Nouvelle-Calédonie : Des membres de l'ICAN en garde à vue suite aux manifestations de l'Usine du Sud

©Capture Caledonia

Nouvelle-Calédonie : Des membres de l'ICAN en garde à vue suite aux manifestations de l'Usine du Sud

Raphaël Mapou accompagné de six cadres du collectif « Usine du Sud = Usine Pays » et de l’Instance Coutumière Autochtone de Négociation (ICAN), ont été placés en garde à vue ce lundi 3 mai dans le cadre des premières auditions d'une enquête concernant les faits de violences qui ont émaillé le dossier de la vente de l'Usine de Vale NC. Les membres de l'ICAN ont fait connaître leur mécontentement et réfléchissent aux suites à donner.

Les chefs d'accusation sont importants voire graves : association de malfaiteurs, destructions et vols de bien en bande organisée, violence et complicités de violences en réunion, notamment sur personne dépositaire de l’autorité publique avec arme, mise en danger d’autrui par risque immédiat de mort ou d'infirmité par violation manifestement délibérée d’une obligation réglementaire de sécurité ou de prudence (en infractions découlant du classement du site SEVESO). Une longue liste de délits qui peuvent être punis de 10 ans d'emprisonnement.

Les sept personnes actuellement au poste de gendarmerie de Nouméa, dont Raphaël Mapou et André Vama, pourraient être maintenus en garde à vue pendant 96 heures. Le procureur de la République Yves Dupas, précise qu'il s'agit « de la phase visant à identifier les commanditaires des faits d’une gravité certaine qui ont été commis sur le site industriel de Vale à Prony, qu’il s’agisse du vol d’engins miniers, ou de la dégradation ou destruction par incendie de bâtiments ou de véhicules au préjudice de Vale comme des violences répétées sur les gendarmes mobiles, au moyen de pierres, arcs, arme à feu ou cocktails Molotov ainsi que des violences avec arme sur les personnels de Vale, en charge de la sécurisation du site ».

Remise en question de l'accord politique

Une décision qui a immédiatement suscité l'ire du Collectif et de l'ICAN, qui conteste la garde à vue. Le procureur a tenu à « souligner la détermination du parquet et des enquêteurs à établir l’organisation et la commission des exactions sur le site industriel. Par ailleurs, je rappelle qu’en Nouvelle-Calédonie comme sur l’ensemble du territoire national, la justice exerce ses missions en toute indépendance, et de manière impartiale conformément aux lois de la République et dans l’esprit de notre démocratie ».

Pour l'ICAN, il s'agit d'une volonté politique plus que juridique, explique Wassiki Kony, membre de l'ICAN au micro de Caledonia.nc : « On a signé un accord politique pour la reprise de l'Usine, et on ne comprend pas cet élan de la justice de vouloir à tout prix casser l'accord qu'on a signé avec les responsables politiques de la Nouvelle-Calédonie ». Un acte « d'acharnement juridique » qui pourrait remettre en question les accords et le pacte conclu avec les institutions. « On fera le point d'ici la fin de la semaine pour regarder la situation, parce qu'on ne va pas se laisser faire comme ça, par les intimidations de gens qui sont à l’extérieur de la Nouvelle-Calédonie ».

Lire aussi : Nouvelle-Calédonie : Un accord trouvé pour la reprise de l’usine de Vale, Tesla en partenaire technique

En parallèle, le loyaliste Harold Martin, ancien maire de Païta, était entendu la semaine dernière en audition libre dans le même dossier, pour son appel au « contre-barrage » dans cette commune du Grand Nouméa en décembre dernier, alors que les manifestations autour de la vente de l'usine de Vale étaient à leur paroxysme.

Damien Chaillot