Nouvelle-Calédonie : 12 actions clés pour lutter contre la précarité menstruelle par la Province Sud

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Nouvelle-Calédonie : 12 actions clés pour lutter contre la précarité menstruelle par la Province Sud

Plus de 50 participants étaient réunis le 4 octobre 2023 à l’initiative du centre provincial d’information – Droits des femmes et égalité (CIDFE) et de Gil Brial, le 2e vice-président de la province Sud, afin de mener plusieurs réflexions communes autour de cette problématique qui touche 1 femme sur 3 au cours de sa vie. Objectif, définir une dizaine d’actions concrètes et prioritaires que les directions provinciales pourront mettre en œuvre dès l’année 2024.

 

« Notre objectif, c’est de faire le point dès demain avec le centre provincial d’information – Droits des femmes et égalité (CIDFE) sur chacune de ces propositions, pour les inscrire dès maintenant au budget 2024 », engagement pris par Gil Brial, 2e vice-président de la province Sud, s’est ainsi engagé devant les 57 participants à s’emparer immédiatement de leurs propositions pour les inscrire à la feuille de route provinciale dès 2024, à l’issue de cette journée de réflexion et de co-construction.

Fondement de la réflexion, un premier état des lieux a été dressé. Partout, les publics les plus exposés à la précarité menstruelle sont ceux qui vivent déjà dans des conditions précaires, populations marginalisées, habitants des squats, familles monoparentales, jeunes et étudiants, ou encore personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté.
En Nouvelle-Calédonie, d’après un ensemble d’enquêtes réalisées en établissement scolaire et à l’université, 33 % des collégiennes ou lycéennes et 55 % des étudiantes ont déjà été confrontées à la précarité menstruelle.
« Les règles ne sont ni un choix, ni un luxe. C’est une réalité, une fois par mois, pendant 35 à 39 ans. Sur une vie, cela représente 1 million de francs de protections hygiéniques. Être en situation de précarité menstruelle, c’est éprouver des difficultés financières et/ou matérielles à disposer de suffisamment de protections périodiques pour se protéger correctement pendant ses règles », rappelle le CIDFE.
Les impacts sont importants, tels que des absences en cours ou au travail, des difficultés de concentration, isolement, renoncement à un autre produit de 1ère nécessité, ou encore port des protections plus longtemps que recommandé, résultant en un risque d’infection.
Un véritable facteur d’accentuation des écarts entre les populations, « entre les plus précaires et celles qui ont les moyens, entre les femmes et les hommes. Il est absolument indispensable de pouvoir apporter des solutions pour que les jeunes filles et les femmes puissent avoir accès normalement aux protections hygiéniques. Ce n’est pas qu’un problème de santé, ce sont de vraies problématiques de société », soulignait Gil Brial.

La rencontre a également permis de dresser un panorama des initiatives constatées dans le domaine, en Australie et dans le Pacifique par le Consulat d’Australie, mais aussi localement, en province Sud, par le CIDFE et ses partenaires.
En s’appuyant sur cet état des lieux, les participants ont ensuite pris part à 3 ateliers de réflexion sur l’éducation et la sensibilisation aux menstruations et à la précarité menstruelle, l’accès à l’hygiène menstruelle ainsi que le repérage et l’accompagnement des personnes en situation de précarité menstruelle.
En sont ressorties 12 propositions d’actions, restituées en fin de journée devant l’élue provinciale Nadine Jalabert, membre de la Commission de la condition féminine et l’ensemble des participants.
Parmi le lot d’idées intéressantes qui ont émergé de l’intelligence collective, on notera par exemple la création de programmes et d’outils pédagogiques pour les professionnels, l’explication des menstruations aux enfants, la rédaction d’une norme pour des sanitaires adaptés dans les bâtiments provinciaux, la mise à disposition de protections hygiéniques dans les établissements provinciaux, l’installation de modules sanitaires adaptés pour les femmes SDF, l’aménagement d’un espace de repos et d’information pour les collégiennes et lycéennes, la création d’une appli d’information et d’orientation ou encore l’introduction de la thématique en tribu. 


 

Damien CHAILLOT