Expertise IEDOM- 20 ans de l'Euro : Qu'en est-il pour les économies ultramarines ?

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Expertise IEDOM- 20 ans de l'Euro : Qu'en est-il pour les économies ultramarines ?

Alors que la France assure en ce moment la présidence de l’Union européenne, retour sur un des marqueurs les plus importants de sa construction pour ses quelques 340 millions d’utilisateurs quotidiens et notamment ultramarins : l’euro.

 

L’idée d’une monnaie unique pour tous les pays européens est née dans les années 70. Elle avait pour objectifs de lutter contre l'instabilité monétaire, de mettre en place une monnaie puissante face au dollar et de renforcer la compétitivité européenne à l'international.
Le 1 er janvier 1999, l'euro est introduit comme monnaie légale dans les 11 premiers pays membres de la zone euro (rejoints en 2001 par la Grèce) mais jusqu'en 2001, il ne s’agit que d’une monnaie scripturale. Il faut attendre le 1 er janvier 2002 pour que les billets et pièces en euros soient émis dans les pays membres de la zone euro. L’euro a alors remplacé 75 coupures de billets de banque différentes, que les moins de 20 ans n’ont donc jamais connues !

Depuis, l’euro a su s’imposer comme la 2ème monnaie du monde en termes de billets en circulation, derrière le dollar et devant le yen et convaincre les européens puisque, d’après un sondage réalisé en 2021, 79% des citoyens de la zone euro sont favorables à l’euro.

Au-delà de la zone euro, le franc Pacifique qui circule en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française et dans les îles de Walis-et-Futuna dispose d’une parité fixe avec l’Euro (1€= 119,33 FCFP).

Quel est aujourd’hui le poids du cash dans nos économies ultramarines?

L’usage du cash est plus important dans les DOM que dans l’hexagone. Par exemple, si l’on rapporte la circulation fiduciaire à la population, chaque domien détendrait 2 à 5 fois plus d’espèces « en poche » qu’un habitant de l’Hexagone :

Outre un attachement « culturel » au cash, plusieurs facteurs peuvent expliquer la plus forte détention d’espèces dans les DOM et notamment la plus faible bancarisation de la population, un niveau plus élevé d’illettrisme et de précarité, un moindre développement du e-commerce ou encore l’économie informelle.
Il apparaît clairement que l’usage des billets aux fins de transactions courantes reste très fort dans les DOM. En témoigne le niveau élevé des retraits aux DAB : le montant moyen d’un retrait dans un DAB est presque 30 % plus élevé à La Réunion -et 60 % en Guyane- que dans l’hexagone.
Dans certains DOM, tels que la Guyane et Mayotte, la circulation fiduciaire est supérieure aux besoins des populations locales car une part significative est « exportée » vers les pays voisins : le Surinam et le Brésil pour la Guyane; les Comores pour Mayotte. L’euro y est en effet très prisé, pour sa stabilité notamment.

Est-ce que la crise sanitaire de la COVID a modifié nos comportements en matière d’utilisation du cash ?

Oui clairement. Avec le rehaussement du plafond de paiement « sans contact », la baisse d’activité dans les bars et restaurants, la raréfaction des touristes (et le développement, dans l’hexagone, des achats en ligne), la crise sanitaire a profondément modifié les habitudes de paiement des Européens, vers les paiements électroniques au détriment des espèces. Les prélèvements de billets aux guichets de la Banque de France ont ainsi chuté de 25% en 2020, et de 10% pour l’IEDOM.
Sur 2021, les prélèvements ont progressé par rapport à 2020 mais sans retrouver le niveau de 2019 ce qui semble marquer une évolution durable des comportements.

A quoi pourrait ressembler l’euro dans 10 ans ?

Des évolutions sont attendues dans les années à venir. Déjà le public peut constater un premier changement avec le nouveau graphisme de la face française de la pièce de 2 € mis en circulation en janvier 2022. Pour célébrer les 20 ans de l’euro, l’arbre de vie qui représente la face française de la pièce a été réinterprété avec modernité pour mieux figurer l’Union.

Ensuite, ce sont les billets qui devraient changer. La BCE projette de modifier le graphisme des billets en euros après consultation du public. La décision finale est attendue pour 2024.

Et puis le « vrai » changement pourrait aussi être l’apparition de l’euro numérique de banque centrale auquel la BCE travaille en étroite collaboration avec les banques centrales nationales de la zone euro, et particulièrement la Banque de France, très engagée sur ce projet.