A l'occasion des 80 ans de la naissance du pianiste martiniquais Marius Cultier décédé prématurément en 1985, un hommage musical lui sera rendu le 7 février prochain au Théâtre du Châtelet, à Paris. Une soirée culte mélangeant plusieurs générations de musiciens inspirés de l'héritage de celui qui est considéré comme le pionnier du jazz caribéen. Détails.
A bien des égards, le pianiste, compositeur-arrangeur martiniquais, Marius Cultier fait partie des artistes mythiques des Antilles. Sa disparition prématurée, à l'âge de 43 ans, au faîte de sa gloire, contribue à alimenter ce mythe et participe plus encore à son entrée dans le panthéon de la musique caribéenne. Mais c'est surtout sa carrière exceptionnelle et l'héritage laissé qui l'ont inscrit définitivement au rang d'artiste de légende.
Une destinée fulgurante avec une carrière commencée très tôt quand il se fait remarquer comme chef d'orchestre à l'ORTF à 9 ans. Marius Cultier n'a que 16 ans quand il remporte en 1958 à Porto-Rico le 1er prix du piano international Contest pour son interprétation de Round Midnight de Thelonius Monk.
A seulement 20 ans, le jeune pianiste martiniquais compte à son actif une dizaine de participations à des albums. Sa notoriété dépasse déjà le cadre antillais et l'emmènera au Canada où 8 années durant il fera étalage de son talent, collaborant avec de grands noms américains du jazz à l'instar de Miles Davis, BB king, Dionne Warwick ou des musiciens prestigieux tels Mongo Santamaria ou Robert Charlebois.
C'est la consécration. Auréolé de ces différentes expériences acquises tant à la radio canadienne qu'auprès des célébrités musicales rencontrées, il revient en Martinique et décide de s'attaquer au marché européen après avoir composé plusieurs titres devenus célèbres comme "Ni Telman Lontan", "Dachin lan", "Missié Siwo" ou encore "Ki koulè Manmaw" pour ne citer que ceux là. Des titres, dont certains seront interprétés lors de son passage dans la salle mythique de l'Olympia en 1975. Génial compositeur, il sera récompensé par le prix de la chanson outre-mer à Paris en 1982 pour l'une de ses compositions "Concerto pour l'oiseau et la fleur" magistralement sublimée par Jocelyne Béroard.
Un pionnier du jazz caribéen ou de la biguine jazz
Sa virtuosité, son phrasé, ses mélodies et ses harmonies à la fois complexes et subtiles, son répertoire toujours actif ont fait de Marius Cultier un pionnier du jazz caribéen ou de la biguine jazz. Il a inspiré nombre de pianistes antillais au premier rang desquels se trouve Mario Canonge qui lui a consacré en 1994 un album hommage accompagné au chant par Ralph Thamar, autre héritier de l'univers musical du maestro martiniquais.
A l'occasion des 80 ans de sa naissance – il est né le 23 avril 1942 – un hommage musical lui sera rendu le 7 février prochain au Théâtre du Châtelet à l'initiative de Christophe Chassol, musicien et compositeur martiniquais, autre artiste talentueux faisant partie de la génération montante de la scène jazz. Un hommage musical mélangeant plusieurs générations de musiciens qui se sont inspirés du répertoire de Marius Cultier et de son immense héritage, venus de l'hexagone et des Antilles pour l'occasion.
Au programme : de nombreux arrangements de l'oeuvre du pianiste (orchestre, musique électronique, performances musicales, extraits de vidéos.....). Bref, un rendez-vous à ne pas manquer pour qui voudrait retrouver quelque peu les couleurs musicales de celui qui a marqué l'histoire de la musique antillaise et contribué à son rayonnement au niveau mondial.
E.B.
Hommage à Marius Cultier
Lundi 7 février - 20 heures
Théâtre du Châtelet
75001 Paris
