SIA 2024 : Sylvie Le Maire, déléguée générale du Syndicat du Sucre de La Réunion : « Le sucre de La Réunion est une part très importante de la production de sucre de canne de l'Europe »

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SIA 2024 : Sylvie Le Maire, déléguée générale du Syndicat du Sucre de La Réunion : « Le sucre de La Réunion est une part très importante de la production de sucre de canne de l'Europe »

La 60ème édition du Salon International de l'Agriculture se poursuit. Du 24 février au 3 mars, tous les acteurs de l’agriculture ultramarine sont réunis, Porte de Versailles, pour présenter le meilleur de leurs productions locales aux visiteurs de l’Hexagone et d’ailleurs. Et parmi eux, il y a Sylvie Le Maire. Pour Outremers360, la déléguée générale du Syndicat du Sucre de La Réunion revient sur les enjeux de cette filière d’importance pour le territoire, mais aussi pour l’Europe.

 

 

Outremers360 : Pouvez-vous nous présenter le syndicat du Sucre de La Réunion ?

Sylvie Le Maire : Le syndicat représente l'industrie sucrière réunionnaise et plus globalement la filière « canne-sucre », la première filière agro-industrielle de La Réunion. C’est une importante filière avec un produit qui permet d'approvisionner le marché réunionnais, mais aussi de partir à l'export. C'est d’ailleurs la première filière export du territoire.

Outremers360 : Quelle est la particularité de ce sucre ?

Sylvie Le Maire :C'est un sucre de canne. Comme vous le savez, l'Europe continentale ne produit que du sucre de betterave. Le sucre de canne n'est produit que dans trois territoires, trois territoires français : La Réunion, la Guadeloupe et la Martinique. La Réunion, que l'on a appelée l’île à sucre, exporte près de 90 % de ses volumes vers l'Europe. Donc c'est une part très importante de la production de sucre de canne de l'Europe. Nous fabriquons des sucres naturellement Roux. Ce sont des sucres de qualité alimentaire qui vont pouvoir être vendus aux consommateurs ou à des industriels agroalimentaires. Ces sucres, on les appelle « sucres de spécialité » puisqu'ils sont différents des sucres blancs que l'on connaît en Europe continentale. Nous avons tout une gamme de sucre : du sucre blond au sucre roux ou roux intense… Nous avons un cahier de charges très précis à respecter en fonction de ce que veulent les clients.

Outremers360 : Quelles sont les quantités en termes de tonnage ?

Sylvie Le Maire : Aujourd'hui, nous produisons de l'ordre de 80 000 tonnes de sucre de canne. Ce sucre produit va certes alimenter le marché local, mais ce marché ne représente que 870 000 habitants, à peu près.

Outremers360 : Combien il y a-t-il de planteurs au sein de ce syndicat ?

Sylvie Le Maire : La filière « canne-sucre » à La Réunion, c'est une filière très importante. Nous avons 2500 exploitations cannières. Pratiquement 40% des exploitations de l'île ont comme culture pivot la canne à sucre. Grâce à nos sucres de spécialité, du blond clair au roux foncé, nous approvisionnons 15 pays en Europe et nous sommes quasiment leaders sur ce marché.

Outremers360 : Et le sucre réunionnais, une fois exporté, on le retrouve dans quels types de produits ?

Sylvie Le Maire : Quand vous vous avez des produits au sucre roux de canne, généralement, c'est le sucre de La Réunion. Dans les confitures « Bonne Maman », par exemple. Comme nous nous sommes grossistes, ce sucre va être commercialisé par les distributeurs que vous connaissez. La difficulté, c'est qu'aujourd'hui, ils ne s'approvisionnent pas qu’en Europe. Du coup, ils ne mettent pas toujours l'origine. Nos concurrents sont la Colombie, le Costa Rica, le Belize...

Outremers360 : Face à la concurrence mondiale, comment vous vous organisez? 

Sylvie Le Maire : Nous avons deux stratégies. La première chose, c’était de dire à la Commission européenne : stop ! Ce n’est plus possible ! On a trop de concurrence étrangère ! Il y a 79 États qui rentrent en Europe sans droit de douane, sans taxe, sur le sucre. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que le marché des sucres de spécialités tel que nous produisons, c'est un tout petit marché : 250 000 tonnes, 1,5 % du marché européen. Aujourd'hui, pratiquement, 70 % des sucres vendus sur ce marché proviennent de l'extérieur de l'Union européenne. Nous avons demandé, lorsque des accords sont signés, à ne pas autoriser la suppression des droits de douane. Là-dessus, nous sommes entendus, mais nous demandons à la Commission d'aller plus loin. Notre deuxième travail, c’est de développer la segmentation, la montée en gamme et les labels de nos produits.

Outremers360 : Cela fait partie de vos prochains chantiers prioritaires ?

Sylvie Le Maire : Oui ! Nous avons beaucoup de chantiers parce que cette filière est importante. Nous n’en avons pas beaucoup parlé, mais au-delà du sucre, on produit de l'énergie, on produit du rhum... À partir de la canne à sucre, le territoire produit tous ces éléments. Nous avons aujourd’hui des enjeux majeurs : sur le plan du développement, mais aussi sur des questions agro-environnementales. La canne à sucre a un rôle essentiel : pour la préservation des sols, pour le maintien de la terre, pour sa culture elle-même. Et puis, il y a aussi ces enjeux sur le plan commercial : conserver nos débouchés en Europe.