Vie chère : Une proposition de création d'une commission d'enquête pour étudier « les mécanismes de fond» du coût de la vie en Outre-mer

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Vie chère : Une proposition de création d'une commission d'enquête pour étudier « les mécanismes de fond» du coût de la vie en Outre-mer

Le 1er février, la Commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité une proposition de résolution de la création d'une commission d'enquête sur le coût de la vie dans les Outre-mer portée par le député martiniquais (Groupe Socialiste) Johnny Hajjar. Pour le parlementaire, il s'agit d'une première bataille gagnée pour une meilleure prise en compte des conditions de vie des Ultramarins. 

 

«Aujourd'hui, nous avons un regard sur la vie chère sur l'angle segmenté du prix. Mais la vie chère est résultante de quatre phénomènes qui forment un cocktail explosif sur le coût de la vie en Outre-mer», explique le député de la Martinique Johnny Hajjar. Il s'agit de la conjonction de 4 déterminants à la fois structurels et conjoncturels: des niveaux de vie et de revenus significativement moins élevés qu'en Hexagone; des prix effectivement et fortement plus élevés qu'en Hexagone ; un sous-financement des collectivités territoriales; un traitement de l'État injuste et inéquitable vis-à-vis de ces territoires. Un ensemble de facteurs, selon Johnny Hajjar, qui nécessite «d'avoir une vision globale sur la conjonction de ces déterminants qui fait que l'usager, le consommateur ultramarin est pris à la gorge».

Cette commission d'enquête a pour objectif de faire la lumière sur ces déterminants, parfois jugés opaques. «La commission d'enquête est l'outil le plus puissant institutionnellement car il a des pouvoirs exorbitants qui permettent d'auditionner d'avoir de la transparence, des garanties de fiabilité sur les résultats». Johnny Hajjar cite pour exemple l'accumulation importante de marges des acteurs de la distribution en Outre-mer. « On sait qu'il y a beaucoup trop d'intermédiaires. Quand il y a 3 intermédiaires en France, on compte près de 14 intermédiaires  dans nos territoires, chacun faisant sa marge. Il faut étudier de manière transparente la question des oligopoles, monopoles qui sont constitués et consolidés.»

Le député martiniquais espère un changement de paradigme sur la vision de l'Etat sur les Outre-mer.  «Il faut ce regard particulier et détaillé, il faut proposer des solutions concrètes.Cet étage que représente la commission d'enquête sera essentiel pour pouvoir se projeter vers des politiques de développement de nos territoires. Cela nous permettra d'avoir un travail de fond pour voir comment on règle définitivement les inégalités ou les réduire de manière durable».

Un avis que partage son collègue de l'Assemblée, le député guadeloupéen Elie Califer. « C'est véritablement une opération de vérité. Il est grand temps pour nos territoires de prendre le chemin d'un vrai Plan marshall, d'un vrai champ de développement Actuellement, nos territoires  sont en colère, il y a des crises sociales à répétition, ils ne peuvent pas se développer ainsi». Il ajoute que cette commission va permettre « d'actualiser des éléments pour que l'Etat regarde autrement des Outre-mer»

Cette proposition de résolution sera examinée dans l'hémicycle le 9 février prochain par l'ensemble des députés pour être effective.«Je suis déterminée aujourd'hui car la commission d'enquête n'est qu'une première étape. On va aller beaucoup plus loin, nous avons une vision très claire de ce que nous voulons pour les Outre-mer, de facon que l'on puisse avoir une espérance réelle, concrète et opérationnelle dans l'amélioration de nos conditions de vie et de la question du progrès au sens humain et collectif»