Emmanuel Macron boucle sa visite au Brésil par une étape plus politique, entre traité UE-Mercosur et guerre en Ukraine

Emmanuel Macron boucle sa visite au Brésil par une étape plus politique, entre traité UE-Mercosur et guerre en Ukraine

Le président français Emmanuel Macron achève jeudi une visite d'État de trois jours au Brésil sur un volet plus politique, avec en ligne de mire les désaccords avec son homologue Luiz Inacio Lula da Silva sur l'Ukraine et l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur.

Déjà mercredi, le chef de l'État a enfoncé le clou sur un autre sujet qui fâche en proclamant, devant des entrepreneurs brésiliens, que l'accord commercial entre l'Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie) devait être enterré.

L'accord UE-Mercosur « tel qu'il est aujourd'hui négocié est un très mauvais accord, pour vous et pour nous », a affirmé Emmanuel Macron à Sao Paulo (sud-est), la capitale économique. « Bâtissons un nouvel accord (...) qui soit responsable d'un point de vue de développement, de climat et de biodiversité », a-t-il défendu alors que le Brésil, poids lourd du Mercosur, souhaite la conclusion de ce traité, tout comme certains partenaires européens clés comme l'Allemagne et l'Espagne.

Le projet de traité, dont les discussions ont commencé en 1999, entend supprimer la majorité des droits de douane entre les deux zones en créant un espace de plus de 700 millions de consommateurs. Après un accord politique en 2019, plusieurs pays dont la France ont bloqué son adoption, une opposition qui s'est renforcée avec la crise agricole en Europe. « Nous devrions exploiter au maximum les opportunités en vue d'échanges plus importants entre l'Union européenne et le Mercosur. Nous avons encore du temps », a répondu le ministre brésilien de l'Économie Fernando Haddad mercredi à Sao Paulo.

« Fermeté »

Avant de « mettre les pieds dans le plat » sur l'accord UE-Mercosur, Emmanuel Macron avait célébré avec son homologue brésilien la « force » du partenariat bilatéral en assistant au baptême du troisième sous-marin brésilien de conception française sur le chantier naval d'Itaguai, près de Rio. Cela « va permettre que deux pays importants, chacun dans un continent, se préparent pour que l'on puisse faire face à l'adversité », a lancé Lula.

Évoquant « une même vision du monde », Emmanuel Macron a jugé qu' « il nous faut parfois savoir tenir le langage de la fermeté pour protéger la paix ». Le président Macron a aussi souligné que la France continuerait à être « aux côtés » du Brésil alors qu'il compte réaliser son premier sous-marin nucléaire d'attaque. Mais le projet accumule les retards. L'accord conclu entre les deux pays en 2008 prévoyait la fabrication de quatre sous-marins à propulsion classique via des transferts de technologie français.

A partir du cinquième, celui-ci à propulsion nucléaire, la France va assister le Brésil dans la conception de son submersible, à l'exception de la chaufferie nucléaire, vecteur de souveraineté par excellence qui relèvera de la compétence exclusive de Brasilia. « Si le Brésil veut avoir accès aux connaissances de la technologie nucléaire, ce n'est pas pour faire la guerre » mais pour soutenir les pays « qui veulent la paix », a assuré Lula.

Sud global

Pour le dernier jour de sa visite jeudi, le président français sera accueilli dans la capitale Brasilia par Lula pour des échanges dominés par les grands enjeux internationaux. Emmanuel Macron devrait rappeler toute la place que le G20, présidé cette année par le Brésil, doit selon lui continuer à accorder à la guerre en Ukraine. Lula, qui se pose en champion du « Sud global », martèle pour sa part que les responsabilités sont partagées en Ukraine et refuse de prendre parti contre la Russie. 

Il faut « savoir défendre avec crédibilité l'ordre international auquel nous croyons », a jugé le président français sur le site du chantier naval, sans toutefois citer l'Ukraine. Le président brésilien persiste aussi à accuser Israël de « génocide » envers les Palestiniens à Gaza, tout comme l'Afrique du Sud. La France n'est pas sur cette ligne parce que cela ne correspond pas à la « vérité sur le terrain », a réitéré dernièrement Emmanuel Macron.

Avec AFP