet des déchets a illustré la nécessité d’adapter les normes nationales et d’autoriser davantage de dérogations.

-Le financement des compétences locales, jugé inéquitable, avec des dotations insuffisantes et une fiscalité inadaptée. La révision de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) a été identifiée comme une priorité.

-L’avenir institutionnel et la décentralisation, perçus comme inachevés. Les intercommunalités plaident pour une différenciation inscrite dans la loi, prenant en compte notamment l’insularité, l’éloignement et les flux migratoires, et demandent que chaque transfert de compétence soit accompagné des moyens financiers correspondants.

Au-delà de ces constats, cette matinée a permis de réaffirmer la place géopolitique et stratégique des Outre-mer : loin d’être périphériques, ces territoires sont des ponts ouverts sur leurs bassins régionaux, au cœur de la biodiversité mondiale et en première ligne face au changement climatique.

La présidente d’Interco’ Outre-mer, Lyliane Piquion Salomé, a tenu à remercier chaleureusement Sébastien Martin, président d’Intercommunalités de France, pour avoir fait de cette séquence un rendez-vous désormais incontournable.

Une plénière d’ouverture porteuse de messages forts

Le lendemain, en plénière d’ouverture, Lyliane Piquion-Salomé est intervenue au nom des intercommunalités ultramarines autour de trois séquences successives :

- « La France périphérique, c’est quoi ? »  La présidente a rappelé que les Outre-mer ne sauraient être assimilés à une périphérie : « Reconnaître leur spécificité, c’est au contraire renforcer l’unité nationale et consolider le projet républicain. »

- « L’action des intercommunalités » Elle a souligné que, dans les Outre-mer, l’innovation n’est pas un choix mais une nécessité. Les intercommunalités y démontrent chaque jour leur capacité à inventer des solutions adaptées aux réalités locales, malgré des moyens contraints.

- « La campagne des municipales 2026 » À l’approche du scrutin, la présidente a insisté sur l’importance de retisser la confiance entre élus et citoyens. « Retrouver la confiance, c’est aussi dire la vérité sur nos budgets, nos contraintes et nos marges de manœuvre. Quand on parle avec franchise, les habitants comprennent et participent davantage à la construction de solutions durables. »

Par ces interventions, la présidente d’Interco’ Outre-mer a porté un message clair : les territoires ultramarins ne demandent pas un traitement d’exception, mais une reconnaissance pleine et entière de leurs spécificités et de leurs contributions à l’ensemble national.

Focus : L’expérience guyanaise au cœur des échanges

L’atelier « Élaborer un plan intercommunal de sauvegarde » a permis à Sophie Charles, présidente de la Communauté de communes de l’Ouest guyanais (CCOG), de présenter le dispositif mis en place sur son territoire. Elle a rappelé le rôle essentiel du président de communauté en situation de crise : relayer l’information entre les maires et coordonner la réponse locale.

Évoquant la complexité du territoire de l’Ouest guyanais, confronté à des défis multiples, inondations, sécheresse … la présidente a illustré les difficultés rencontrées : « Certaines communes ne sont accessibles qu’en pirogue. Sans pirogue, sans route… il reste l’hélicoptère ou l’avion. Mais in fine, qui fait quoi, qui paie ? », a-t-elle interrogé. Elle a précisé que ces difficultés d’accès surviennent principalement en période de sécheresse, lorsque les voies fluviales deviennent impraticables.

Cet atelier a ainsi rappelé l’importance des Plans intercommunaux de sauvegarde (PICS) comme leviers pour diffuser la culture du risque et renforcer la résilience des territoires, dans l’Hexagone comme en Outre-mer.

Une perspective commune : faire République avec ses Outre-mer

De la matinée d’échanges à la plénière d’ouverture, un fil rouge s’est imposé : les intercommunalités d’Outre-mer sont à la fois confrontées à des contraintes majeures et porteuses d’innovations exemplaires.

Pour Lyliane Piquion Salomé, « faire France ensemble, c’est aussi faire République avec ses Outre-mer ». Un message d’unité, de responsabilité et d’action partagée, qui trouve une résonance particulière à l’heure où se profile un nouvel acte de décentralisation.